vendredi 16 août 2013

Egypte réelle

la situation en Egypte évolue d'heure en heure, surtout un vendredi jour de toutes manifestations habituelles, monstres ou pas, violentes ou pas, colériques ou pas.

Les médias et les diplomates sont dans une situation paradoxale. Globalement ils ont soutenu le coup d'Etat militaire qui a amené la fin du gouvernement sorti des urnes et la mise à l'ombre de Morsi. C'est difficile pour un média issu de pays démocratique et pour un diplomate itou de soutenir des coups d'Etat. C'est le cas quand il y a ce fameux consensus international qui les y pousse à coups de lobbies.

Maintenant que le contrecoup se fait sentir et que les islamistes, conduits par les frères musulmans, protestent ouvertement, la situation devient de plus en plus tendue pour les pourfendeurs des violations aux droits de l'Homme et au droit international. Pourtant les islamistes représentent une bonne partie de la population égyptienne, comme les anti-Morsi qui ont amené au coup d'Etat. Si, en ce vendredi de la colère, on entend dans la rue les cris de "A bas le régime militaire", que faut-il penser ? Que les islamistes ont raison de pousser cet avantage, car qui peut être contre ce mot d'ordre ? Que les jeunes du printemps égyptiens ont tort d'avoir crié de joie au renversement d'un régime pour accepter un autre, militaire même transitoire ? Que les militaires s'embourbent et cherchent à continuer à contrôler le pays qu'ils contrôlent depuis des lustres ? Que le conflit historique est suffisamment mûr dans un contexte international pourri pour qu'il devienne ouvert, une sorte de guerre civile comme au Liban il y a quelques lustres... ?

Obama est gêné. Il ne parle plus de démocratie en Egypte mais de respects de droits, comme si un régime militaire allié était meilleur qu'un régime islamiste dans ce pays stratégique. Les européens sont divisés, comme toujours dans la région, les français et les anglais jouant des cartes opposées, et les allemands s'étant invités dans cette crise, malgré la proximité d'élections prochaines, ultra importantes pour Angela, et malgré les dangers de contagion en Turquie, puissance très proche de l'Allemagne.

Les médias parlent tous de Pro-Morsi et d'Anti-Morsi, faute de parler d'islamistes et du printemps égyptien mal structuré. C'est une de ces litotes qu'affectionnent les journalistes quand ils ne veulent pas parler de l'évident. Le poids du mort n'est pas le même dans la plume de tous les médias, même s'ils ne peuvent pas l'écrire tel quel. Mais si pourtant ! Un mort est un mort.

L'Egypte et son peuple sont la terre et le sable dont les force en puissance font leurs pâtés. Ceci est le monde réel, sans coup de baguette magique ou bâton de prophète pour refermer les plaies d'Egypte.


Et une petite caricature de Pinter pour finir...



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