mercredi 27 janvier 2016

Taubira valse, Valls ira-t-au but seul

La réforme constitutionnelle approche. Moment politique fort du quinquennat de François à plusieurs titres.

C'est ce moment qui a été judicieusement choisi pour la démission de Christine Taubira de son ministère régalien de la justice. Elle sera remplacée par un proche du premier Ministre, actuellement président de la commission des lois à l'Assemblée, celle-la même qui entend aujourd'hui en avant-première Manuel Valls qui va présenter le projet de réforme de la Constitution. Jean-Jacques Urvoas, le nouveau garde des sceaux avait été chargé d'élaborer un compromis. Un homme de compromis ? Après une femme entière et pleine de ses convictions d'une gauche humaniste et sociale ? Madame Taubira a choisi ses mots sur Twitter, avec deux tweets postés tôt ce matin. L'un pour affirmer la prépondérance de la Justice, l'autre pour affirmer sa fidélité à ses idéaux.





Belle sortie. A point nommée. Attendue depuis le clash sur le projet de révision constitutionnelle. Chapeau, Madame.  Même si vos positions sur les libertés numériques ont été largement trop timides. Le nouveau ministre de la justice est, quant à lui, encore plus dur sur les libertés numériques. Les défenseurs s'en inquiètent même déjà...

Le prochain remaniement sera-t-il plus large ? L'ouverture vers le centre et d'autres composantes de la gauche "non radicale" se précise. Les écolos de l'Union des démocrates pour l'écologie (ou à peu près), anciens transfuges d'EÉLV, piaffent, comme certains un peu plus au centre. A gauche toute, on se réjouit de la sortie d'un des symboles de la gauche de gauche. A droite on se réjouit de celle d'une ennemie de la droite. Même les anti-gays se réjouissent comme si c'était un désaveu du mariage pour tous (tout en s'attristant de la position de Sarkozy qui annonce dans son livre ne pas vouloir toucher à la loi Taubira sur le mariage), alors que François a en fait salué son oeuvre, notamment et justement pour la reconnaissance des droits des homosexuels. François est triste, lui. Il a perdu une alliée et une caution, présente depuis le premier jour dans son gouvernement. Mais il ne pouvait décidément plus faire avec.

La Constitution, c'est une autre affaire. Une constitution c'est un mélange de politique et de juridique. La Justice applique le droit, défini par la Constitution, les lois, la jurisprudence et des principes universels, notamment internationaux. La Constitution modifie le droit, donc la Justice, mais elle n'est que la première des lois. Pas plus. Le fameux débat sur la déchéance de nationalité qui a pollué toute discussion intelligente sur cette révision constitutionnelle, va arriver à son terme avec l'annonce du texte qui sera soumis au Congrès. Aucune mention des bi-nationaux n'y sera faite afin de plaire à la gauche de la gauche et de ne pas encourir une censure à cause de discriminations entre français (nationaux ou bi-nationaux). Le texte devra être consensuel pour passer. Retour à un débat plus serein où l'on peut se consacrer aux autres aspects du projet, comme un état d'urgence plus facile à mettre en place... Le texte est donc défendu par le premier Ministre, juste accompagné de M. Urvoas. A l'unisson, sans discordances.

Madame Taubira introduisait l'épice intelligente dans les débats, et la passion dans les convictions. Le gouvernement Valls a mis le temps ;) mais il devient de plus en plus homogène autour des ses orientations social-démocrates. Et de plus en plus masculin : égalité de surface, mais aucune femme à la tête d'un ministère régalien. Faut pas pousser mémé dans les orties !

Christiane Taubira a cité Aimé Césaire : «Nous ne livrerons pas le monde aux assassins d'aubes»

En hommage, un petit lien vers mon billet sur elle, le 6 novembre 2013 au plus fort des attaques contre elle.

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