mercredi 31 août 2016

Qu'est ce qu'une surprise politique ? Macron Gabon Brésilon

Emmanuel Macron a donc démissionné hier comme annoncé du gouvernement. On est ici dans une surprise limitée à la question "quand et comment va-t-il le faire ?"

Beaucoup s'attendaient à ce que cela arrive plus tôt, par exemple dès le lancement officiel de son mouvement en marche ou quelque chose comme ça. Beaucoup le souhaitaient car il commençait à trop les gêner dans leurs projets personnels. Le principal intéressé, François, ne s'y est résolu que bien tard. Y a-t-il intérêt ? C'est toujours triste quand un oisillon quitte le nid parental, mais c'est inévitable. Un bon homme politique sait quand se rattacher à une bonne locomotive et quand décrocher le wagon (en général pas loin d'un aiguillage électoral). Un bon parent sait passer dessus et à autre chose. Il est vrai que le retour de Sapin comme ministre d'un super-Bercy, 25 ans après, énerve un peu ceux qui ont cru au "changement". Mais, dans ses moments là on réutilise les vieux pots de confiture, au moins ils sont solides et fiables. Le timing est parfait du point de vue de Macron, puisqu'il est libre de publier son analyse de tout ce qui ne va pas et ses propositions (qu'il a été empêché de mettre en oeuvre par le méchant Valls, oh le vilain) en pleines batailles des deux primaires entre lesquelles il se place (au centre, au sens du centre d'un cercle). Il pourra se positionner comme il veut (peut) pour la présidentielle en fonction des accords secrets passés avec François. En ayant été là pour le séminaire de rentrée, il peut tirer sa révérence en montrant qu'il sait garder le silence. Parions, ici et maintenant ;) qu'il se présentera et négociera une place avec le vainqueur, qu'il s'appelle Juppé ou Montebourg... Sur le comment, cette surprise a été bien gérée : fuites dans la presse, memes sur Twitter pour se moquer (gentiment) de sa sortie, université d'été du MEDEF, 20h de TF1 et une presse qui ne parle que de lui (pour aujourd'hui). Valls est hilare (enfin ! se dit-il) alors que c'est lui le grand perdant maintenant puisqu'il est coincé sans pouvoir se défausser sur Macron. La vraie question, maintenant est "Va-t-il se laisser pousser la barbe ?"


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Autre lieu, autre surprise : au Gabon, il semble que Ali Bongo soit réélu contre son rival Ping (pas de jeu de mot SVP). Sur le fond, il n'y a pas de surprise, l'Afrique centrale francophone nous a habitués depuis longtemps à une interprétation laxiste du mot "élection" et les dynasties en place n'aiment pas quitter le pouvoir, même momifiés. La surprise vient du score serré (avant les multiples contestations et émeutes qui ne vont pas tarder à arriver).  A cette heure, rien de définitif, mais : "En réunion plénière de la Cenap, les délégués de M. Jean Ping contestent les résultats dans une des neuf provinces du pays, le Haut-Ogooué, fief de l'ethnie Téké des Bongo. Ali Bongo obtiendrait dans cette province 95,46% des suffrages, avec une participation de 99,93% pour 71 714 inscrits, d'après le procès-verbal qui doit servir de base au débat, auquel l'AFP a eu accès. Ce score permettrait au président-candidat de remporter la victoire avec 49,80 % au niveau national, contre 48,23 % pour son rival Jean Ping, avec un taux de participation globale de 59,46 %, toujours selon ces documents provisoires."

La vraie surprise aurait été (sera ?) de voir un opposant élu dans ce pays et cette région. Même si Jean Ping a été très proche du père Bongo et qu'il a fait un passage à la tête de l'Union africaine, il est un opposant et il a réussi à la surprise générale à fédérer autour de lui d'autres opposants, ce qui est bien rare là-bas. Les bailleurs de fonds "du Nord" s'étaient massivement prononcés pour une nécessaire transparence électorale, au risque de se faire accuser de néo-colonialisme par le parti au pouvoir. Lorsque l'UE  a demandé par exemple à avoir les résultats bureau de vote par bureau de vote, la réponse du parti au pouvoir a été que la Constitution n'obligeait à fournir les résultats que région par région (il y en a 9)...  On attendra les vrais résultats avant de se prononcer, évidemment, mais on peut déjà signaler que les surprises ne sont pas toujours là où on les croit.


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Au Brésil, pas de surprise. Nulle part. Aujourd'hui, Dilma Rousseff devrait être démise de ses fonctions par le Sénat.




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