mardi 15 avril 2014

Pulitzer à propos du recteur de l’Université de Glasgow

Prix Pulitzer hier. Pas à des journalistes comme d’habitude, non, mais à des journaux. Le jury du Pulitzer a en effet choisi de récompenser Le Guardian US et le Washington Post  plutôt que les auteurs des articles, «pour un exemple distingué de service public méritoire, par un journal ou un site d'information». Il s’agit évidemment des articles sur Edward Snowden qui ont lancé l’affaire et chamboulé l’Internet, la NSA et de nombreux pays. Snowden lui-même n’est pas journaliste et ne pouvait recevoir un tel prix.

Snowden est toujours considéré par les USA comme un méchant et il ne peut rentrer chez lui. Les journalistes qui ont écrit ces articles et qui ont servi de relais pour les informations que Snowden avait obtenues, sont donc, eux, considérés comme des héros dans leur profession. Pour ne pas trop appuyer avec le doigt Pulitzer là où ça fait mal, le jury a donc préféré récompenser les journaux, personnes morales, et non des personnes complices d’une personne jugée immorale. C’est un délicieux exercice d’équilibriste, mais c’est habile car beaucoup de personnes attendaient une telle décision. En 2013, le journalisme d’information a été profondément bouleversé par les révélations de Snowden et par le traitement médiatique qu’en ont fait ces deux journaux à l’origine… et ce n’est pas fini !

Snowden est toujours en Russie (grande amie des USA surtout en ce moment) mais a quand même été élu recteur de l’Université de Glasgow par ses étudiants. Rassurez-vous, ce n’est qu’un titre honorifique et cette université a une longue tradition en ce sens. Et dire que l’Ecosse pourrait devenir indépendante…

On a souvent parlé de cette affaire ici, parce qu’elle est emblématique d’une relation moderne à l’information et à nos vies privées à nous. Une telle information peut rester dans des circuits secrets ou réservés à des initiés, mais quand elle est révélée au grand public par des grands journaux, elle devient en soi un phénomène. La révélation, comme en photographie, fait passer du négatif au positif, de l’ombre à la lumière, du papier blanc à la photo lumineuse. Il a fallu une chaîne de courage pour arriver à cette publication et les rédactions en chef de ces deux journaux en ont eu leur part.

Snowden est un expert en sécurité. Il utilisait pour échanger avec les journalistes un système sécurisé, histoire que le NSA ne puisse pas suivre leurs échanges. Ceux que ça intéresse peuvent lire cet article, ou pire installer un tel système « amnésique » : TAILS tient sur une clé USB et permet de se connecter à partir de n’importe quel ordinateur sans laisser aucune trace. On n’est pas dans la science-fiction, mais dans la réalité d’aujourd’hui.

Pour finir un petit jeu : Où est Edward Snowden et où est Joseph Pulitzer ?



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire