mercredi 4 janvier 2017

Et pendant ce temps en Haïti

On n'en parle pas assez souvent.


Haïti vient d'élire son président, c'est officiel depuis hier, cf le PV de la commission électorale et ses premiers mots. Peu de mentions encore dans la presse en France, sauf ici par exemple évidemment. On en parle plus au Québec, avec une diaspora haïtienne très présente. Petit rappel : on estime la diaspora à un quart de la population haïtienne...

Haïti reste l'un des pays les plus pauvres, les plus endettés et les plus difficiles à gérer au plan politique. Frappé régulièrement par des cataclysmes, Haïti est un pays de fractures dans tous les sens du terme, politiques, sociales, économiques, sismiques, cycloniques et linguistiques. Tout cela dans une région (la Caraïbe) elle-même traversée d'une diversité extraordinaire, due à des siècles d'Histoire rarement glorieuse. Depuis le séisme d'il y a presque 7 ans (dans 8 jours) et le cyclone Matthew, le monde s'interroge sur la capacité de ce petit pays modèle de rebondir.

Alors ce nouveau président, roi de la banane (et non de la canne à sucre ou du rhum), pourra-t-il gouverner ? Il a face à lui un Parlement protégé par une Constitution qui lui donne des pouvoirs immenses et dont les membres refusent pour la plupart les changements qui les mettraient en danger. Dans un pays très corrompu et où les institutions internationales et les ONG sont très nombreuses, l'aspect "pouvoir" est le plus important, sans parler des nostalgiques des dictatures passées. C'est un président jeune et dont le boulot sera double : rassurer à l'international et attirer des partenaires d'égal à égal, fédérer à l'intérieur et ne pas jouer un clan contre un autre alors même que la participation n'a été que de 21% pour son élection. La composition de son équipe sera déterminante. En tant que membre du parti Tèt kale (crâne rasé, comme Martelly, le Président d'avant, qui a fondé le parti sans en être membre), il est droite-libérale mais pas trop. Il est jeune (48 ans, ça fait rêver, non ?). Comme dirait Charlie Hebdo dans un autre contexte, le bout du tunnel ?


Il est certain qu'Haïti est un sujet moins porteur que le terrorisme islamiste, Trump et ses frasques ou Poutine et son influence spongiform, ou que les peurs qu'ils déclenchent. Mais si on réfléchit stratégiquement, et notamment pour la Francophonie, mais pas seulement, Haïti est un pays clé pour la région, par le rôle qu'il a joué à plusieurs reprises (son indépendance, puis son rôle dans les révolutions sud-américaines), par sa diaspora et par son potentiel de développement. Et c'est un peuple très (mais alors très) attachant et qui possède un grain de folie et de sagesse qu'on aimerait voir plus répandu, même si on en parle peu.


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