lundi 27 février 2017

To Robot Or Not To Robot

Petite réaction matinale à propos de robots.

J’écoutais Benoit Hamon sur France Inter, pendant que je touillais mollement mon café, en y trempant une madeleine et en regardant les yeux vitreux la lumière inonder par morceaux Paris. Je dis par morceaux, car mes paupières n’arrêtaient pas de tomber. Un comportement typiquement humain le lundi matin, bien loin d’un robot toujours sur On/Off ou Veille. Et puis, je l’ai entendu se féliciter que Bill Gates le rejoignait sur son idée de taxe sur les robots, comme si une légitimité nouvelle était apparue dans le ciel sombre de sa campagne grise.

Euh... En fait, ils ne disent pas du tout la même chose.

Robots ???
Les machines automatisées existent depuis des lustres dans tout un tas de secteurs, notamment industriels. On les appelle des robots industriels dans les ateliers de production et certains fabricants nous ont abreuvé de reportages et de publicités. Rien de nouveau ? Si, en fait, puisqu’on parle maintenant d’une autre sorte de robots, ceux qui vont remplacer des emplois d’un autre genre, tout aussi peu qualifiés, mais dans d’autres secteurs, de services ou d’artisanat. Avec un peu d’intelligence artificielle, et l’aide d’algorithmes comme ceux qu’on trouve déjà dans les bots, il s’agit de remplacer les vendeurs, les guichets des banques et autres services, les services après-vente, etc. De ce côté, les producteurs de robots ont tout à gagner avec une généralisation de ces « solutions robotisées » car, comme Bill Gates et Microsoft qui se positionne de plus en plus sur ce marché du « soft intelligent », ce qui compte pour eux est la taille du marché. Des centaines de millions de robots physiques ou virtuels, c’est des centaines de millions de taxes/licences à encaisser sur leur vente/location. Sans compter les emplois hautement qualifiés (et rares) pour les créer.



Taxes ???
Une taxe sur quoi ? Sur les robots eux-mêmes (incluse dans leur prix de location) ou sur la valeur ajoutée globale pour chaque acheteur (grande entreprise ou petite association locale comme un fablab), ce qui revient alors à une extension de la TVA pour les entreprises. Un modèle différent pour Hamon le social et Bill Gates le libéral. Le mot taxe est en effet totalement contradictoire suivant l’assiette à laquelle on l’applique (capital ou travail pour simplifier). Sur ce point, il est merveilleux de voir la confusion des genres et encore plus époustouflant de voir un socialiste de gauche comme Hamon rentrer dans ce jeu. C’est un signe (l’adoubement de Bill Gates) de déliquescence de la doctrine économique de gauche. Ou alors c’est de l’enfumage. Dans les deux cas, ce n’est pas glorieux. Vivement des avis d’économistes !

Gérées par qui ???
Est-ce que c’est à l’Etat de gérer les problèmes créés par cette situation technologique inéluctable, ou est-ce que c’est à ses auteurs ? En donnant à l’Etat sauveur le rôle de grand gentil, Hamon est cohérent avec son projet de revenu universel dont cette taxe n’est donc qu’une composante. En se débarrassant de ses responsabilités d’entrepreneur sur l’Etat, Bill Gates est aussi cohérent avec son projet de développer un marché juteux sans en payer les conséquences puisque ce sera aux clients de payer une taxe, comme une autre licence supplémentaire. Une dichotomie classique à comparer aux difficultés du principe « pollueur-payeur » contesté par... les industriels et leurs lobbies.

Pour quelle destination ???
L’argent collecté devrait servir à quoi ? Un revenu universel pour tous les gens en situation de pauvreté, pour Benoit ? Une redistribution pour accompagner les emplois perdus à cause des robots, en développant des emplois aidés dans le secteur social (non directement productif), pour Bill ? Il y a là aussi une divergence forte entre les deux argumentaires.

B&B semblent dire la même chose mais disent en fait le contraire, à moins que Benoit Hamon souhaite développer les robots créés aux USA et développer en France une société d’assistés, ce qui n’est assurément pas le cas. Bill Gates est intelligent, connait la technologie et sait ce qu’est le marketing et un marché à développer. Il croit aussi au social caritatif. On espère que Benoit Hamon est aussi intelligent (ou bien conseillé) et qu’il saura expliquer sa différence, plutôt que de se réjouir de leur proximité. Sinon, quelque part, il y a là comme une sorte d’avis de décès de la gauche qu’il est pourtant censé incarner.

Comme quoi, le matin, quand on veut se réveiller, il faut boire du café, voir un jus d’orange et écouter la radio !

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