vendredi 12 septembre 2014

Eruptions numériques

L'Internet mondial a été (un peu) secoué cette semaine.

A propos de le neutralité de l'interner, c'était mercredi la journée de protestation contre les projets visant à créer un Internet à des vitesses, un pour les riches (fournisseurs et clients) et un pour les pauvres (fournisseurs et clients). Si vous ne comprenez pas vraiment de quoi il s'agit, relisez ces billets publiés sur ce blog, ou regardez ce joli dessin publié sur un autre blog.

Il y a en effet un projet de loi aux USA contre cette neutralité et presque tous les fournisseurs de contenus protestent contre cette possibilité, demandée à cor et à cris par les fournisseurs de tuyaux. Eternel problème de plomberie, puisque l'Internet c'est de la plomberie et de la dynamique des paquets fluides qui parcourent les tuyaux. Quand les fluides sont trop lourds les tuyaux bloquent ou le débit ralentit.

En France, ce problème est peu évoqué pour une bonne raison : le marché des producteurs de tuyaux est resté traditionnel avec un France Télécom Orange qui domine le débat et qui pèse sur les décisions de l'Etat, tandis que les fournisseurs de contenus sont plutôt américains que français ou même européens. La position de la puissance publique est feutrée, floue et pas Net comme disent certains. Le nouveau gouvernement est pourtant assez ouvert et plusieurs ministres s'intéressent au numérique.L'Europe a clairement pris position (au Parlement européen d'abord) pour la neutralité du Net. Sur ce blog aussi incidemment.

L'Internet est un système fragile, il grandit dans toutes les directions et à chaque poussée de croissance, quelques coutures craquent dans ses habits qu'il faut retoucher en permanence.
- Il y la crise des adresses IP (bientôt plus assez d'adresses donc il faut passer à une nouvelle norme et beaucoup traînent les pieds depuis des années),
- la crise des DNS (les espaces disponibles sur des millions d'appareils qui assurent la circulation - les routeurs - et qui sont en train d'être complètement occupés),
- la crise des noms de domaines (avec des centaines de nouvelles adresses de haut niveau comme le .paris d'ailleurs qui vient d'ouvrir en pré-réservation),... et que sais-je encore.
Même Apple qui dispose de fermes de serveurs gigantesques et d'un réseau mondial de relais pour accélérer les transferts d'informations s'est planté ce mardi lors de la conférence, en faisant une petite erreur de codage sur sa page d'accueil, empêchant ainsi des multitudes de fans de la regarder en direct.

La manifestation symbolique de mercredi (Internet Slowdown Day) avait pour but de montrer à ceux qui ont bien voulu le voir ce qui se passerait si l'Internet était ralenti (à cause d'une voie express à côté). Peu de gens s'en sont rendu compte et c'est un débat qui touche plus les experts que le surfeur moyen. Mais un jour on aura peut-être des pancartes comme celle-ci :


Ce vendredi d'ailleurs la Terre est frappée par deux grosses éruptions solaires et il est possible qu'il y ait des répercussions électromagnétiques par-ci par-là, même si on est encore très loin de ce qui s'est passé à l'été 1859 (lisez c'est édifiant) - extrait : "Les aurores boréales générèrent ensuite des courants électriques dans le sol qui affectèrent les circuits électriques existants, notamment les réseaux de télégraphie électrique. De nombreux cas de télégraphistes victimes de violentes décharges électriques furent rapportés, ainsi que plusieurs incendies de station de télégraphie causés par les courants très intenses qui furent induits dans le sol."


L'Internet est fragile, comme la Terre. Notre dépendance à ce système bizarre est devenue énorme, même quand nous ne l'utilisons pas directement, car la plupart des machins qu'on ne voit pas et qui nous sont utiles utilisent l'internet. A moins d'être dans un coin isolé loin de tout, et encore. Il reste en effet les éruptions solaires et les astéroïdes.


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