jeudi 6 août 2015

Anniversaires

La pratique courante dans les médias, c'est de parler d'anniversaires a tout propos. Ça occupe les colonnes des journaux, les pixels des écrans et les cerveaux ramollis des lecteurs surtout en plein cœur de l'été. C'est pratique à documenter en allant regarder le journal de l'année dernière, facile à écrire et quand on en met plusieurs les uns à côté des autres, ça peut créer des chocs disruptifs et surprenants. De nombreux sites nous rappellent tous les jours les "anniversaires" du jour, il suffit de taper "éphéméride" sur votre moteur de recherche préféré ou sur Google, ce n'est pas forcément le même.

Aujourd'hui seuls deux anniversaires comptent réellement.

Hiroshima, ma haine, évidemment. 70 ans déjà, 75000 morts immédiats, des dizaines de milliers de personnes irradiées et/ou décédées après, plus une victime solitaire, l'Humanité, à laquelle on hésite à mettre un grand H en cette circonstance. Une décision purement politique des USA, une tache indélébile sur les USA et sur le Japon (en ce qui concerne la seconde bombe 3 jours plus tard). Une honte, pure et simple, no comment. Le fait d'invoquer des arguments justifiant cette bombe sous prétexte d'éviter une longue guerre et plus de morts est une démarche qui questionne le politique. Son cynisme, son réalisme. Son mépris de l'individu en tant que tel, au bénéfice de la notion de peuple, notion magnifique par essence mais effrayante quand elle nie l'individu. D'autres invoquent l'horreur pure comme un moyen de ne plus reproduire cela (3 jours après ?) et d'en tirer des leçons. Le concept de dissuasion nucléaire est venue de là. A-t-il encore un sens aujourd'hui lorsque des terroristes (vrais ou faux États ou groupements) peuvent se saisir facilement de telles armes ?

Je me souviens d'une très belle nouvelle de science fiction dont il faudra que je vous retrouve le titre. Elle est issue d'un des recueils de l'anthologie classique des "histoires de" chez le livre de Poche. On y voit un journaliste engagé pour la paix venir au domicile d'un savant en train de finaliser l'invention d'une arme de destruction massivement massive. Il essaie de persuader ce savant de ne pas construire cette arme, mais tous ses arguments se heurtent au mur de la science, de l'obstination et de la commande politique. En partant, dépité, il fait un sourire au petit enfant du savant, à quatre pattes dans le salon et lui laisse un petit cadeau. Après avoir raccompagné le journaliste, le savant revient vers son bébé et sursaute en voyant le "cadeau". Puis il s'exclame un truc du genre : "il faut être fou pour laisser un pistolet chargé entre les mains d'un bébé". Fin de l'histoire.

Il y a donc anniversaire et anniversaire, célébration ou commémoration, en général autour de chiffres ronds : 1, 5 ou toutes les dizaines puis les centaines d'années. Pourquoi ne célèbre-t-on pas des chiffres autres, tous les 7 ans par exemple ? Le système décimal nous hante de partout.

C'est ce qui distingue ces anniversaires là des anniversaires privés, qu'on fête ou pas chaque année. Alice et le chapelier fou préféraient célébrer les non-anniversaires et il est vrai qu'il y en a plus dans une année. Certains les fuient comme si l'âge était une tare. Ils ont tort, c'est un moyen de se retrouver, de se questionner de penser à soi et aux autres, que cela soit agréable ou pas ;)

Carpe diem. Acceptons nos âges quels qu'ils soient. 
C'est mon anniversaire aujourd'hui.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire