mardi 28 octobre 2014

En Afrique, une élection aussi peut en cacher une autre

Quelques nouvelles électorales d'Afrique...

En Tunisie, les élections qui viennent de se tenir sont les deuxième après la révolution tunisienne qui a lancé les printemps arabes. Les premières datent de 2011 et le parti islamiste qui les avait fanées vient de perdre les nouvelles élections. Habituel en démocratie pour un parti au pouvoir lorsqu'il y a une crise économique et violente, cette défaite prend un air très différent quand oçn regarde qui les a (aurait) gagnées : un nouveau parti hétéroclite et très récent, Nidaa, tout-à-fait anti-islamiste et qui a annoncé vouloir gouverner avec une large coalition. Une belle leçon de démocratie, même si la participation a baissé, en Tunisie comme ailleurs. En tous cas une confirmation de l'entrée résolue de la Tunisie dans l'ère des démocraties modernes.

Ce qui n'est pas le cas d'autres pays africains francophones.

Au Burkina Faso, manifestation monstre aujourd'hui, à Ouagadougou la capitale. Il s'agit de se mobiliser contre le projet du président Blaise Compaore de modifier la constitution pour avoir le droit de se représenter en 2015. Il avait déjà fait le coup en 2000. Rappelons qu'il a pris le pouvoir il y a 27 ans à la faveur d'un coup d'Etat. Puisque la mode est à la démocratie - nécessaire pour obtenir des financements internationaux - et que la démocratie suppose des élections régulières et régulières (dans les deux sens du mot), autant modifier les règles pour faire semblant de les suivre. Quelques chefs d'Etats continuent à croire que rien n'a changé, porté par leur folie et leur entourage. Pourtant le Burkina est un pays stable et reconnu par tous comme un partenaire fiable...

Citons le cas du Cameroun, avec Paul Biya qui a fait récemment le même coup, ou celui du Burundi avec Pierre Nkurunziza ou enfin celui du Rwanda voisin avec Paul Kagame. Tous essayent de rester le plus longtemps possible en changeant la constitution de leur pays, quels que soient les avis de leurs sociétés civiles. Ils devraient faire comme le Tsar Poutine qui a trouvé la martingale gagnante : un coup il est président avec tous les pouvoirs, un coup il est premier ministre avec tous les pouvoirs et ça recommence. Il est clair que toutes ces opérations sont des dénis cyniques de démocratie, où les hommes (forts) sont placés avant les institutions (fortes). Et le nombre de spécialistes du droit constitutionnel qui s'affrontent sur ces questions est proprement effrayant. Voilà une spécialité du droit qui ne fait pas envie !

Attention cependant à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Les découpages nationaux en Afrique sont à la source de beaucoup de problèmes, y compris en matière de santé. A chaque changement de pouvoir dans un de ces pays africains, les affrontements ne sont pas que politiques et derrière traîne toujours la possibilité de violences interclans. La plupart des diplomates internationaux espèrent à chaque fois que cela ne va pas dégénérer en violences - vous vous souvenez de la République centrafricaine dont les médias ne parlent plus ?.. Tout se passe comme si la communauté internationale voulait se donner bonne conscience en annonçant que le nombre de violences diminue, même si cela passe par un soutien discret mais réel aux pouvoirs en place, dictateurs ou présidents à vie, en espérant que le monde ne s'écroulera pas de leur vivant.

Piteux.

PS : J'ai mis "déontologie" comme mot-clé à ce billet. Je me demande bien pourquoi, finalement.

PPS : A lire !




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