vendredi 16 octobre 2015

Eau, gaz et social à tous les (ét)âges

La grande conférence sociale de François commence lundi. Elle se veut comme un moment clé du quinquennat-seconde-partie. Il faut dire qu'il y a du pain sur la planche, mais beaucoup de couteaux autour de la table pour le couper en mille morceaux, le décomposer en miettes et couper les écheveaux en quatre.

Ce vendredi prend donc une signification particulière, quels que soient les âges et les situations des personnes concernées.

C'est demain la journée internationale pour l'élimination de la pauvreté (povertyday) sous l'égide de l'ONU. Elle est aussi connue sous le nom de journée mondiale du refus de la misère (ATD Quart Monde), ce qui est beaucoup plus percutant. Il n'y a pas que dans les pays pauvres qu'il y a des pauvres. Il y en a en France aussi. Le seuil est fixé à 1000 euros par mois en France (8 millions de personnes en dessous), alors que les études montrent que pour être socialement intégré, il faut au minimum 1400 euros par mois. Net, évidemment. Alors cela pose de multiples questions sur ce qu'on appelle pudiquement "les minima sociaux" que la droite voudrait supprimer ou réduire et que la gauche ne sait pas augmenter. Article militants ici sur Mediapart et ici en Alsace. Rappelons que les pauvres ne sont pas tous sans travail, mais que ceux qui sont sans travail sont souvent pauvres.

Pour les jeunes, c'est le jour de la grande manif nationale pour l'enseignement supérieur et la recherche. Cette manif part de Jussieu (moins amiantée qu'avant) et arrive à Bercy. On ne manifeste plus aujourd'hui vers le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche tout proche de Jussieu, car cela ne sert à rien. Les vrais décisions se prennent à Bercy par les financiers, point final. Les universitaires sont pragmatiques et vont donc droit au but. Ils réclament des moyens pour ce secteur, en ordre dispersé, chacun avec ses revendications évidemment contradictoires, mais ils manifestent ensemble : lycéens inquiets pour leur avenir dans le supérieur, étudiants en surnombre dans des amphis surchargés (ma salle de cours va craquer), chercheurs inquiets de la montée en puissance des contrats temporaires et des vacataires, laboratoires sous-équipés, présidents d'universités en manque de budgets pour boucler l'année.

Pour les vieux (retraités) c'est la journée de reprise des négociations sur les régimes de caisses complémentaires. Il s'agit de voir comment équilibrer les comptes de ces caisses, compte tenu du papy-boom. Le MEDEF veut repousser l'âge de la retraite sans le dire en créant des malus si on part trop tôt et des bonus si on part plus tard. Les syndicats de salariés veulent que les entreprises cotisent plus. Il s'agit bien ici des régimes complémentaires, pas du régime de base. S'il n'y a pas d'accord bientôt, l'Etat devra reprendre ces régimes à son compte et personne n'appréciera. C'est un débat pour les vieux, mais il touche aussi les jeunes du paragraphe ci-dessus. Car si les vieux travaillent plus longtemps pour avoir une retraite décente, les jeunes n'ont pas d'emploi libre. Un système classique de vases communicants.

Pour les intermittents du spectacle et autres travailleurs du secteur culturel, le discours de Valls ne les a pas rassurés. Ils doivent aujourd'hui rendre leurs conclusions sur ce qui peut/doit être fait pour eux dans le secteur culturel et artistique. Ce n'est pas la série Dix pour Cent sur France 2 qui va les rassurer. Tous protestent entre autres face à cette tendance qui privilégie le travail amateur (et non ou peu rémunéré) et ces sites "collaboratifs et participatifs" qui exploitent les graphistes et autres professionnels spécialisés en les faisant travailler gratuitement dans une concurrence sauvage et uberisée. Les intermittents ont une capacité de nuisance forte dans notre société du loisir, rappelons-le. Et le travail gratuit leur déplait fortement. A vous aussi, non ?

Pour les chômeurs de tous âges, par contre, c'est un jour normal et aussi désespérant que les autres.

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