mercredi 1 mars 2017

Une info annulée, c'est une info ? Une visite annulée, c'est du vide ou du plein ?

Ce mercredi matin, Fillon n'était pas au Salon de l'agriculture comme prévu. (Macron, lui, sera bien aujourd'hui au SIA). Annulation surprise qui a pris tout le monde de court : les organisateurs du Salon et les stands qu'il devait visiter ; ses sympathisants qui étaient déjà sur place ; les politiciens de son camp qui n'étaient pas au courant ; les médias et experts de tous poils de vache qui esquissaient déjà ds scénarios tous plus improbables les uns que les autres. Très vite, on a annoncé une déclaration de Fillon à midi, de son siège de campagne, à 12h comme les sirènes, entouré des barons républicains et des avocats (tiens, tiens) et à quelques centaines de mètres du Salon, alors même que ces barons venaient tous pour une réunion que Fillon a également annulée.

Au-delà de cet épisode qui a au moins le mérite de faire parler de lui, il s'agit bien d'un signe d'une campagne marquée par le vide, l'absence, le trou, l'anti.

A gauche, le vide s'est creusé grâce au concept maintenant bien établi de fronde. Mélenchon, le Thierry la fronde original et l'inventeur du concept, a depuis longtemps bâti son discours autour de l'anti-PS. Il a été rejoint de manière surprenante par Hamon le frondeur nouvelle génération contre un PS jugé trop libéral à sa droite. Tous combattent en fait la notion même d'une gauche rassemblée comme à l'époque où les ennemis étaient à droite et où la gauche voulait gagner ensemble, quitte à gérer ensuite plus fou moins bien des tensions internes fortes. A ce titre les tentatives de François doivent être saluées, mais la décomposition du PS était déjà là. Une gauche dont le "centre" est vide et qui se réfugie à ses deux extrêmes.

A droite, le FN a obligé une coupure de même nature, avec une droite rigoriste contre une droite humaniste et une grande difficulté à rassembler, faute de valeurs communes attestées : le racisme ambiant, la sécurité armée comme recours ultime, le populisme et les grands écarts entre des visions économiques aussi différentes qu'à gauche... tout ceci a creusé des fossés, autour d'un "centre" vide.

A centre, qui n'a jamais réussi à exister réellement dans notre système bipartisme, le vide du "centre" du centre, si j'ose m'exprimer ainsi, apparait finalement comme moins vide que les autres centres à droite et à gauche. Ce vide là attire, comme un trou noir et sa gravitation erratique, autour d'un noyau macronien (et non macédonien comme essaye de me faire croire mon correcteur orthographique, quoique la macédoine soit délicieuse lorsque la mayonnaise a bien pris).

Lorsqu'on passe son temps à commenter le rien et le vide, il y a un problème. Je sais bien qu'on peut écrire des pièces ou des romans sur le rien, comme quand on attend Godot dans le désert des tartares, mais enfin. M'enfin ! comme disait Gaston dont on a fêté hier les 60 ans.


Oui, c'est vrai, ça. Arrêtez ce vide et assumez. Et pour bien enfoncer le clou du rien dont est souvent rempli les médias, je précise que ce billet a été écrit avant midi, donc en ignorant ce que Fillon va dire à propos de ses affaires judiciaires ou autres qui l'empêchent d'aller voir les vaches.

Alors dans cet empilement de rien, il y a quand même de l'espoir, comme aurait dit Devos, dont je vous rappelle ce sketch où il n'y a pas un mot à changer aujourd'hui :

Parler pour ne rien dire 
Mesdames et messieurs ... je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire.
Oh! je sais! Vous pensez : 
« S'il n'a rien à dire ... il ferait mieux de se taire! » 
Evidemment! Mais c´est trop facile! ... C´est trop facile! 
Vous voudriez que je fasse comme tout ceux qui n´ont rien à dire et qui le gardent pour eux? 
Eh bien, non! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n´ai rien à dire, je veux qu´on le sache! 
Je veux en faire profiter les autres! 
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n´avez rien à dire, eh bien, on en parle, on en discute! 
Je ne suis pas ennemi du colloque. 
Mais, me direz-vous, si on en parle pour ne rien dire, de quoi allons-nous parler? 
Eh bien, de rien! De rien! 
Car rien ... ce n´est pas rien 
La preuve c´est qu´on peut le soustraire. 
Exemple: Rien moins rien = moins que rien! 
Si l´on peut trouver moins que rien c´est que rien vaut déjà quelque chose! 
On peut acheter quelque chose avec rien! 
En le multipliant 
Un fois rien ... c´est rien 
Deux fois rien ... ce n´est pas beaucoup! 
Mais trois fois rien! ... Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose ... et pour pas cher! 
Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien: 
Rien multiplié par rien = rien. 
Trois multiplié par trois = neuf. 
Cela fait rien de neuf! 
Oui ... Ce n´est pas la peine d´en parler! 
Bon! Parlons d´autres choses! Parlons de la situation, tenez ! 
Sans préciser laquelle! 
Si vous le permettez, je vais faire brièvement l´historique de la situation, quelle qu´elle soit! 
Il y a quelques mois, souvenez-vous la situation pour n´être pas pire que celle d´aujourd´hui n´en était pas meilleure non plus! 
Déjà, nous allions vers la catastrophe et nous le savions ... 
Nous en étions conscients! 
Car il ne faudrait pas croire que les responsables d´hier étaient plus ignorants de la situation que ne le sont ceux d´aujourd´hui ! 
Oui ! La catastrophe, nous le pensions, était pour demain! 
C´est-à-dire qu´en fait elle devait être pour aujourd´hui! 
Si mes calculs sont justes! 
Or, que voyons-nous aujourd´hui? 
Qu´elle est toujours pour demain! 
Alors, je vous pose la question, mesdames et messieurs: 
Est-ce en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même que nos l´éviterons? D´ailleurs je vous signale entre parenthèses que si le gouvernement actuel n´est 
pas capable d´assurer la catastrophe, il est possible que l´opposition s´en empare! 



PS (ou plutôt LR devrais-je dire) : selon le JDD il serait convoqué par les juges d'instruction et selon Mediapart, Pénélope serait en garde à vue, puis non en fait, et selon le Figaro, ils seraient tous les deux bientôt convoqués. La question est maintenant : préfère-t-il le cul des vaches ou celui des juges (sans citer Brassens et son gorille, évidemment) ?

PPS : Après 12h, lorsque Fillon aura parlé et rempli le vide, s'il parle à l'heure...
Il est bien convoqué le 15 mars pour une mise en examen, deux jours avant la fin du dépôt des parrainages. Donc... il ira chez les juges (pas comme Marine). Mais il se maintient et ne se retirera pas.

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