jeudi 6 février 2014

La France, sa vision stratégique du numérique et sa justice moderne

Alors qu'une exposition à Paris est consacrée aux objets surréalistes, une autre sorte d'ovni juridique vient de tomber du ciel bleu et nuageux de Magritte : Merci de lire ce lien avant de poursuivre.

La France croit au numérique, même au très haut débit et a plein de plans pour ça, même si elle n'en a pas les moyens.
La France croit aux MOOCs, ces cours massifs en ligne, ouverts à tous, concept dont la traduction française n'est pas stabilisée. Certains linguistes incompétents parlent de CLOMs (courts en ligne ouverts et massifs, du beau français n'est-ce pas ?). Heureusement j'ai entendu un spécialiste parler plutôt de FLOTs, les formations en ligne ouvertes à tous, ce qui est beaucoup plus joli ! Mais le ministère français de l'enseignement supérieur y croit et a lancé une initiative... le FUN sur ce sujet... Vive la langue française, mais je m'égare.
La France veut sanctionner Google (ne pas prononcer Gogleu, voir l'article cité plus haut) en le taxant d'un petit milliard d'euros pour évasion fiscale mais veut développer les emplois dans le numérique.

Tout cela est bel et bon. La décision surréaliste de la justice, rendue hier, montre qu'il y a encore beaucoup d'efforts à faire pour expliquer aux magistrats ce qu'est le monde du numérique. Pour résumer, un blagueur, journaliste par ailleurs, avait trouvé sur l'Internet libre et public, grâce à Google, des documents d'une agence publique. Ces documents n'auraient pas dû se trouver là, et c'est une erreur de cette agence, qu'elle a reconnue d'ailleurs. Ce bloquer a blogué (incroyable non ?) et a été repéré. Il a donc été condamné en appel comme un cybercriminel standard. La méconnaissance de l'Internet par la justice semble être apparue très clairement au grand jour à l'occasion de cette décision de justice. Les magistrats parlent bien le français et le prononcent bien, même quand c'est de l'anglais, mais ils ne parlent pas (tous) bien le numérique.

C'est un épiphénomène bien sûr. Ce n'est pas l'affaire Snowden. Ce n'est pas les JO de Poutine. Mais on peut être inquiet quand même. Un blogueur n'a pas forcément les moyens d'aller en cassation. De plus, n'importe quel citoyen peut s'attirer les mêmes critiques.

Comme on dit souvent, en parlant des pays en développement (qu'on appelait sous-développés avant que le politiquement correct ne passe par là), pour que le développement se mette en place, il faut un environnement favorable, sur le plan de la gouvernance, sur le plan juridique et plus globalement sur le plan de la sécurité générale, y compris des droits. C'est le rôle des Etats que de créer ces environnements favorables pour permettre le développement. Il est certain que ce n'est pas avec ce genre de décision que la France va sécuriser son environnement juridique. C'est même plutôt le contraire. C'est un signe de sous-développement numérique.

Y'a du boulot !

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