jeudi 13 juin 2013

Un jour de novembre peut en cacher un autre



Temps pourri à Paris aujourd'hui. Parfait pour un mois de novembre, mais pas pour juin.
En plus, une bonne grève SNCF (donc RER aussi) pour mettre de l'ambiance. Fermez les yeux et vous vous croiriez en novembre pour une ballade avec parapluie et bottes. Pour les vieux il y avait cette chanson d'Anne Vanderlove...

La SNCF est en grève donc : il parait que le taux de grévistes est à 33% claironne la SNCF... Oui mais, le même taux chez les roulants (conducteurs et contrôleurs) est à 70%. Peu de trains donc. Car un train pour rouler doit avoir au moins un conducteur et deux contrôleurs.

Il s'agit d'une grève préventive et pour se mettre en roues avant l'automne déjà annoncée comme socialement chargée. Le gouvernement prépare un projet de réforme du secteur ferroviaire. Tout le monde est d'accord sur la nécessité d'une réforme. Mais laquelle ? Il y a des soupçons contre une réforme d'inspiration libérale européenne pour accélérer la mise en concurrence du rail. Il y a aussi des soupçons pour des économies inavouées réalisées par le gouvernement dans un secteur où le déficit est abyssal et annoncé à plus de 32 milliards de dettes. Il y a enfin l'inquiétude des syndicats alors que cette réforme structurelle risque d'entrer en collision avec la réforme des retraites qui touchera de plus larges catégories : les fonctionnaires, mais aussi les cheminots statutaires qui bénéficient d'avantages importants.

Sur le plan structurel, lorsqu'un autre gouvernement avait décidé de séparer la SNCF et RFF, la logique était de séparer l'exploitation des trains (SNCF) des infrastructures pour les faire rouler (RFF). Ca permettait surtout de séparer le déficit lié aux retraites des personnels SNCF et le déficit lié aux investissements pour les grosses infrastructures, notamment le tout TGV. Mais une partie des infrastructures et de leur gestion restait à la SNCF. On en revient donc à un remélange de ces deux entités grâce à un chapeau commun, un holding et une redistribution en-dessous : d'un côté la SNCF historique qui roule (réduite), et de l'autre les infrastructures et l'organisation (renforcées). La question qui se pose est donc celle de l'investissement public, du rôle de l'Etat, des statuts des personnels et des missions de service public. Vaste question en préambule à une ouverture totale à la concurrence en 2019.

Ce sont des questions politiques évidemment, mais aussi très opérationnelles. Quand un train circule, il a été prévu longtemps à l'avance et il a fallu réserver pour lui des "sillons", sortes de segments d'espace-temps qui assurent que le train roule en sécurité dans une certaine fourchette de vitesse et qu'il peut continuer à rouler sans s'arrêter (trop). Mine de rien, la gestion des sillons est l'un des secteurs clés et stratégiques du secteur ferroviaire et celui qui les contrôle (horaires, disponibilités, tarifs) contrôle le secteur (un peu comme les contrôleurs aériens). La répartition de ces responsabilités sera plus facile si tout dépend d'un seul opérateur. Le fait d'affecter ça à une nouvelle entité partagée avec les infrastructures, loin des roulants et du commercial, permet de préparer la mise en concurrence.

L'Etat continuera à contrôler les infrastructure et toute leur exploitation (avec sillons) d'une part, ainsi que l'opérateur public qui fait rouler des trains. Il ne contrôlera pas les autres opérateurs privés (ou publics d'autres pays, comme les Allemands évidemment qui s'en pourlèchent déjà les babines). Donc cette grève est avant tout pour peser sur les futures concertations (méthode brevetée François).

Sinon, dans la série des joyeusetés, la SNCF perd régulièrement des wagons et a dû lancer un concours pour les retrouver (si, si, c'est pas gros un wagon...). Il y a des sites de fanas partout, dont celui-ci avec un jargon cheminot... Pour comprendre la SNCF, il faut savoir qu'un agent administratif se dit "cul de plomb" en jargon cheminot ! ET enfin une petite blague pour la route les rails :


Quelle est la différence entre un train et une gare?
- Le train se rend de gare en gare...
- La gare demeure et ne se rend pas ! (De Cambronne; qui a dit un autre mot célèbre)


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