mardi 13 décembre 2016

Pluie mortelle

On n'est pas en sucre comme disait ma mère. Quand il pleut et qu'on est mouillé, comme en ce moment à Paris, mais on n'en meurt pas. Elle parlait de la pluie aqueuse qui tombe du ciel, pas des pluies de bombes qui sont lâchées des bombardiers russes sur Alep ou des pluies de gaz mortels.

Il y a aussi la pluie des bonnes paroles qui sont censées remplir les citernes des médias en même temps qu'elles vident les consciences des hommes politiques. Il y a la pluie des gesticulations médiatiques comme cette mission de trois députés (de tous bords ou presque) ayant voulu passer de Turquie en Syrie sans visa, et qui ont quand même réussi à passer à la télé. Il y a la pluie des actions indignées un peu partout, du simple RT à un "like" sur Facebook.

Pendant ce temps, la phase finale de la bataille d'Alep se déroule, avec peu d'images puisque toute vision différente de celle du tyran au pouvoir est interdite. Certains Twittos annoncent leur mort prochaine et les rumeurs/informations de massacres de civils (femmes et enfants) s'amplifient.

Il faut dire que le créneau temporel est bien choisi. Le flottement pré-Trump laisse carte blanche à Poutine, qui n'en aurait même pas eu besoin, mais ça ne mange pas de pain (comme les habitants d'Alep-Est qui n'en trouvent plus, du pain). L'Europe n'existe plus et l'ONU absente attend son nouveau secrétaire général. Un moment idéal pour massacrer. Bravo pour l'intelligence tactique et stratégique. Honte à eux sur le plan moral.

Dans quelques semaines, il est vraisemblable qu'Alep étant tombée sous une chappe de plomb et un déluge de feu depuis suffisamment de temps, l'opinion publique se soit calmée (pour le Noël orthodoxe, 13 jours après le nôtre ?). Une fenêtre de tir idéale, vous disai-je...

Bachar El-Assad sera bien exfiltré un jour, dans une jolie datcha bien surveillée, mais son régime continuera, car la Russie ne peut pas abandonner un seul de ses alliés, au risque de voir les autres se détourner d'elle, surtout dans toutes ces fausses démocraties du Caucase et plus loin. Ceux qui se plaignent de l'absence de liberté en Syrie alaouite n'ont qu'à comparer avec ces autres dictatures ou même avec la Russie. (Non, non, je ne parlerai pas ici du Gabon et de son élection présidentielle truquée, comme le constate le rapport officiel de l'UE paru hier).

En ce moment précis, des humains meurent, exécutés arbitrairement, otages des riches et puissants, dans le froid et le dénuement. Pendant ce temps Poutine lance sa campagne pour l'élection présidentielle de 2018 dans les fastes du Kremlin, et Bachar diffuse des images de liesse faussement filmées dans les quartiers génocidés libérés.



Cherchez l'erreur. L'erreur est humaine ? Oui, mais certains humains ne le sont pas...

A quoi sert de se lamenter ? Les seules possibilités morales sont d'agir, de parler, de montrer par la puissance du peuple qu'il y a une force contre les dictatures. Certains prennent les armes, d'autres prennent leurs responsabilités. Car il ne suffit pas de "donner" lorsque les habitants sont interdits d'accès à l'aide qui attend aux portes de la ville. Donner, dans ce cas, c'est fournir des moyens supplémentaires aux bourreaux. Et puis, après tout, pourquoi s'exciter sur un massacre de plus puisqu'il est si loin, en pleines courses de Noël ? Je me sens aussi impuissant que vous.

Voter ? Ca peut servir à quelque chose, de temps en temps, mais comme ensuite il faut assumer le résultat, il faut bien faire attention. En France avec Fillon ou Mélenchon ou aux USA avec Trump qui vient de nommer aux affaires étrangères (Secrétaire d'Etat) un ex d'Exxon ami et partenaire de Poutine...

 
Avant - après ou Après - Avant c'est vous qui voyez, mais c'est le souk

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