mercredi 30 septembre 2015

Un nouveau regard sur le monde

Pour certains, le monde ne change pas vraiment. En général ce sont les pessimistes qui disent ça, quoique les vrais pessimistes disent que ça va toujours de mal en pis. Les partis politiques sont par exemple toujours autant perçus comme des maux nécessaires, et les aventures de EELV en sont un bon symptôme avec une autre démission fracassante ce matin. L'état général du monde et de ses violences est également un sujet sur lequel on a toujours l'impression que les états de guerre (et les Etats en guerre) sont aussi nombreux, même si c'est trompeur puisqu'à de rares exceptions près ce ne sont pas toujours les mêmes qui sont en guerre ou en crise profonde.

Pourtant le monde change en permanence. Peut-être est-ce notre regard sur le monde qui ne change pas assez, en restant fixé sur des époques révolues. Cela doit plus toucher les personnes âgées, mais n'allez pas croire que les jeunes soit à l'abri. On est presque toujours la personne âgée d'un plus jeune que soi, même en étant ado ou jeune adulte.

Alors ça fait du bien de changer de regard, quand ça arrive.
Hier, j'ai changé de regard, laissez-moi vous raconter.

Opéré d'un oeil - un cristallin artificiel corrigeant ma vue - il y a quelques années, j'ai vu ma vue baisser un peu, si j'ose dire, récemment. Doucement, comme le lent glissement progressif du déplaisir. Je suis donc allé voir mon ophthalmo préféré - et qui m'avait opéré - et en deux temps trois mouvements, il m'a lancé une vingtaine de coups de laser dans l'oeil. Un geste simple, sans douleur, moi assis tranquillement comme pour un examen normal de lunettes. Cinq minutes en tout. Un geste fréquent, semble-t-il, dans ce genre de situation, sans conséquences et qui visait à "nettoyer" quelques saletés autour de mon cristallin. Un geste qui ne devrait même pas être à reproduire. Un de ces miracles quotidiens de la médecine moderne, quand elle s'attaque à des problèmes connus et maîtrisés.

Et ma vue est redevenue comme au lendemain de mon opération.
Une vue parfaite de près et de loin.

Un nouveau regard sur le monde donc. Une capacité à voir tous les détails du paysage et des monuments à Paris par exemple. Un émerveillement de re-constater la beauté du monde autour de nous, dans son fourmillement de détails tous plus fascinants les uns que les autres. Une vision claire et nette du monde comme s'il était un monde neuf - en tous cas pour nous, les myopes. C'est encore mieux que de changer de lunettes. C'est comme si on naissait à un monde nouveau, à sa lumière et au contraste des choses, et des gens.

Cela peut vous apparaitre comme un détail, mais la netteté du regard et la capacité de s'émerveiller face à un monde qui n'a pas eu le temps de changer en quelques heures (avant-après) sont des puissants facteurs pour faire évoluer le monde, de mon point de vue. Il suffit finalement de peu de choses pour être capable de comprendre mieux le monde. Et d'agir dessus, donc, si on le souhaite. Mais comment ne pas le souhaiter après une telle transformation ?

Evidemment, la nouveauté va s'estomper, comme toutes les nouveautés. Mais le plaisir et la joie sont là et j'ose espérer qu'ils sont durables et pérennes. Alors, oui, essayons de rester capable d'étonnement devant le monde, même sans opération, faisceau laser ou nouvelles lunettes.

Car finalement l'ennui et l'uniformité molle sont les pires ennemis de l'avenir.

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