mercredi 11 juin 2014

UMP : cessation de crise et de paiement ?

L'UMP a tenu hier un bureau politique très attendu. Il s'agissait de clore l'affaire Copé-Bygmalion-Sarkozy suite à la démission de Copé, et de préparer l'avenir.

Sur le plan politique rien n'est résolu et tout le monde attendra le congrès d'octobre (conformément aux statuts actuels) pour trancher entre les différentes lignes (sarkoziste, gaulliste, droite-extrême, udé-èffienne, et j'en passe presque autant que de barons). Le dispositif politique en place depuis hier soir assure une unité de façade puisque la plupart des tendances sont représentées dans le nouvel exécutif : un triumvirat d'anciens premiers ministres incontestables, plus un secrétaire général sarkoziste jusqu'au bout des ongles. Les candidatures au prochain congrès vont se multiplier, tous attendant de savoir si Sarkozy se présentera personnellement ou seulement à travers un disciple.

Sur le plan organisationnel, il va certainement y avoir du chamboulement. M. Cesari, le directeur général qui contrôlait l'appareil est toujours en place, mais il est trop mouillé pour y rester longtemps a priori, et comme le "triumvirat" a les pleins pouvoirs, ses jours devraient être comptés. L'affaire Bygmalion est en effet entre les mains de la justice, avec ses fausses factures et chacun accuse l'autre d'en avoir profité : les sarkozistes accusent Copé et sa bande (ah bon, c'est pas la même ?) et les copéistes accusent la campagne de Sarkozy en 2012 (voire 2007 maintenant). Dans ce contexte un "audit de gestion" va être réalisé très prochainement, et il devrait concerner tous les plans de la gouvernance, pas seulement les finances. Le mot audit implique la notion de transparence, c'est à dire analyser les problèmes pour trouver des solutions. A quand une matrice SWOT publique sur l'UMP ?

Don de ce blog au triumvirat : à remplir par eux...

Sur le plan financier, justement, il ne faut pas oublier la dette abyssale de l'UMP. Pas de chiffre exact connu (c'est justement l'intérêt d'un audit externe que de disposer de chiffres réalistes et complets). On rappellera simplement que la dette est de plusieurs dizaines de millions d'euros au moins et que la campagne de levée de fonds auprès des militants de l'année dernière n'a réussi qu'à en éponger une toute petite partie (une partie du feuilleton de l'été dernier à lire ici sur ce blog, la saison 2 est imminente). Normalement une levée de fonds devrait être relancée chaque année à l'été (tiens, c'est maintenant, non ?) pour éponger le reste, pendant au moins 3 ou 4 ans encore. n effet les recettes normales de l'UMP ne devraient pas augmenter beaucoup avant 2017, sauf un peu cet automne avec les sénatoriales mais cela sera loin de suffire. On parle ici en effet de montants très importants et d'un parti qui a choisi de vivre sur un grand pied. Certains médias font le parallèle avec le Front national qui a connu il y a quelque années une grosse crise financière et qui a été obligé à l'époque de vendre son siège national (à Saint-Cloud) pour se relancer. Le Front national a réussi (sur le plan financier au moins). L'UMP saura-t-elle être aussi bon gestionnaire que le FN ?

Sur le plan existentiel, vous aurez remarqué les appels de plus en plus nombreux à dissoudre l'UMP, ou à changer son nom, ou à vendre le siège et à changer d'image publique (sans reparler ici de ligne politique, débat pour le congrès d'octobre). Le problème est simple : l'UMP est-elle tellement plombée qu'il ne vaudrait pas mieux changer tout et recommencer. ? Un parti n'est pas une entreprise qui peut se mettre en faillite et repartir ou se faire reprendre. Un parti est une association et la seule chose qu'elle puisse faire est de se mettre en "cessation de paiement", licencier ses salariés (sarkozistes et copéistes en majorité semble-t-il), vendre ses actifs (son siège) et se dissoudre ou renaître suivant ce qui reste à la fin. Créer un nouveau parti (une nouvelle association) ne permet pas seulement de définir un nouveau nom, une nouvelle ligne, une nouvelle équipe, mais cela permet d'oublier les dettes de l'UMP actuelle et d'encaisser les recettes de l'UMP (liées aux députés , sénateurs et élus) sans être responsables de ses dettes. Tant pis pour la Société Générale qui tient la dette de l'UMP à bouts de bras (et ses refinanceurs).

Tous ces plans existent simultanément bien sûr, sans oublier le plan personnel : celui des ambitions individuelles.

En tous cas hier, le signal principal qui a été envoyé est celui d'une rupture avec le passé à l'UMP. Il s'agit pour eux d'aller vers une renaissance qui soit optimale sur le plus possible de plans. Il faudra faire des choix, de politique, de management, d'image et personnels. Et il faudra vivre pendant 4 mois (avant le congrès) au gré d'annonces délicates en interne et de rebondissements externes, notamment judiciaires.

Le triumvirat a du boulot. Qui est Bonaparte ? On a du mal à imaginer Raffarin dans ce rôle en tous cas. La culture du "chef" reste encore grande dans ce parti et à droite et la place se refroidit...

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