jeudi 8 décembre 2016

Pour un gouvernement ouvert, une recherche plus impliquée ?

Attention ! On ne parle pas ici d'ouverture politique avec des ministres venus de toutes parts dans un gouvernement d'union difficile à boucler autrement (quoique), mais de la conception ouverte (au sens des logiciels libres et ouverts) de la notion même de gouvernement. Ce partenariat mondial regroupe 70 pays dans le monde et en tant que co-présidente cette année, la France organise à Paris cet événement cosmique, un Sommet galactique. Le programme est ici en PDF. Il mobilise plusieurs hauts lieux de l'Etat, du Parlement au Conseil économique et social (qui ne sert plus à grand-chose si ce n'est à recaser des amis).


Cérémonie d'ouverture hier, avec Samson François à la Salle Pleyel. Un discours faiblement répercuté dans les médias, car honnêtement tout le monde s'en fout un peu. On notera sa phrase, issue du préambule au programme : "C’est à Paris qu’a été annoncée au monde la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Aujourd’hui, nous pouvons présenter au monde une nouvelle déclaration, celle des droits pour un gouvernement ouvert et pour une démocratie plus partagée".

Alors que... c'est un sujet important. Nous, citoyens, avons besoin de gouvernements transparents, nous informant et en même temps étant mis en situation d'être jugés grâce à des données partagées et publiques. La France a adhéré à ce jeune mouvement (ce n'est que le quatrième Sommet) en 2014 sous l'impulsion de François. Tout pays adhérent doit être exemplaire, et le pays président encore plus. Un beau défi pour la France. La France devrait annoncer des mesures... sauf que le timing n'est pas favorable pour ce type d'engagements de longue durée.

Une table ronde a eu lieu par exemple sur la recherche dans ce domaine (du gouvernement ouvert) : pas seulement compiler les expériences qui ont marché, mais comprendre ce qui fonctionne ou pas. Les américains sont en avance, mais avec Trump ils vont avoir du boulot ! La plupart des innovations dans ce domaine, aux USA, sont au niveau local mais pas à celui de l'Etat fédéral, c'est d'ailleurs une des caractéristiques dans beaucoup de pays. En France notre ministre Mandon a parlé de la distance entre recherche et décision politique, d'incompréhensions entre ces deux mondes. Les policy makers américains ne sont pas sur le même registre que les décideurs régaliens en France, et la recherche ne peut pas jouer son rôle de revitalisation des politiques publiques. Il y a effectivement peu de moments où les chercheurs sont associés à ces décisions. Parmi les solutions : les (trop rares) études d'impact avant tout texte législatif qui permettent de préciser les effets attendus et d'expliquer les raisonnements, les hypothèses derrière les décisions, en évaluant les alternatives ; les débats d'orientation portant sur les intentions des projets de loi quelques mois avant la discussion proprement dite. Mandon en a d'ailleurs profité pour critiquer les élites administratives et politiques issues des grandes écoles, ne connaissant ni la recherche ni les universités, et donc pas ce qu'elles peuvent leur apporter, sur les résultats évidemment, mais aussi sur la méthode de travail en réseau.

Améliorer le gouvernement et la gouvernance est devenu un impératif : c'est le meilleur moyen pour redonner confiance dans ces systèmes très souvent mal vus par les citoyens, pour imaginer des solutions concrètes à des problèmes souvent partiels, et pour bloquer les populismes qui se repaissent d'amalgames vulgarisateurs. Car la clé, c'est bien l'individu, le citoyen ou l'usager comme on veut. C'est autour de lui que doit s'organiser le système de gouvernement, pas l'inverse, et donc autour de lui que doivent se mettre en place des améliorations concrètes. Et surtout pas autour de la donnée collectée en masse. La donnée n'est pas l'individu, comme la carte n'est pas le territoire.

Alors, on verra bien ce que ce Sommet produit. En France en particulier, ce qui est tout sauf évident dans un contexte de promesses électorales de toutes sortes où tout va être bouleversé en cent jours sur des logiques régaliennes classiques (vous m'avez élu sur un programme, donc je l'applique et tant pis si les études prouvent que c'est nul).

PS et mise à jour : Je vous épargne la tribune de l'inénarrable JV Placé sur ce sujet, car lorsque les égos atteignent une telle dimension, les pompes sont tellement cirées qu'elles disparaissent et laissent apparaitre les griffes des tyrannosaures.

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