dimanche 20 juillet 2014

Du temps de cerveau pour… une nouvelle carence de droit

Le petit Etat de Bonjoree accueillait pour la première fois le Congrès International Annuel et Albert était très excité. Comme beaucoup de ses collègues il n’était jamais allé à Bonjoree mais toutes les informations présentaient cette petite île comme un vrai paradis terrestre. Aucun extrasoliste n’était originaire d’ici, mais le roi local devait bien connaître les rouages du Congrès pour avoir réussi à attirer un groupement aussi puissant que la société internationale d'Extrasolie. Ils ne se déplaçaient en général que d'une très grande université à une autre. Et il n’y avait même pas d’université à Bonjoree !

Mais il y avait un superbe palais des congrès qui jouxtait le palais royal et le grand palace, avec plusieurs piscines. Albert venait juste de s’installer dans sa luxueuse chambre et il se préparait à corriger sa présentation du lendemain quand quelqu’un frappa à sa porte. Pensant qu’il s’agissait d’un de ses collègues qui venait lui parler de ses dernières recherches, il ouvrit la porte sans réfléchir. Il ne s’agissait pas d’un collègue, mais d’un petit groom, vraiment tout petit, qui lui tendait un plateau en argent avec dessus un verre de vin et une enveloppe à son nom. Albert balbutia quelques mots gênés car il n’avait pas encore eu le temps de changer ses dollars mais le groom ne sembla pas lui en tenir rigueur et s’éloigna à toute vitesse sans rien avoir dit.

Albert resta quelques instants sur le pas de sa porte avec le plateau dans les mains. Il avait à peine eu le temps d’inspirer une fois. Albert était un savant normal, un peu distrait surtout quand il pensait à ses recherches, ce qu’il faisait à peu près tout le temps. A la deuxième inspiration, Albert sembla reprendre ses esprits et rentra dans sa chambre. Il installa le plateau sur la petite table de sa terrasse et s’installa dans le fauteuil pour lire la lettre. Mais l’enveloppe était vide et aucun signe distinctif ne permettait d’en identifier l’expéditeur. En bon extrasoliste, Albert essaya toutes les techniques qu’il connaissait pour extraire des informations de cette enveloppe, mais il ne put rien en tirer. Une vague odeur de poussière semblait indiquer que cette enveloppe avait été fermée il y a longtemps, mais c’était tout. Albert goûta alors le vin et le trouva délicieux. Un vin rare certainement et qui avait bien vieilli.

Albert ne comprenait pas mais pensa que c’était un geste de bienvenue des organisateurs et il se promit de demander à ses collègues ce qu'ils en pensaient lors le dîner. En attendant, le vin aidant, Albert se mit à songer sur son fauteuil. Sa présentation était oubliée et de toutes façons, il l’avait déjà relue tant de fois qu’il la jugeait parfaite. Il ne songeait à rien de précis mais cela faisait du bien, pour une fois, de ne pas penser aux mystères de l’Extrasolie.

Albert dormit sur sa terrasse. Il fut réveillé tôt le lendemain matin par un coup à la porte. Il alla ouvrir, nu comme un ver.

Albert était assis à la table d’honneur du banquet de bienvenue. Il ne se rappelait plus vraiment comment il était arrivé là, et crut un instant qu’il était toujours en train de rêver assis sur sa terrasse, mais tout était trop réel. Et maintenant qu’il y pensait il se souvenait de tout. Il avait juste dormi un peu, puis pris une douche et s’était habillé avec sa toge d’extrasoliste avant de descendre, appelé par le gong qui annonçait le dîner. Il avait discuté avec plusieurs collègues. Personne d’autre n’avait reçu de verre de vin dans sa chambre. Et maintenant qu’il était assis à cette table, il regardait avec stupéfaction sa voisine de gauche. Elle était d’une beauté merveilleuse, étincelante, avec des yeux brillants qui le fixaient comme s’il était la chose la plus importante de l’univers. Elle lui parlait et il lui répondait, mais il ne pouvait absolument pas se souvenir plus d’une seconde de quoi ils discutaient. Il était clairement tombé sous son charme. Le dîner passa si vite qu’Albert n’eut même pas le temps de jeter un regard aux autres convives. Il se retrouva très vite avec elle dans sa chambre. Ensuite Albert se transforma en quelqu’un d’autre, quelqu’un qu’il ne connaissait pas, bien loin du professeur timide d’extrasolie qu’il croyait être. Et sa nuit fut enchanteresse. Il s’endormit tôt le matin, et fut réveillé par un coup à la porte. Il alla ouvrir, nu comme un ver.

Albert était assis à la table d’honneur du banquet de bienvenue. Il ne se rappelait plus vraiment comment il était arrivé là, et crut un instant qu’il était toujours en train de rêver assis sur sa terrasse, mais tout était trop réel. Et maintenant qu’il y pensait il se souvenait de tout. On lui avait annoncé à l’apéritif qu’il allait être élu nouveau président de la Société internationale, avec un très large consensus. Il avait bu quelques verres de vin, mais aucun n’était aussi bon que celui qu’il avait bu sur sa terrasse juste avant de descendre. Albert était assis entre le roi et son époux et il devait subir un feu roulant de questions sur l’Extrasolie. C’était une discipline ardue et délicate à expliquer à des non-spécialistes mais Albert était pédagogue et il s’en sortait plutôt bien. Tous buvaient ses paroles, sauf ce couple de l’autre côté de la table ronde qui n’avait l’air d’être là que l’un pour l’autre. La femme était assez jolie mais ce n’était pas son style et l’homme lui disait quelque chose, mais sans plus. Albert était beaucoup plus intéressé par l’époux du roi qui lui faisait du genou sous la table. Le dîner passa vite et Albert se retrouva dans la chambre royale pour terminer la soirée, qui fut longue et pleine de délicatesses. Il fut réveillé par un coup à la porte. Il alla ouvrir, nu comme un ver.

Albert était assis à la table d’honneur du banquet de bienvenue. Il ne se rappelait plus vraiment comment il était arrivé là, et crut un instant qu’il était toujours en train de rêver assis sur sa terrasse, mais tout était trop réel. Et maintenant qu’il y pensait il se souvenait de tout. Après avoir somnolé un peu, il était allé piquer un plongeon dans la grande piscine où il avait rencontré la présidente de la Société internationale. C’était une belle et grande femme, un peu intimidante. On disait qu’il lui fallait un homme différent chaque soir. Il se trouva que ce soir-là c’est lui qu’elle choisit. Albert ne sut jamais pourquoi. Peut-être avait-il été là au bon moment ? En tous cas elle l’avait embrassé dans la piscine et c’est pourquoi Albert était là, assis à côté d’elle à la table d’honneur. Personne ne les regardait car il était de notoriété publique que la présidente n’aimait pas être dérangée quand elle était avec l’une de ses conquêtes. Albert avait fort à faire pour garder une expression à peu près tranquille pendant le dîner car sa voisine était très délurée. Le nouveau président, qui était assis à côté du roi, avait l’air beaucoup plus normal et Albert en fut soulagé pour la suite de la Société. La nuit fut longue pour Albert et il n’avait pas beaucoup dormi lorsqu’au petit matin on frappa à la porte de la chambre. Il alla ouvrir, nu comme un ver.

Albert était assise à la table d’honneur du banquet de bienvenue. Elle ne se rappelait plus vraiment comment elle était arrivée là, et crut un instant qu’elle était toujours en train de rêver assise sur sa terrasse, mais tout était trop réel. Et maintenant qu’elle y pensait elle se souvenait de tout. Elle avait bu ce délicieux vin et avait eu envie d’en reprendre. Elle s’était rapidement préparée pour le cocktail et s’était retrouvée au bar. Elle avait goûté plusieurs vins mais aucun n’arrivait même à évoquer le plaisir qu’elle avait éprouvé à boire ce verre sur sa terrasse. Elle était un peu pompette quand elle était arrivée à la table d’honneur et ses deux cavaliers lui avaient fait passer un très agréable moment à table. Surtout son voisin de droite. Albert ne se rappelait pas très bien comment elle était arrivée dans cette chambre mais le soleil devait s’être levé il y a peu quand on frappa à la porte de la chambre. Elle alla ouvrir, nue comme un ver.

Le groom qui était à la porte était le même que la veille. Cette fois-ci il ne portait pas de plateau mais tendit à Albert une enveloppe à son nom, toujours sans rien dire. Il s’éloigna ensuite, beaucoup plus lentement, en marche arrière sans quitter Albert des yeux. Albert prit conscience de sa nudité. Il serait plus convenable d’enfiler un peignoir ! Albert referma la porte doucement, pour ne réveiller personne car il était tôt. L’enveloppe était vide. Elle ne sentait pas la poussière comme la première fois. Albert la froissa, prit un peignoir blanc et descendit à la piscine. Elle était déserte. Albert enleva son peignoir et plongea dans l’eau. Albert se souvenait de tout. Cinq Albert avaient vécu cette nuit, simultanément. Et Albert était chacun des cinq. Chacune de ses nuits avait été parfaite. Albert profita de ce moment avec passion. Un choix devait être fait. Albert le savait. Le petit groom l’attendait à côté de l’échelle, avec son peignoir et Albert savait que le choix était pour maintenant, avant de l’enfiler. Albert sortit de l’eau, fit son choix, s’ébroua et enfila le peignoir.

Il était temps maintenant de remonter dans la chambre.

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