dimanche 8 février 2015

Du temps de cerveau pour... Une nouvelle soixante neuf

Grisette n'en était pas une, mais elle était quand même très attirée par la chose. Elle était encore jeune mais elle avait déjà connu pas mal d'expériences sexuelles. Depuis sa plus tendre enfance, même, si on pouvait qualifier celle-ci de tendre. La vie n'avait pas été facile dans une famille particulièrement vulgaire à l'intérieur des murs du château, même si les apparences étaient sauves lors des rencontres entre nobles du pays. Grisette avait beaucoup souffert au début, mais ni plus ni moins que les autres filles du château. Comme elle était une princesse, on lui avait quand même épargné les pires outrages. Et elle s'était mise à aimer cela, surtout une fois qu'elle avait compris que son statut lui permettait d'infliger des sévices comparables à ses serviteurs.

Le royaume de Guermonde avait une très mauvaise réputation en dehors de ses frontières, et les familles nobles avaient du mal à trouver de bon partis en dehors du pays, tant la sulfureuse image de leurs rejetons s'était répandue à coups de scandales. Plusieurs fois le soldats guermondains avaient dû intervenir à l'étranger dans des missions commandos pour délivrer des princes et princesses du royaume emprisonnés pour des raisons diverses et toutes inavouables.

Mais Grisette aimait faire l'amour et elle avait envie de voir le monde. Les turpitudes nationales la lassaient un peu et elle souhaitait découvrir toutes les manies sexuelles de la planète. Seulement voilà, Grisette était encore trop jeune pour voyager. Personne ne la laisserait partir avant plusieurs années. Et Grisette enrageait.

Elle se grattait la tête un matin en cherchant un moyen d'évasion, accoudée à son balcon, quand elle remarqua dans la cour un nouvel arrivage d'esclaves sexuels. On est déjà le début du mois, se dit-elle ? Cela lui redonna un peu de courage. Peut-être y aurait-il là de la nouveauté ? Peut-être le temps passerait-il moins vite ? Elle regarda attentivement les enfants alignés en bas et eut la surprise d'y voir une fille qui lui ressemblait vaguement.

Alors Grisette eut une illumination. Elle se précipita dans la cour. Il était encore tôt et presque personne n'était là. Elle prit la fille par la main et l'emmena en un éclair dans sa chambre. Maintenant elles étaient toutes les deux l'une en face de l'autre et Grisette la dévisageait. Elle lui ressemblait vraiment. Grisette lui mit un doigt sur la bouche puis se mît à la déshabiller. Elle lui ressemblait vraiment ! Grisette profita d'elle et lui parla longtemps. La fille s'appelait Menue et comprit très vite où voulait en venir Grisette. Elle vit très vite les avantages d'un échange. Ça lui permettait d'améliorer nettement sa situation et si la princesse la voulait elle n'avait pas l'impression de profiter de la situation. Grisette lui expliqua tout ce qu'une princesse devait savoir et le soir venu, elle lui donna ses vêtements et la maquilla. La ressemblance était vraiment frappante. Elle se teignît les cheveux en brun et s'habilla en soubrette, l'un des nombreux déguisements qu'elle gardait dans son placard au cas où. 

La fausse princesse appela alors ses servantes et descendit pour la grande fête quotidienne, une bacchanale ordinaire au château. Grisette se glissa pendant ce temps en dehors des appartement royaux et réussit à sortir rapidement du château. Elle n'eut besoin de s'arrêter que deux fois en chemin : une fois pour les soldats du poste de garde qui la prirent et la prirent pour ce qu'elle était, une grisette de retour après une dure journée de labeur au palais, et une autre fois sur la route, avec un prince qui était en retard pour la fête et qui ne la reconnut pas. Il avait juste besoin d'une petite flagellation standard histoire de s'échauffer avant de rejoindre le roi dont il était le souffre-douleur attitré. Grisette prit soin de ne pas être trop experte pour ne pas se faire remarquer. 

Lorsqu'elle arriva au poste-frontière, on la laissa passer sans même la regarder. Les garde-frontières avaient l'habitude de voir des tas de gens d'un peu partout et ils étaient moins obsédés que les soldats du château. Grisette, devenue Menue, esquissa quelques pas de danse et se dirigea vers la ville la plus proche. Elle rêvait d'y aller depuis son plus jeune âge. Enfin ! Elle espérait qu'on ne s'apercevrait pas de sa disparition avant suffisamment longtemps pour qu'elle se soit bien amusée.

Mais quand elle arriva à la ville, il faisait déjà nuit et elle était bien fatiguée. Elle se trouva une écurie à côté d'une auberge et s'endormit rapidement dans la paille au-dessus des chevaux. Elle ne se souvint pas de ses rêves mais elle se réveilla toute fraîche. C'était le garçon d'écurie qui l'avait réveillée. Elle le regarda et le trouva très mignon. Ça commence bien, se dit-elle. Elle bougea un peu et poussa un soupir. En bas les bruits s'arrêtèrent. "Y'a quelqu'un ?" Dit une belle voix d'homme. Elle poussa un autre soupir et attendit. Grisette était déjà une experte et le résultat ne se fit pas attendre. Le garçon montait déjà l'échelle. En deux temps trois mouvements ils furent dans les bras l'un de l'autre, et en quelques minutes le garçon devint follement amoureux de Grisette. Rien d'étonnant pour elle, habituée à ce que tous les hommes la trouvent adorable ou en tous cas désirable. Ce garçon d'écurie était bien maladroit mais c'était charmant, se disait Grisette. Elle décida donc de rester un peu dans cette auberge.

Le soir même, elle couchait dans la chambre de l'aubergiste entre les deux proéminents propriétaires et le lendemain elle dirigeait l'auberge d'une main de fer. En trois jours elle eût transformé l'auberge en une maison de passe très chic et très courue. L'auberge fut vite connue dans le pays et sa patronne très recherchée. Grisette se faisait appeler Madame Grise et elle s'enrichit rapidement et racheta quantité d'auberges dans la ville qui devint vite la ville la plus riche du pays et la plus riche en lupanars.

Lorsque le roi du pays voisin s'annonca, curieux de toutes ces rumeurs qui lui échauffaient les oreilles et les sens, Grisette se frotta les mains. C'était le roi de son pays d'origine. Elle lui concocta un programme spécial dont elle était évidemment le couronnement, et lorsque le roi expira dans ses bras, elle eut un grand sourire. Ils étaient seuls. Elle le déshabilla et le jeta dans l'auge aux cochons, puis elle rentra subrepticement dans son château. Personne ne la vit et elle reprit sa place. L'autre fille protesta bien un peu car elle s'était habituée à sa fausse situation princière, mais Grisette la jeta dans les douves sans cérémonie. Puis elle se coucha.

Le lendemain le royaume était en ébullition. Le roi était mort a l'étranger dans des circonstances plutôt obscures. Grisette, en reprenant sa place, devenait ipso facto la nouvelle reine. Elle se fit rapidement couronner, déclara la guerre à ses voisins et envahit leur pays. Elle commença par la ville des lupanars et en profita pour épouser le garçon d'écurie. Ils eurent beaucoup d'enfants et d'amants. Grisette restera toujours dans l'Histoire comme la reine qui a répandu le sexe sur le monde. Sans elle nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd'hui, n'est-ce-pas ? Alors, merci Grisette !

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