vendredi 24 juin 2016

To Brexit or to Brexit : ce n'est plus la question maintenant

Réveil tôt ce matin, avant 5h30 et coup de bambou sur la tête en allumant la radio. Les britanniques ont donc voté pour la sortie de l'UE, et plutôt largement. Non seulement la tendance à été renversée mais l'écart est important, avec une très forte participation. Décision du peuple, décision sans appel donc. La presse ne parlera que de ça évidemment, elle qui a largement pris parti pour le Out. Quelques réflexions personnelles à chaud avant les déclarations des VIP de la politique.

C'est un de ces rares jours historiques qu'on vit dans une vie et dont on se souviendra longtemps. Les partisans du Out ont même déclaré que c'était comme un jour de l'indépendance. Drapeaux européens en berne, si j'étais un responsable européen. Je publierai comme d'habitude à chaque gros événement une compilation de Unes de la presse britannique, française, européenne et mondiale. L'Histoire ? C'est justement aujourd'hui l'épreuve du brevet et gageons qu'il y aura un sujet en lien avec l'UE. L'Histoire n'a pas d'humour, juste des coïncidences qui font mal. Les québécois fêtent leur fête "nationale" aujourd'hui, dans une définition du in-out et de l'autonomie qui leur est propre.

On sent ses convictions intimes dans ce genre de moment. J'ai mal au ventre ce matin et mes boyaux sont profondément européens. Ils ont donc une douleur qui ne s'éteindra pas de si tôt. Car on peut dire tout ce qu'on veut des anglais et de leurs idiosyncrasies, on les aime. Les voir s'éloigner politiquement est une mauvaise nouvelle pour nous aussi. L'incertitude qui s'installe depuis cette nuit va toucher toutes les composantes de notre vie, qu'on le veuille ou non. L'incertitude en soi n'est pas un problème, à partir du moment où on se projette vers l'avenir, de manière pragmatique. C'est par contre le moment de tous les débordements avec des gens sans scrupule. On le voit aux premières réactions, chacun s'appropriant cet événement pour en tirer parti. 

L'UE touche plein de dimensions de nos vies, toutes imbriquées dans un système. Ceux qui prêchent pour un marché commun purement économique ou marchand en se disant que l'UE politique est morte sont les mêmes que ceux qui défilent pour dénoncer la politique économique d'un gouvernement. Il y a évidemment des liens forts entre tout cela et quand on coupe un brin, c'est toute la ficelle qui cède. Ceux qui opposent les élites au peuple (puisqu'il y a eu une ligne de partage dans les votes, par exemple avec Londres contre l'Angleterre industrielle) se réjouissent de la victoire du populisme. En France, le FN rigole et "exige" un référendum en France ou en Europe. Ça ne surprendra personne car ils étaient quasiment les seuls à prôner le Out, et surtout parce que Marine veut avoir le leadership en Europe de l'extrême droite : avant, l'UKIP britannique était le groupe le plus influent et Marine ne pouvait pas supporter de n'être que deuxième. Voici une opportunité pour elle, au terme des négociations UK-UE, de devenir le rassembleur dans l'UE. Comme quoi...

L'UE va devoir bouger fort. On attend des initiatives fortes. Du boulot pour François et le prochain président francais avec Angela. On attend les réactions d'autres pays très à droite pour se retirer aussi de l'UE et tout le monde pense aux Pays-Bas. On attend une Europe qui assume ses vitesses différentes, avec un cercle extérieur de plus en plus important. Évidemment, tout cela va prendre du temps, on parle de 2 ou 3 ans, car les négociations de divorce ou d'héritage seront complexes, mais c'est irréversible. Ceux qui essayent d'opposer l'Europe à l'Union européenne, comme une idée et une mauvaise incarnation de cette idée, se trompent lourdement. Former l'Europe, le réformer, la réformer, la déformer ? En tous cas, aujourd'hui, l'Europe est informée !

Irréversible, oui ! Une première en Europe.


Du point de vue britannique, en parallèle avec une sorte de désunion européenne, une des questions à venir est la désunion du royaume. Les écossais ont voté massivement pour le In et on sent venir un double référendum pour à la fois quitter ce royaume et rester dans l'UE. Idem pour l'Irlande du Nord puisque la frontière européenne passera maintenant au milieu de l'île. Resteraient alors Angleterre et Galles. Je vous renvoie à ce vieux billet  sur la situation britannique au moment du référendum sur l'indépendance de l'Ecosse en septembre 2014 avec la question complexe des drapeaux. Qu'en dit la Reine et le futur roi (de quoi en fait) ?

Alors ce matin, en dehors de toute analyse, c'est le dégoût qui m'habite. Pas le dégoût des électeurs, ni celui des politiciens britanniques qui ont joué avec le feu et se sont brûlés en même temps que leurs territoires. Mais le dégoût d'une situation et de ceux qui vont l'exploiter avec gourmandise à leur seul profit.  Comme Trump qui arrive "par hasard" en Ecosse ce matin pour inaugurer "un de ses golfs"...

Je vous souhaite une bonne journée. 
Je vais aller marcher dans la rue, comme ce jour d'avril 2002, au soir du premier tour lorsque Le Pen est apparu sur l'écran noir de nos cauchemars gris.
Good luck à mes amis britanniques. Et européens.



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