vendredi 25 avril 2014

(Net)Mundial

Le Mundial, le Mundial !!! Braaaaaziiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiil !!!

Ah zut c’est en juin seulement. Il faut encore attendre…
Par contre cette semaine c’était le NetMundial au Brésil aussi.
Un Sommet étrange et inédit pour parler de gouvernance de l’Internet et de l’avenir de l’ICANN. Le Brésil essaye de prendre la tête d’une fronde anti-américaine pour leur enlever le contrôle de l’Internet. Mais c’est plus compliqué que ça. On en a parlé ici plusieurs fois.

La France était représentée par sa nouvelle ministre du numérique qui s’avoue un peu déçue des conclusions, pas assez claires à son goût. Rien n’est clair dans la gouvernance de l’Internet et il faut prendre son mal en patience. Les conclusions en anglais sont ici. Condamnation de l’espionnage sur l’Internet (genre NSA mais pas seulement) mais sur le fond pas d’accord sur quelques points clés, comme la neutralité du Net : cette idée que l’Internet est un ensemble de tuyaux devant laisser passer tous les contenus quelles que soient leurs tailles et leurs types dérange beaucoup de personnes. C’est pourtant l’idée de base du Net depuis l’origine. Comme un gigantesque réseau de tuyaux pneumatiques, les paquets voyagent dedans sans qu’on s’occupe de leur contenus… hum… Google au fait, par hasard, a averti tous ses utilisateurs qu’il scannait leurs courriels pour identifier des mots-clés et mieux cibler les pubs pour vous. Vive la vie privée non ? Ceci était un message pour tous ceux qui ont une adresse en gmail.com par exemple.

Réactions contrastées donc un peu partout. C’est souvent le cas à propos d’un texte forcément mou, issu d’un consensus où les Etats ont un poids déterminant. Exemple avec Vinton Cerf, respecté de tous et l’un des inventeurs de l’Internet (avant le web, il y avait l’internet et ses protocoles variés). Il a dit entre autres :
- Si vous regardez bien, les Etats-Unis ne contrôlent pas internet, c'est un mythe… Avant peut-être, mais plus maintenant...
- Internet est un animal très singulier par son caractère transnational. Vous ne pouvez pas tracer une ligne et dire : cela est pour ce pays et cela pour l’autre
-  Il est juste de souligner que les États-Unis jouent un rôle unique au niveau du système de noms de domaine.
Autrement dit, tout va bien dans le meilleur des mondes. Ah au fait Vinton Cerf est l’un des vice-présidents d’une petite boîte aux USA, appelée Google… Et il roule clairement pour les USA.

Les discussions portent entre autres sur le modèle de gouvernance de l’Internet. L’ICANN prône (et pratique à peu près on y reviendra) un modèle unique the multi stakeholder model, ou un modèle multi-acteurs. On devrait plutôt parler de parties prenantes, des acteurs qui possèdent des parts (du marché) et qui agissent sur le marché. Autrement dit les acteurs existants à un moment donné, ce qui exclut de fait les nouveaux entrants. Cela suppose plein de tables et d’enceintes pour réunir des groupes plus ou moins infiltrés dans lesquels il faut être adoubé par les membres existants pour y rentrer. C’est un modèle puissant mais qui peut assez facilement être manipulé et qui exclut de fait les utilisateurs, les citoyens normaux si vous préférez. Les Etats préfèrent les modèles type ONU où ils peuvent négocier dans le confort de salles de réunion douillettes, du genre : je cède sur ceci mais tu me donnes cela… Les acteurs économiques hyperpuissants (genre Google) préfèrent n’importe quel modèle du moment qu’ils peuvent l’infiltrer. Les techs (les informaticiens et spécialistes) préfèrent tout contrôler en douce en fixant des règles techniques que tout le monde passe du temps à contourner ensuite. On est dans le même genre de démarche que dans les organismes de normalisation où les experts indépendants (même respectés et historiques) sont quand même payés par des Etats ou des entreprises, et cela ne gêne personne.

Le paradoxe évidemment est que pour décider d’un (futur) modèle de gouvernance il faut appliquer un modèle (existant) de gouvernance qui organise les débats. C’est d’ailleurs pour cela que les diplomates discutent d’abord du lieu de la réunion, de la forme de la table, de la liste des participants et de la couleur de la tapisserie avant de parler du fond.

Ce qui est quand même révélateur c’est que ce combat de la présidente du Brésil commence à faire des petits.





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