lundi 12 mai 2014

Echos d'un fonctionnaire heureux

Qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'agite autour de vous. Qu'il est dur de réduire son budget quand tout le monde en fait pareil autour de vous. Les Echos donnent ce matin quelques indications sur les instructions du gouvernement aux Ministres pour réduire les budgets de leurs administrations : les premières indications pour les budgets 2015, 2016 et 2017 sont drastiques. Les Echos appellent cela une nouvelle cure de rigueur... 15% en trois ans ? Pas mal !

Les administrations publiques (toutes) vont devoir donc réduire leur voilure, notamment en termes de fonctionnement. Dans le fonctionnement on compte les frais de personnels, les moyens généraux et les subventions octroyées. On compte aussi dans ce périmètre tous les services publics rattachés à des ministères, par exemple les universités ou les chambres de commerce (qui ne sont pas si privées que cela). Et on compte aussi dans l'enveloppe les nombreuses taxes particulières qui au lieu de tomber dans les caisses de l'Etat tombent directement dans les caisses de certains de ces opérateurs de l'Etat, qui ont donc intérêt à ce qu'il y ait de plus en plus de taxes pour se développer. La suggestion de faire tomber ces taxes dans le budget de l'Etat aurait deux conséquences vertueuses : permettre de suivre et de contrôler le budget de ces opérateurs, et réduire les taxes en diminuant progressivement leurs moyens. Ca va évidemment déclencher le mécontentement de tous ceux qui vivent de ces taxes.

C'est un cas d'école classique : vous créez une structure et donc elle commence à coûter car il faut des personnels, des directeurs et des présidents et des équipements. Ensuite vous lui attribuez le produit d'une taxe spéciale et elle s'empresse de gérer cet argent tout en créant une structure qui tend à en augmenter l'assiette. Est-ce que cette spirale est vertueuse ou même efficiente ? Peut-être, en ce sens qu'il n'y a pas augmentation du nombre de fonctionnaires, mais pas pour le reste... Au bout d'une certaine taille, l'opérateur ne s'occupe d'ailleurs plus que de lui-même (c'est la Loi de Parkinson que tous les lecteurs de ce blog connaissent) et de ses propres objectifs sans se préoccuper de son public.

Dans les cabinets ministériels fraîchement nommés, tout ceci est évidemment reçu avec un enthousiasme délirant : c'est à qui se défendra le mieux. Comme la taille du gâteau diminue, c'est même à qui enfoncera le plus les autres. La solidarité ministérielle va être intéressante à disséquer. Pour le moment, c'est le Ministère de la Défense qui est le plus actif pour se défendre (et attaquer les autres). C'est normal, c'est même le nom du ministère : le "Ministère de la Défense de son Budget". Mais les autres devraient s'y mettre bientôt. Il n'y a pas de plan caché dit le Premier Ministre. Non, non. Le plan est tout-à-fait clair et ouvert. Et d'ailleurs le Parlement avoué un plan global d'économies de 50 milliards dont ces lettres de cadrage ne sont qu'une partie. Ah bon ? Ce n'était pas qu'un vote ? Il faut agir ?

Sans compter ceux qui vivent de budgets publics, au premier rang desquels les associations de tous secteurs. Ce sont ceux de la Culture qui vont se mobiliser les premiers a priori. On attend ça avec impatience.

Et pour ceux qui croient que l'Etat dépense beaucoup, un petit graphique vu aujourd'hui sur Les Echos : Y'a du boulot !

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