mardi 16 décembre 2014

Immigrations, un enjeu politique, un moment choisi

Les dates ne sont jamais anodines.

Le musée de l'immigration (musée national de l'histoire de l'immigration en France, un peu comme Ellis Island aux USA) a été inauguré hier officiellement par le Président de la République. Je veux dire François. L'idée de ce musée date de Chirac - qui a toujours eu un tropisme vers le reste du monde, l'Asie, l'Afrique ou la Francophonie - et d'un certain Raffarin. Puis le musée a été ouvert sous Sarkozy mais celui-ci a toujours refusé de l'inaugurer ou au contraire a voulu le transformer en son contraire ce qui a été refusé par tous les autres. François, en sa qualité de président, de gauche de surcroît, l'a donc officiellement inauguré sept ans après son ouverture au public. Le fait d'avoir choisi comme lieu, à l'époque l'ancien pavillon à la gloire du colonialisme, porte Dorée, qui a tout vu depuis y compris des poissons toujours là depuis 1931, est un symbole trop puissant pour être ignoré, tant les deux aspects sont liés dans de nombreux pays.

François a donc profité de ce moment pour prononcer un discours sur l'immigration. On sent une montée graduelle en puissance sur ces thèmes liés à l'ouverture de la France sur l'Autre et sur le monde. En Afrique ou en Francophonie par exemple, François a prononcé plusieurs discours vantant un modèle somme toute classique à gauche mais qu'on n'entendait plus depuis des lustres. Ce discours est forcément clivant en forçant d'une certaine manière la droite à se droitiser. Remarquez bien que la droite se droitiste naturellement et de plus en plus avec le retour de Sarkozy, entre nominations contestées à la direction de l'UMP, discours de plus en plus musclés sur les thèmes chers au FN, comme l'immigration au hasard, ou comme le vote des étrangers. C'est donc aussi une manœuvre politique qu'a lancée François avec ce discours sur l'immigration, qui tombe bien dans un calendrier agité à droite, et alors même que François remonte dans les sondages (il aurait dépassé les 20% de popularité).

Mais qu'à dit François dans son discours ?

Il en a appelé à l'Histoire, de Braudel et son identité de la France à la diversité de ses cultures, la France étant considérée comme le plus vieux pays d'immigration en Europe. Il a dit que l'histoire de l'immigration c'est l'histoire de la république... alors que Sarkozy dit exactement le contraire par exemple. Il a dénoncé ceux qui attisent les haines et suscitent la peur, en les traitant de démagogues - ça plaira à droite ;). Il a annoncé quelques mesures déjà plus ou moins dans les tuyaux : - création pour tous les étrangers arrivés légalement d'un véritable parcours d'intégration, création de titres de séjour pluriannuel, reconnaissance envers les immigrés de plus de 65 ans que l'on appelle les Chibanis, création des "passeports talents", réforme du droit d'asile, célébration de la laïcité le 9 décembre (jour anniversaire de la loi de 1905)...

Dire que la femme est l'avenir de l'homme l'immigration est l'avenir de la France devrait être naturel. Pour le dire aujourd'hui en France, il faut avoir du courage, même avec des mots pesés avec soin. Reste à savoir si ce discours sera repris (avec des pro et des anti) ou simplement ignoré. N'est pas Sun Tzu qui veut. Pour amener l'ennemi sur son territoire afin de gagner la bataille (électorale) encore faut-il avoir préparé le terrain et déployer de l'intelligence (au sens CIA du terme). C'est en tous cas un moment important que cette inauguration officielle et apaisée.


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