mardi 25 novembre 2014

30 ans et plus toutes ses dents

Un anniversaire de trente ans ça se fête normalement. Sauf que pour les restos du coeur initiés par Coluche, la tendance est à la morosité. Les sans-dents sont de plus en plus nombreux et les moyens de plus en plus difficiles à trouver.

Tout ça avait commencé il y a trente ans par une distribution de 8,5 millions de repas, ce qui était apparu à l'époque comme vraiment énorme. L'année dernière, les restos ont dépassé les 130 millions de repas servis à plus d'un million de personnes, et cette année on s'attend à une augmentation de ces deux chiffres.

Comment augmenter les ressources ? Il y a les dons bien sûr mais au moment où de plus en plus de familles deviennent des utilisateurs de ces restos, l'offre est de plus en plus faible. Il y a les dons exonérés d'impôts qui permettent à certaines filières agro-alimentaires de bénéficier de réductions en donnant des produits - comme les produits laitiers depuis l'année dernière - mais cela ne touche pas toutes les filières. Il y a le gouvernement et le parlement qui peuvent légiférer. Le premier ministre qui était hier à "l'inauguration" de la campagne 2014-2015 qui va durer jusqu'au printemps, a promis... de promouvoir les dons dans d'autres filières (oeufs, viande et fruits et légumes) mais sans s'engager. Des exonérations fiscales ? Hum, la France cherche des sous partout. Des aménagements techniques et administratifs ? Ah oui ! Ca ne coûte rien et ça permet d'attendre.

Les dons viennent en fait de trois sources en général : les particuliers, vous et moi ; la grande distribution, et la moyenne aussi ; les surplus agricoles et autres invendus de produits périssables, ou moches, ou gaspillés. C'est sur ce dernier créneau que les restos essayent de progresser, mais pour cela les producteurs réclament des compensations. Il y a plus de 2000 centres et plus de 60 000 bénévoles qui servent des repas en France, soit une vingtaine par département en moyenne. De plus en plus ouvrent également en zone rurale, car il n'y a pas que le pauvre des villes, il y a aussi le pauvre des champs. On comprend l'essor partout en France du monde associatif "local" pour pallier les insuffisances des systèmes plus globaux. Là au moins, les effets des actions sont visibles, non seulement à court terme, mais aussi en terme d'impact. Et c'est pareil sur le plan international : rechercher une meilleur articulation entre collaborations internationales, nationales et locales.

Ayons donc une pensée émue pour la Francophonie qui commence aujourd'hui ses travaux "politiques" à Dakar en préparation du Sommet des Chefs d'Etat samedi et dimanche. Ayons en particulier une pensée émue pour son secrétaire général sortant après douze années de pouvoir - Abdou Diouf, ancien président du Sénégal - et toute la clique qui l'accompagne. L'Etat sénégalais a réservé un hôtel somptueux pour lui, sa famille, ses collaborateurs et ses invités. Un des plus beaux hôtels de Dakar - le Terrou-Bi - avec casino et piscine aussi. Boulevard Martin Luther King... No comment. C'est quoi l'un des thèmes du Sommet déjà ? Ah oui ! La francophonie économique... On suppose que les pauvres de Dakar - car il y en a encore plus qu'en France - seront très intéressés par les décisions concrètes du Sommet.

Une vue pour faire saliver ceux qui ne pourront pas aller au Terrou-Bi

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