lundi 25 avril 2016

Les sanglots longs des violons

La musique existe autour de nous, partout et tout le temps. Qui n'a pas une musique qui trotte dans la tête le matin en se réveillant ou au détour d'un mouvement qui évoque un souvenir enfoui ? Ceux qui ont une âme un peu plus musicale sont capables de capter cette musique qui nous entoure. Les autres se contentent d'écouter et de vivre la musique créée et interprétée par des musiciens.

Nous avons besoin de musique, pas seulement pour adoucir nos moeurs ou parce que la langueur monotone nous est indispensable, dans la chanson de l'automne de Verlaine ou d'ailleurs. Il y a toutes sortes de musiques et certaines ne nous plaisent pas. Nous hérissent même. Mais il y en a tant qui nous sont indispensables...

Alors quand un musicien meurt, ce n'est pas comme une bibliothèque qui brûle, puisque les enregistrements restent, mais c'est tout un potentiel de musique qui disparaît. Quand un musicien meurt, un nombre incroyable de gens googlisent sont nom, visionnent sur YouTube des vidéos ou téléchargent des méga-octets de morceaux de musique. Il y a un marché de la mort en musique qui est effrayant, comme tous les marchés.

La musique ? La musique est l'art consistant à combiner sons et silences au cours du temps... La musique sans musicien est-elle possible ? Comme disait je ne sais plus qui à propos de quelqu'un d'autre, à l'époque de Mozart : "il fait de la musique, mais ce n'est pas un musicien".

Alors quand de vrais musiciens disparaissent, on se sent crispé de l'âme. Après Prince, il y a eu ce week-end, et dans des registres très différents, Papa Wemba le roi de la rumba congolaise qui fait danser l'Afrique et Billy Paul, le papa de Me ans Mrs. Jones, le slow qui a tué tant de couples dans les boîtes de nuit.

Les musiciens meurent comme tous les autres humains, mais ils nous laissent un héritage puissant à travers leur musique. Il en meurt beaucoup en ce moment, car beaucoup ont éclos dans les années 60 et 70, au moment de l'apparition des moyens modernes de diffusion de leurs créations. On en parle plus donc. Pas de malédiction anti-musique ou même anti-culture. Juste un phénomène de génération, portée par le disque sous toutes ses formes et les télés et les radios. Car l'image est venue au secours de la musique depuis ces années là. Et l'image animée et musicalisée représente aujourd'hui le mode majeur de consommation de la musique.

Mais pas que. Prenez l'exemple de Yann Tiersen qui a atteint la gloire internationale depuis sa musique du film Amélie, basée en grande partie d'ailleurs sur ses albums précédents et très confidentiels. Il vient de sortir une nouvelle musique Noël dernier. Eusa, un album qui porte le nom de son île, l'île d'Ouessant en breton. Mais à part un clip vidéo officiel réalisé sur l'île pour l'un des morceaux, il n'a diffusé sa musique que sous forme d'une partition papier pour piano, dans un joli livre (qu'on m'a offert, naturellement). Une musique écrite donc. A lire pour ceux qui savent la lire. A jouer pour ceux qui savent la jouer au piano. Pour "entendre" cette musique il faut donc la lire, la jouer ou aller la chercher sur YouTube jouée par des amateurs ou pros... mais pas par Tiersen lui-même, sauf ce morceau.



Alors oui, longue vie aux musiciens et longue éternité à la musique elle-même !

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