dimanche 13 janvier 2013

Du temps de cerveau pour ... Aaron Swartz

Mais qui est donc Aaron Swartz ? Qui était-il plutôt, car il vient de se suicider hier. Il avait 26 ans.

Informaticien brillant, il avait participé à plusieurs innovations que tout le monde utilise aujourd'hui même sans le savoir, comme RSS lorsqu'il avait... 14 ans, qui est l'équivalent pour l'Internet moderne de la prose pour M. Jourdain, ou Reddit dont il fut l'un des fondateurs. Il avait écrit des phrases célèbres, que vous avez peut-être lues :

  • «L'information, c'est le pouvoir. Mais comme tous les pouvoirs, certains veulent la conserver pour eux-mêmes»
  • «Le patrimoine scientifique et culturel de l'humanité tout entière publié au cours des siècles dans des livres et des journaux est de plus en plus numérisé et mis sous clef par une poignée d'entreprises privées: le partage (de fichiers) n'est pas immoral, c'est au contraire un impératif moral»
  • «Seuls ceux qu'aveugle l'appât du gain refuseraient de laisser un ami copier un fichier»
Il avait surtout déclenché les passions en mettant en libre accès des millions d'articles scientifiques tirés d'une des plus grandes bases de données scientifiques au monde, JSTOR, grâce à des portes dérobées au MIT, au profit de tous (les scientifiques). Ce combat d'activiste lui avait valu des poursuites aux USA et un procès à venir bientôt. Il a symbolisé le combat pour les données en libre accès, notamment les données scientifiques, car la science, c'est le partage. On peut noter que JSTOR, quelques jours avant sa mort, venait de rendre gratuit l'accès à quelques autres millions d'articles scientifiques... Pas de commentaire.

 

Les combats autour de la propriété des données, des grands journaux et des grandes bases de données durent depuis longtemps. Ils ne sont pas près de s'arrêter. Le libre accès n'est pas facile à atteindre.

Mais finalement pourquoi parler de tels sujets ?

Le libre accès et le partage touchent différemment les gens.

- si vous êtes un simple surfeur, consommateur de contenus produits par d'autres, vous cherchez des contenus soit gratuits soient payants mais disposant de qualités justifiant leur prix. Vous pouvez aussi choisir de pirater ou voler ces contenus, si vous savez et voulez le faire. Ce qui vous intéresse alors c'est le contenu, le zapping de contenus, pas les gens derrière.

- si vous êtes un producteur de contenus, un auteur direct, vous cherchez à avoir des lecteurs, à diffuser vos contenus le plus possible, et à en tirer des revenus ou pas, suivant vos choix. Choisir un modèle payant, pour vous, est un choix respectable. Pareil pour un modèle gratuit. Rien de pire par contre qu'un contenu payant pour les lecteurs dont l'auteur ne retire rien ou presque.

- si vous êtes un intermédiaire, un éditeur, un média, une agence de publicité ou une compagnie qui fait du commerce de contenus et de droits, vous avez plusieurs choix. Ceux qui ont fait le choix du libre accès peuvent aussi gagner leur vie, via la pub ou autrement, grâce à des services complémentaires à forte valeur ajoutée. Ceux qui ont fait le choix du payant ne gagnent pas forcément bien leur vie, s'ils ne savent pas bien fixer leurs prix en fonction de leurs clients. Les éditeurs scientifiques ont choisi de fixer des prix de plus en plus hauts, pour un marché de plus en plus réduit, ou les auteurs ne sont pas rémunérés et doivent même payer pour être publiés dans certains cas.

- si vous êtes un scientifique, vous avez besoin des contenus : les trouver, les lire, les commenter, en produire d'autres et ainsi de suite. Si vous êtes dans une institution riche et que vous êtes anglophone, pas de problème. Si vous êtes ailleurs, par exemple dans un pays plus pauvre (même en France) ou francophone, vous êtes mal barré.

- si vous êtes un informaticien compétent et militant des libertés, sans être un pirate ou un terroriste, vous ne pouvez pas ne pas vous poser ces questions, et choisir votre camp. Il y a des millions d'informaticiens dans le monde. C'est l'un des métiers les plus en vogue. Il y en a de toutes sortes, militants ou pas, arnaqueurs ou pas, bons petits soldats ou pas.

Parmi les bons informaticiens bons, il y en a un de moins depuis hier.

 

 

 

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