lundi 3 novembre 2014

+2° or not +2° ? Voici la réponse du GIEC

Le GIEC est le poil à gratter officiel des gouvernements en matière de changement climatique. On ne dit plus réchauffement puisque c'est moins politiquement correct et que dans certains cas il s'agit d'un refroidissement : la planète est un système complexe et tout n'y change pas de la même façon partout.

Le nouveau rapport du GIEC est disponible depuis ce dimanche. Ou plutôt la synthèse pour les décideurs politiques. Et les climato-sceptiques se taisent de plus en plus, sauf ceux qui sont payés par les lobbies pétroliers, ou d'énergies fossiles, ou qui ont des intérêts à court terme. Tous les liens nécessaires, ainsi qu'un résumé du résumé du rapport, sont ici, sur le très bon blog scientifique de Libé. C'est un résumé scientifique. Pour les décideurs, c'est là.

On remarquera d'abord que ce rapport a été approuvé par les gouvernement présents et devient donc une pièce indiscutable du dossier. Tant pis pour les pays réticents, comme le Canada où est François en ce moment. Ce rapport - et sa synthèse - sont donc dorénavant une pièce essentielle du dossier pour la COP 21, la conférence sur le climat qui aura lieu à Paris fin novembre 2015. Et il reste une année pour établir des plans, des engagements politiques clairs et chiffrés. Un élan, bref.

Le discours scientifique est maintenant stabilisé. Les index de citations qui évoquent le rôle actif (et nuisible) de l'homme sur le climat sont maintenant ultra-dominants. Les climato-sceptiques se taisent donc, ou presque. Même en France où les principaux corps scientifiques les ont petit-à-petit tous désavoués, au risque de paraître ridicules s'ils ne l'avaient pas fait. Les évaluations des dégâts sont de plus en plus précises, même si personne n'attendait d'avancées remarquables dans ce qui est avant tout un exercice de vulgarisation pour des politiques en situation de décider.

Le discours politique, donc, a aussi évolué. Le fait est que de plus en plus de décideurs insistent sur l'intérêt économique et financier de la lutte contre le changement climatique, pour d'autres énergies, des économies et des comportements nouveaux. Alors que la plupart disaient il y a peu de temps que cette lutte allait coûter cher - et qu'il fallait donc la laisser aux générations futures - ils sont de plus en plus nombreux ceux qui insistent sur le coup de fouet que cela pourrait donner à l'économie. En pleine crise ou dépression, la sensibilité des gouvernants est naturellement attirée par de tels horizons. C'est également un moyen pour eux de faire passer des mesures auprès de populations qui ne voient pas toujours la photographie globale au-delà de leur bulle locale.

Alors que les négociations autour du traité de libre-échange transatlantique battent leur plein et que la question de l'impact environnemental y est en discussion, on s'amusera de voir Obama s'y raccrocher... Il lui reste peu de temps avant les élections de mi-mandat qui devraient voir sa majorité relative fondre comme neige carbonique à la lampe UV. Ce qui est intéressant dans le résumé pour décideurs c'est son statut : c'est en fait un argumentaire pour justifier l'importance de la lutte contre le changement climatique. Un argumentaire officiel et enfin validé, qui peut à juste titre être utilisé pour impressionner les opinions publiques.

En ce qui concerne les entreprises, c'est une autre affaire. François est ainsi parti à l'Ouest du Canada, dans la région de tous les dangers écologiques - entre le pétrole et les gaz de schiste - mais également de toutes les opportunités économiques, avec son lot de chefs d'entreprises du secteur pour y vendre l'excellence de l'ingénierie française... tout en ne visitant aucun des champs industriels concernés puisque ce serait mauvais pour l'opinion publique française, très remontée en ce moment sur les sujets écologiques (exemple de réaction ici dans le Figaro). Grand écart délicat, mais habituel pour n'importe quel président. Le calendrier n'est pas des plus heureux cependant (c'est un euphémisme). C'est un effort louable. Ensuite il va au Québec en passant par Ottawa - histoire de saluer Michaëlle Jean dans son fief - pour parler entre autres de coopération universitaire.

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