lundi 4 avril 2016

#PanamaPapers Ci-gît la finance mondiale, merci ICI-J

Chaque année voit son scandale financier arriver et 2016 s'annonce un bon cru. Après la série des Leks (SwissLeaks en 2015, LuxLeaks en 2014, OffshoreLeaks en 2013, Wikileaks en continu depuis 2010 avec un Julian Assange réfugié à l'ambassades de l'Equateur à Londres depuis 2012...) voici les Panama Papers, premier du nom d'une série qu'on espère longue, en tous cas jusqu'à fin de ce type d'affaires, et c'est pas pour demain.

Pourquoi ne pas avoir parlé de PanamaLeaks ? Mystère. Je ne vois qu'une seule explication, la taille gigantesque des données captées (et transmises par le mystérieux lanceur d'alerte), dix fois plus grande que la dernière affaire. Une irruption du big data dans la finance journalistique. La preuve aussi de la puissance d'un réseau humain (l'ICIJ) pour dépouiller en un temps record de telles masses de données. Une manière aussi d'humaniser l'affaire, car ce qui compte c'est le contenu (les papiers) et pas le contenant (la fuite dans un flacon fêlé), c'est là où est l'ivresse, non ?

La source initiale est le Süddeutsche Zeitung en Allemagne...


La source à lire c'est Le Monde bien sûr, qui avec France 2 pour les vidéos dans Cash Investigation a participé pour la France au consortium spécialisé monté par l'ICIJ. On a déjà parlé de l'ICIJ à plusieurs reprises sur ce blog, voir les liens au début de ce billet). C'est un marronnier du printemps financier dans les paradis fiscaux. Ces médias vont nous distiller les informations au fur et à mesure, avec à la fois un plan préétabli et des pochettes surprises au cas où. Si ça vous intéresse, il suffira de parcourir ces médias régulièrement.

Un article de synthèse en ce lundi matin ? C'est ici. Pourquoi reformuler ce que les journalistes ont écrit ? 107 rédactions dans 76 pays ont été associées à l'enquête, chacune dans sa zone de prédilection. Chaque média travaille en effet plus sur les personnalités et les entreprises de son pays ou qui y sont étroitement liées, ainsi que sur quelques cas emblématiques mondiaux, de Poutine à l'Arabie Saoudite en passant par la FIFA ou quelques jolies grandes banques internationales. Il est à ce titre intéressant de parcourir les médias d'autres pays pour recouper les informations, surtout dans les pays francophones. Pour les USA, vous repasserez dans quelques jours, les informations divulguées sont pour le moment très faibles.

Certains médias sont plus réticents à en parler évidemment. Lu ça ce matin sur le site des Echos par exemple "Les #panamapapers semblent bien partis pour être la bombe de la semaine à l'échelle de la planète. Sauf surenchère d'attentat djihadiste." Ce type de médias met l'accent sur les personnalités (fraudeurs ou corrompus présumés) plutôt que sur les entreprises. Ca vous surprend ?

Le Figaro, une source d'informations lue par la plupart des directeurs financiers, nous montre la carte des paradis fiscaux répertoriés par l'OCDE (un article paru opportunément il y a deux mois et réactualisé ce matin) avec un lien vers le tableau détaillé pays par pays (pdf). La France est dans la catégorie des meilleurs élèves (un cran au-dessus des USA, de l'Allemagne ou du Royaume-Uni par exemple), c'est un fait à noter. On notera par ailleurs la mauvaise prestation d'un certain nombre de pays francophones : Liban, Vanuatu, Chypre, Luxembourg et Seychelles... parmi les pires.

Alors il est peu probable que vous soyez concernés par cette histoire, mes chers lecteurs, bien qu'elle ne soit pas réservée aux plus riches. Cela n'empêche pas de réfléchir à cette course à l'échalote et à l'armement entre fraudeurs et chasseurs, dans un monde pas si mondialisé que cela.

Envie d'aller en vacances au Panama ? Vous avez le choix entre cet article et celui-ci. Oui, oui, il y a aussi des locations de villas de luxe là-bas, pas de problème. A moins que vous ne préfériez habiter en ville ? C'est tout le charme des paradis (fiscaux) non ?




PS : Merci à Charles pour ce lien vers un ouvrage vieux d'un siècle et pas de n'importe qui...

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