mercredi 25 mai 2016

Petit résumé actuel de Macron-économie

Les économistes parlent souvent de macro-économie et de micro-économie. La première est pour les grands mouvements (agrégats) et les équilibres au niveau d'ensembles assez larges comme le monde, l'UE, un pays ou une région. La seconde est plus classiquement au niveau des entreprises ou des entités productives dans le monde réel ainsi que des individus noyés dans le marché. C'est une simplification, mais elle est instructive à l'heure de la naissance de la Macron-économie, autour d'un homme jeune qui a le vent en poupe.

Au-delà du néolibéralismelogisme, on est en plein dedans à plusieurs titres :

  • Les mouvements sociaux actuels sont soit anti-loi Travail soit au niveau des négociations et rapports de force internes aux entreprises (SNCF, Total, RATP). En ce sens ils sont micro et macro et alternent entre les deux comme souvent. La loi va-t-elle trop loin, ou pas assez ? Est-elle un "juste" équilibre ? Un gouvernement officiellement de gauche a-t-il le droit moral pour proposer une telle loi ? Que fera la droite quand elle reviendra au pouvoir (si ?) ? Est-ce un test de la puissance en déclin des syndicats pour montrer qu'ils ne se laisseront pas faire, ni par la gauche, ni a fortiori par une droite encore plus musclée, notamment dans les cent premiers jours que tous les candidats à la primaire de droite nous promettent ? Est-ce l'affirmation d'une ligne social-démocrate décomplexée qui s'assume ? Est-ce une bataille entre syndicats réformistes ou non, avec élections professionnelles en vue ? Est-ce une bataille entre politiciens pour faire chuter l'autre ?
  • Le récent interview de Macron dans les Echos par des économistes libéraux est révélateur. Il propose d'aller plus loin que la loi Travail tout en restant de gauche... et en allant moins loin que ce que la droite annonce. Cet interview a été relu par François, ce n'est donc pas une n-ième provocation de Macron contre son président bien-aimé. C'est évidemment un piège pour le Premier ministre actuel. Une sorte de piège à la Iznogoud s'il y avait eu trois échelons à Bagdad, comme un calife, un grand vizir qui veut devenir calife à la place du calife et un petit vizir qui veut devenir grand vizir à la place du grand vizir... Il insiste d'ailleurs sur la différence entre la politique politicienne (et vaine) et la politique réelle pour transformer le pays (la sienne)... Il proposera un diagnostic du pays puis un plan d'action "progressiste" en septembre, avec toutes les subtilités du mot en France que cela implique...
  • Le décalage entre discours et réalité n'a jamais été aussi fort, en tous cas dans l'esprit du peuple. Je prends deux exemples :
    • la panique des automobilistes pour se procurer du carburant se propage. Jamais la consommation de carburants n'a été aussi forte car personne ne croit le ministre des transports quand il dit qu'il n'y a et n'aura pas de pénurie. 25% des stations-service manquent de carburant aujourd'hui et l'Etat a dû attaquer les réserves stratégiques (à raison d'un jour pour un jour, ce qui permet de tenir 3 mois à ce rythme). La parole publique a de moins en moins de poids, même quand elle est écrite. Chacun pour soi  et pour sa propre houature comme dirait Queneau !
    • Dans le monde de la recherche scientifique c'est le scandale. Les coupes annoncées la semaine dernière ont déclenché un tollé (en qualité et en quantité) qui s'est traduit par la pétition des Nobel. Puis le gouvernement a reculé en disant, non, non, ce ne sont pas des coupes mais seulement des ponctions sur les "fonds de réserve" qui ne servent à rien, ce que contestent évidemment et à juste titre les acteurs de la recherche, d'où un deuxième flot de protestations, en attendant une négociation pour le budget 2017, ce qui nous promet aussi un automne chaud. Lire ces deux articles pour comprendre, ici et . Le parallèle avec la loi Pécresse est évident, mais c'était sous Sarkozy et depuis elle st devenue patronne de la région Île-de-France avec la haute main sur... les universités franciliennes... Tous ceux qui savent ce qu'est un fonds de réserve se marrent, pas dupes, car une institution en a besoin, au risque de ne pas payer ses employés ou ses sous-traitants... Déjà que l'Etat est en retard sur tous ses paiements !
Un point commun, ou plutôt deux : l'absence de dialogue préalable et le fait de puiser dans les réserves (de carburant ou les fonds de réserve), une tactique à très court terme... C'est là que les difficultés commencent. L'art de la négociation est difficile et suppose que plusieurs parties aient envie de se parler. On est dans l'affrontement, encore limité, et dans une logique de jusqu'au boutisme. Les gros bras avant la sortie de crise ? En tous cas, dans les conditions politiques actuelles, François ne peut plus reculer, s'il veut avoir la moindre chance de se faire réélire (j'ai écrit "moindre") ou même s'il veut ne pas perdre la face, somme disait Sun Tzu dans l'Art de la Guerre.


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