samedi 2 mars 2013

Séquestration d'Obama

Depuis le 1er mars, les USA sont officiellement en crise. Et avec eux le reste du monde.

Très belle infographie pédagogique sur le Huff Post. Le mur budgétaire est là et les USA ont foncé dedans à pleine vitesse. Automatiquement, et malgré les panneaux de signalisation et les avertisseurs, les coupes budgétaires se mettent en place. Concrètement, le déficit étant devenu illégal, des coupes vont progressivement toucher tous les secteurs de l'activité, en commençant par l'armée et les fonctionnaires.
Un bon article en anglais sur le déroulé à venir, ici sur CNN et une belle vidéo ici.

La réactivité du travail est très forte dans ce pays, on recrute et on vire les gens avec un préavis d'une ou deux semaines, même pour les fonctionnaires fédéraux ou leurs outils. Les libéraux crient au bonheur et à la souplesse. Les autres crient à la dangerosité d'effets de dominos sur toute l'économie américaine et sur les autres, car les USA restent le pays le plus puissant, le plus déficitaire et donc le plus influenceur du monde.

Le mécanisme qui vient de se déclencher ne peut être remis en question qu'en cas d'accord entre la carpe et le lapin, entre le Congrès républicain et le Président démocrate Obama. Aujourd'hui, cela semble invraisemblable. Les positions sont trop écartées. D'ici à quelques semaines, lorsque les effets seront visibles et qu'ils ne seront plus limités aux personnes directement touchées par ces mises à pied et chômages techniques, la situation pourrait être différente. Mais dans ce genre de jeu de cons, c'est le premier qui arrête qui est le moins con.

A titre d'exemple, tous les médias y vont de leur scénario catastrophe : quand arriveront les premiers problèmes, et où ?

On parle du secteur aérien en Europe car les contrôleurs aériens vont être réduits, les aéroports ralentis, et comme de plus les fonctionnaire de l'immigration seront moins nombreux, il faudra prévoir plus longtemps pour embarquer, débarquer, tourner en rond et en files.

On parle du budget de la Défense, mais sans en mesurer les conséquences. C'est le plus gros secteur du pays, qui fait travailler directement et indirectement des millions d'américains et plein de sociétés qui seront, au moins, plus prudents. Les agences de renseignement et de sécurité sont touchées. En fait tout ce qui est fédéral, et la défense est l'un des principaux domaines du fédéral. Une anecdote : savez-vous que certains soldats, même ceux affectés à des pays en guerre, doivent s'acheter eux-même déjà certains équipements nécessaires à leur sécurité ? L'Etat leur paye de quoi tuer les autres, mais c'est à eux de se protéger en partie. Sympa, non ?

On parle d'une coupure drastique dans tout ce qui est l'aide aux plus démunis, notamment les personnes âgées pauvres. L'Union européenne a fait pareil il y a quelques semaines, et certains pays comme la France ont dû annoncer qu'ils contrebalançaient ces coupes "européennes". Aux USA, si ces budgets sont coupés, certains Etats plus durement touchés vont être dans la mouise.

Tout ça est logique, me direz-vous, au pays du capitalisme libéral flamboyant. Tout le monde y trouve des avantages sauf quand il y a des problèmes. Ca ne vous rappelle rien ? Finalement c'est peut-être les marchands d'armes qui vont sauver les USA. Si les commandes de l'Etat diminuent ou sont annulées, c'est mauvais pour le busines et les républicains changeront peut-être d'avis. Le Tea Party, et ses tendances fortes vers une radicalisation de la vie politique est composé plutôt de gens aisés ou riches. Ils se battent comme des chiens pour éviter qu'Obama augmente les impôts des riches (c'est à dire d'eux) et sont prêts pour cela à condamner à un destin aléatoire les pauvres, les vieux, les militaires et les instituteurs aussi, ne les oublions pas.

Ce séquestre, qui devient une séquestration d'Obama, puis une prise d'otages du peuple américain, peut s'étendre à vous ou moi facilement. Un demi point de croissance en moins pour les USA, c'est une généralisation de la crise internationale, une augmentation des taux d'intérêt partout et une baisse du commerce international.

Donc :
- Soit c'est une péripétie comme d'autres et il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Pour les très très optimistes.
- Soit c'est une crise salutaire qui va aider à nettaoyer le monde, l'Etat fédéral américain et dont tout le monde sortira grandi. Pour les très très très optimistes riches et capables de bâtir des fortunes sur des ruines.
- Soit c'est grave, docteur. Pour les autres.

En tous cas, pour le moment, à ne pas prendre à la légère. En Europe, les pays fortement exportateurs vont souffrir, le Royaume-Uni et l'Allemagne en premier. Ca nous promet de beaux jours. Heureusement en France nous avons 3 avantages :
- Nous avons François et une stratégie claire pour l'avenir, parfaitement bien expliquée à tous ;)
- Nous sommes un pays démocratique et modèle, un phare du monde en temps de brume ;)
- Nous parlons peu anglais et donc ne nous intéressons pas à ces broutilles transatlantiques ;)

J'en veux pour preuve l'étrange volonté de Laurence Parisot de se maintenir au pouvoir au MEDEF pour une troisième mandat. Il faudrait juste changer les statuts, une broutille, et se faire élire. Comme dans toute bonne dictature, qu'on disait africaine, où les règles sont faites pour être changées au gré des hommes et femmes de pouvoir. Ah, Zut, on parle de la France, là. Je suis confus.




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