jeudi 3 décembre 2015

Dordogna fluctuat nec mergitur (idem)

Paris tente de se réveiller après les attentats, en pleine COP21 et élections régionales - particulièrement tendues ici. Sa devise est de plus en plus visible. Apparue spontanément après le 13 novembre, elle commence à fleurir un peu partout notamment grâce à une campagne de pub organisée par la Mairie. Une réappropriation de symboles, particulièrement nécessaire en ce moment. En ce qui concerne Paris, cette devise est ancienne mais n’a été officialisée que par le préfet de Paris, un certain baron Haussmann, en 1853. Lire ici son histoire. Enfin, elle est surtout devenue populaire grâce à Brassens et ses copains d’abord, potaches en cours de latin.

Instagram / Norbert_Goff

Mais d’autres endroits auraient bien besoin d’une telle devise de résistance et de courage : la Dordogne est face à une crise importante pour elle, depuis la découverte de cas de H5N1 dans des élevages du coin, avec des milliers de canards et d’oies abattus, et l’interdiction d’exporter animaux vivants et oeufs. Cela faisait au moins huit ans. Ca ne sent pas bon pour le foie gras, principal produit d’exportation de la région. L’Etat a beau rappeler que ce virus ne se transmet pas à l’homme par simple ingestion de produits alimentaires - comme le foie gras, le magret ou le confit - cela jette un froid en pleine période d’achat de foie gras et de fêtes. La Corée (du Sud) a déjà annulé ses importations prévues...

Evidemment, juste avant les élections et les fêtes, les médias restent discrets sur cette catastrophe départementale, régionale, que dis-je, française, mondiale, voire même galactique. Ne troublons pas le consommateur. Tant pis pour le principe de précaution largement utilisé lors des dernières crises similaires pourtant - mais c’était des produits non français... Tant pis pour l’image de qualité supérieure liée aux produits français, tant utilisée pour obtenir des subventions et des prix imposés au détriment du consommateur. Il n’empêche que les producteurs sont inquiets,  même ceux qui sont loin de la Dordogne, car le consommateur ne regarde pas forcément d’où vient le foie gras qu’il achète (ou qui lui est servi au restaurant).

C’est donc sans danger de manger du foie gras... La cuisson détruit le virus... Tant pis pour le foie mi-cuit. Enfin, sans danger... Pas plus que d’habitude en tous cas pour votre taux de cholestérol. Mais que diable, ce sont les fêtes, et on doit faire la fête, ne serait-ce que par esprit de résistance ! Et tant qu’à la faire, autant la faire avec du foie gras, non ? Ou du pâté comme on dit là-bas, puisqu’on en mange partout et à toute occasion. Il y aura de l’ambiance sur les marchés au gras en Périgord et les noms de volailles vont voler...


Bon, je vais m’acheter un petit foie gras, moi... et oui je sais, en latin on dit Duranius pour Dordogne... Mais c’était avant Charles Martel.

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