mercredi 11 septembre 2013

De la distance entre les grands discours et qui va payer la note

Nimby, disent les américains, pour "not in my back yard", pas chez moi.
"Pas moi", disent les français en général

Les décideurs font souvent de grands et belles déclarations mais sont nettement moins présents lorsqu'il s'agit de payer l'addition ou de choisir qui va payer. Un décideur préfère dire oui sans s'occuper de ces détails triviaux d'intendance, ou non, ce qui revient souvent au même, car un non pour l'un signifie souvent un oui pour un autre.

Quelques illustrations en ce moment, alors que nous sommes en animation suspendue sur la Syrie, les élections allemandes et les annonces budgétaires pour 2014 en France.

On commencera par cet hilarante comedia dell'arte à l'UMP : Sarkozy a envoyé une belle lettre fleurie à tous les donateurs du Sarkothon, contenant plein de mercis pour lui avoir sorti une épine du pied. Selon RTL, l'envoi de cette lettre aurait coûté 80 000 euros quand même... et l'UMP ne veut pas payer, car ses finances sont toujours ric-rac et le seront encore quelque temps (le parti Copé-ye rien) ! Comme Sarkozy lui-même ne payera pas non plus, évidemment, il semblerait donc que cela soit l'association des amis de NS qui doive le faire. On comprend mieux pourquoi moins de gens s'y pressaient lors de leur messe annuelle. C'est génial, non ? 80 000 euros ce n'est pas rien. Cela ne suffit pas pour faire le site internet de Carla mais quand même c'est une belle somme pour en faire au moins une dizaine d'autres de gens et d'organisations normales. Je propose qu'une nouvelle souscription soit ouverte pour financer l'envoi de la lettre, ce qui permettra d'envoyer une autre lettre de remerciements aux nouveaux souscripteurs, lettre qu'il faudra évidemment financer par une autre souscription...

Sur la Syrie, si la solution diplomatique s'avérait possible, avec destruction des armes chimiques syriennes, et au-delà des délais et autres lignes en petits caractères écrites dans les résolutions de l'ONU, cela va coûter très cher, car détruire ce qui est estimé à 1000 tonnes de produits chimiques militaires est une sacrée affaire. Ca va coûter bonbon et cette question peut facilement occuper la communauté internationale quelques années. Envoyer des bombes, au contraire, ça coûte cher mais ça fait marcher l'industrie de l'armement et ça crée donc des emplois.

Pour les retraites en France, le débat qui se prépare tourne autour de la notion de "caisse commune", dans laquelle chacun paye un peu et retire proportionnellement à ce qu'il a mis, avec des mécanismes d'équilibrage et de solidarité entre bas et hauts revenus et surtout entre générations, les jeunes et les actifs payant pour les vieux. C'est un système qui a fait ses pruves en France, et qui n'est pas utilisé dans beaucoup d'autres pays. Tout changement à cette caisse introduit nécessairement des gagnants et des perdants. Evidemment, si tout le monde paye plus, on pourrait avoir le sentiment qu'il n'y a que des perdants, alors qu'il y a reconduction des gagnants actuels. Une règle générale s'impose en tous cas pour ce type de réforme : les politiques choisissent toujours des échéances lointaines (c'est-à-dire après le moment où eux-mêmes seront à la retraite). Le problème devient plus délicat à gérer lorsque la classe politique rajeunit, car cela repousse d'autant les échéances. La solution est donc simple : n'élire que des vieux, à moins d'un an de la retraite, pour que les réformes passent.

Et puis enfin, le micro-débat sur le logement et la répartition des responsabilités entre propriétaires et locataires commence à prendre son envol au Parlement. Qui doit payer pour améliorer la situation ? Pas moi, répondent évidemment les uns et les autres. Le résultat voté nous montrera à quel endroit se sera arrêté le curseur. On a hâte de le savoir !


... ah oui, c'est aujourd'hui que le gouvernement annonce les économies pour le budget 2014... et que les ministères connaissent les arbitrages... pas moi, pas moi...

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