jeudi 31 octobre 2013

Polytechniqué en deux mois

Le vote du budget se poursuit au Parlement avec des amendements intéressants, même s'ils sont très parcellaires. Retenons en un.


Un amendement PS a été voté hier pour réduire de 500 000 euros (de plus) la subvention à Polytech. Polytech ? C'est le petit nom moderne de Polytechnique ou de l'X, le repaire de futurs pantouflards qui n'achètent même pas leurs pantoufles. Késaco ? Tout élève arrivant dans cette prestigieuse école (une des seules écoles françaises à être classée dans les classements universitaires mondiaux avec l'Ecole Normale supérieure) est payé pendant ses études, après des classes prépas éprouvantes et un dur concours. Les meilleurs en général intègrent ensuite ce qu'on appelle les grands corps de l'Etat (d'où le mot corporatisme) et une bonne proportion part dans le privé ensuite. Toutes sortes de filières privées, dont la pure finance. Normalement, ils doivent alors rembourser la "pantoufle" qui couvre leurs frais de scolarité et qui peut atteindre 45 000 euros, payés à ce moment en fait en général par leur futur employeur. Les autres restent dans l'administration (pour dix ans au moins) ou n'intégrant pas les grands corps, partent dans le privé sans rien rembourser.

Même la Cour des Comptes avait demandé plusieurs fois à l'X de réformer cette partie de ses privilèges, mais la réforme a tardé et certains députés droits dans leurs bottes se sont énervés. L'amendement en question a été voté, à la surprise des technocrates et malgré un lobbying intense des anciens, notamment ceux passés en politique. Il n'y a pourtant pas péril en la demeure. 500 000 euros de moins pour cette école (militaire rappelons-le) c'est moins de 1% de son budget public et cette somme sera réaffectée au sein du Ministère de la Défense pour des appuis à des militaires en déshérence. On est en fait dans l'ordre du symbolique, en s'attaquant à la source principale des grands corps de l'Etat dévoyés dans le privé sans contrepartie ou presque. Le modèle de Harvard n'est pas près de s'appliquer dans ce cas. Il suffirait pourtant de faire payer quelques dizaines d'euros à quelques anciens élèves pour éponger la baisse des crédits.

Par ailleurs la loi de simplification de l'administration a été votée dans un consensus aussi étonnant. La mesure la plus intéressante est celle qui donne deux mois à l'administration pour répondre, délai au-delà duquel sa réponse sera réputée favorable au demandeur... sauf exceptions fixées par décret. C'est une petite révolution dans le monde des autorisations administratives. Mettez-vous à la place des pauvres polytechniciens restés dans l'administration et qui vont devoir travailler plus vite, avec des moyens de l'Etat en baisse mais des délais plus serrés. Vivement que les dix ans soient passés et qu'ils puissent partir pantoufler dans le privé !



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