jeudi 26 mai 2016

De l'influence bloquante et de la presse bloquée

Ce jeudi, on ne trouve pas de presse "nationale" dans les kiosques, sauf l'Humanité. Commentaires ci-dessous, du point de vue d'un blogueur en ligne quotidiennement et sans interruption.

C'est le troisième jeudi de blocage de la presse depuis le début des manifs (fin mars et fin avril). C'est organisé conjointement avec la journée nationale de protestation contre la loi travail. Le principal syndicat concerné est la CGT-Livre qui contrôle beaucoup d'imprimeries. La presse vit régulièrement de telles journées sans parution et chaque journal concerné adopté une stratégie différente pour contrer cela, notamment en mettant en ligne gratuitement l'édition du jour, puisque les journalistes et techniciens travaillent, eux. La presse est fragile et son modèle économique encore plus, à l'heure de l'Internet et des géants du numerique et de la pub qui ponctionnent ses recettes. Dans un pays démocratique, on est toujours triste et atterré lorsque la presse "libre" ne paraît pas. Surtout que cette grève ne concerne pas du tout le secteur de la presse, ni aucune revendication catégorielle directe dans la branche.


Les futurs kiosques à Paris, qu'on espère pleins !

Cette grève, à l'initiative de la CGT, le syndicat le plus en pointe dans le mouvement actuel, a été décidée au dernier moment. Un seul journal paraît aujourd'hui, l'Humanité. Les patrons des journaux interdits d'impression protestent et accusent directement la CGT : celle-ci aurait voulu leur imposer la parution d'une tribune du secrétaire général de la confédération, Monsieur Martinez. Les patrons ayant refusé (tous sauf l'Humanité) se seraient donc vus interdits de publication, en représailles. Le fait que l'Huma soit l'ancien journal officiel des communistes, éloigné du PC mais de plus en plus proche des mouvements syndicaux et sociaux (la CGT en premier) ne serait pas étranger à l'affaire. Le site de l'Huma est ici, la tribune  et une analyse de la situation ici (par un journal gratuit qui ne vit que de la pub). Ah zut, la tribune n'est pas consultable en ligne gratuitement, il faut acheter le journal papier ou payer en ligne. Dommage. Le titre de la tribune est pourtant alléchant pour les amateurs de tracts habituels : "La modernité c'est le progrès social, pas la loi travail !"

Vous avez peut-être remarqué la quantité inhabituelle pour ce blog de conditionnels dans le paragraphe précédent. Après tout, tout est possible. Les anti CGT primaires auront choisi leur interprétation manipulatrice, les connaisseurs du secteur de l'édition et du rôle des syndicats sauront de quoi je parle sans en parler, les syndicalistes CGT qui lisent ce blog auront au moins la délicatesse de reconnaître que ces conditionnels représentent ce qui se dit sur la place publique. A vous de choisir. Comme cette journée est assez chaotique un peu partout, y compris au sein du gouvernement qui dit tout et son contraire sur la loi travail selon la personne qui parle, il ne s'agit pas de rajouter de l'huile sur le feu. D'autant plus que l'Humanité est un journal fragile, cycliquement en crise financière et qui survit principalement à l'heure actuelle grâce à ses lecteurs et à ses sympathisants historiques (ou enfants de). Lire ici un état des lieux de la crise interne à l'Huma. 

Vous remarquerez que l'Huma profite de ce numéro à grand tirage (espéré) pour parler (déjà) de la fête de l'Huma...

La presse est nécessaire, toutes tendances et opinions confondues, surtout ici et maintenant. Mais de là à se coucher devant un diktat quelconque il y a un pas de géant. Si les accusations de chantage de la part de la CGT se révèlent exactes contre des journaux, c'est alors un scandale démocratique évident. J'espère que non. Suis-je naïf ?

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