lundi 27 juin 2016

Le vote ça sert à quoi ?

La notion même de vote est en train d'en prendre gros sur la patate en ce moment. Mettons à part les aphorismes classiques :
"La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous" de Churchill le magnifique insulaire anglais ;
"La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou plusieurs élus puis à se désintéresser, s'abstenir, se taire pendant cinq ans. Elle est action continuelle du citoyen non seulement sur les affaires de l'Etat, mais sur celles de la région, de la commune, de la coopérative, de l'association, de la profession. Si cette présence vigilante ne se fait pas sentir, les gouvernements (quels que soient les principes dont ils se recommandent), les corps organisés, les fonctionnaires, les élus, en butte aux pressions de toute sorte de groupes, sont abandonnés à leur propre faiblesse et cèdent bientôt, soit aux tentations de l'arbitraire, soit à la routine et aux droits acquis ... La démocratie n'est efficace que si elle existe partout et en tout temps." de Mendes-France le penseur de la France moderne ;
" Un référendum c'est une excitation nationale où on met tout dans le pot. On pose une question, les gens s'en posent d' autres et viennent voter en fonction de raisons qui n'ont plus rien à voir avec la question." de Rocard le cynique réaliste...

Il y a le referendum britannique, qui reste pour l'instant un referendum tant que l'article 50 n'a pas été invoqué officiellement par le pouvoir britannique auprès du Conseil européen, et cela risque de prendre du temps : de quelques semaines selon les désirs ce certains européens dont Hollande, à quelques mois si l'on en croit Cameron et sa volonté de rester premier ministre jusqu'au congrès de son parti prévu en octobre, afin de laisser au prochain premier ministre l'initiative de ce dépôt, sans oublier la possibilité de ne jamais déposer cette demande de retrait mais de laisser trainer les choses tout en négociant des avantages à chaque pas, comme le soupçonnent certains diplomates chevronnés face à une diplomatie britannique rodée à ce type d'exercice. Cette semaine sera décisive, avec force réunions attendues.

Sur ce referendum, les jeunes sont en colère puisque ce sont les vieux qui ont voté pour quitter l'UE alors que les jeunes voulaient majoritairement y rester. Un bon exemple des limites du vote dans une société vieillissante avec de plus en plus de personnes âgées et conservatrices, face à des jeunes qui ne votent pas. Un des paradoxes de la démocratie directe.

Il y a le référendum local (ou plutôt consultation locale) sur NDDL qui a débouché dimanche sur une approbation du projet d'aéroport de Nantes délocalisé, après des dizaines d'années de valse-hésitation. Un vote sans équivoque, à l'échelle de la démocratie, puisque 55% c'est nettement plus que d'habitude pour une majorité. Un résultat aussitôt dénoncé par les opposants (locaux mais aussi écolos canal historique) alors même qu'ils avaient appelé à voter massivement.

Sur ce referendum, le fait de dénoncer sans aucun scrupule un résultat qui vous déplait est un signe d'immaturité politique et citoyenne, d'irresponsabilité. La démocratie ne peut pas s'embarrasser de telles critiques. Par contre, la démocratie doit être directe et permanente. Elle ne doit pas se limiter à quelques sujets pris en otage entre deux tranches d'actualité, aléatoires ou manipulées.

Il y a les élections espagnoles où la droite a renforcé ses positions, ainsi que le PS, au détriment de Unidos Podemos, le parti qui devait tout changer. Il n'y a pas (encore pas) de majorité absolue au Parlement, mais le contexte européen devrait pousser rapidement les partis à se mettre d'accord, si les ambitions personnelles ne viennent pas perturber le jeu, comme c'est courant en France.

Sur ces élections, c'est bien le modèle de gouvernance de la démocratie espagnole qui est en jeu, avec trois blocs qui n'arrivent pas à se mettre d'accord. C'est pourtant ce qui s'est passé. Les électeurs votent pour les candidats en lice. C'est donc aux partis de désigner les bons candidats et de mettre en avant non seulement des programmes alléchants et réalistes mais aussi des possibilités d'accord avec les autres partis.

Il y a les élections islandaises pour un nouveau président, le précédent ayant disparu dans les tourbillons des Panama Papers. C'est un universitaire qui a été élu. Donc un homme intègre (non, non, je rigole sur le "donc"). L'Islande est donc sereine et prête pour son match de ce soir contre l'Angleterre (si, si, ça ne s'invente pas, c'est l'UEFA qui a tout manipulé). Ce sera le dernier huitième de finale et incidemment celui qui désignera l'adversaire de la France en quarts.

Sur ces élections, la plupart des non-islandais s'en foutent. Pourtant ce sont des élections démocratiques comme les autres et même s'il n'a été élu qu'avec 39% des voix, car elles se sont déroulées sur un seul tour avec plus de deux candidats, il a été élu. Un néophyte, plutôt jeune. Ça fait rêver non ?

Alors oui, le vote ça sert à quelque chose, comme la liberté de la presse (qui ne s'use qui si on ne s'en sert pas comme dit le Canard).



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