lundi 23 octobre 2017

Harcèlement, et plus si agrossièretés

(Parenthèse)
Agrossièretés : équivalent d'affinités lorsqu'il n'y a pas de consentement mutuel entre les parties concernées
(Fin de parenthèse)

Un petit billet pour un gros sujet, en pleine actualité depuis les révélations par un journaliste et un média indépendant de l'affaire Harvey Weinstein. Tout le monde y va de son témoignage, de son #hashtag et de son point de vue. Alors moi aussi je vous le donne, mon point de vue.

(Parenthèse)
Je me considère comme un humain, respectueux des autres humains. De leur avis, de leur consentement, de leur situation, de leurs forces et de leurs faiblesses. Un humain de sexe masculin, n'aimant pas la violence, sauf quand il faut lui répondre, et encore, tout dépend comment. Un homme respectueux des femmes.
(Fin de parenthèse)

Comme beaucoup de gens j'ai été et reste choqué par de telles affaires. Mais être choqué ne suffit pas. Il faut agir. En tous temps et en toutes circonstances contre la barbarie.

(Parenthèse)
La barbarie c'est un peu l'inverse de la civilisation. Mais ici on ne parle pas de guerre de civilisation (lire à ce propos le dernier Astérix, ou plutôt le dernier Obélix). On parle de barbares, par opposition aux civilisés, ceux qui savent où ils sont, qui savent dans quel monde ils vivent et qui savent mesurer leur action à l'aune de la société dans laquelle ils vivent. Même les révolutionnaires et autres extrémistes peuvent être civilisés, et même les plus hauts dignitaires peuvent être barbares. Une question de maîtrise, pas d'ignare.
(Fin de parenthèse)

Dans notre société on a souvent tendance à dévaloriser des actes choquants. Soit parce qu'on n'en parle pas du tout (la fameuse omettra sur certains sujets, comme avant l'éclatement de l'affaire Weinstein, alors que petit-à-petit beaucoup de stars reconnaissent avoir su et couvert, par peur ou complicité), soit parce qu'on utilise des mots qui minimisent (incivilités ? comportements douteux ? surtout pas viol en tous cas) soit parce qu'on les accepte comme normaux et tant pis pour celles (surtout celles) qui ne le supportent pas. Le choix des mots est important. Comme celui de porc.

(Parenthèse)
A propos du #hashtag contenant le porc, la division des opinions est ridicule. J'entendais le bellâtre BHL refuser qu'on compare l'être humain à un animal. Une philosophie de l'anthropomorphisme qui est mal comprise, puisqu'on parle ici de comportements et pas d'individus. Certains, germanophones, rappellent que Weinstein aurait dû s'appeler Schweinstein pour être réellement un porc. Moi, par exemple, quand je passe dans la rue à côté d'un mec qui pisse contre un mur ou une voiture au mépris des autres, je fais exprès d'aboyer comme un chien ; en général le mec se retourne ou se pisse un peu dessus et proteste, mais il ne peut pas bouger car il a les mains prises :) Voilà typiquement un comportement animal. Pour revenir au porc, le porc est en fait la viande du cochon. Il ne faut pas confondre la chair avec le territoire.
(Fin de parenthèse)

Je suis dégoûté par ce type de comportement qui marque la victoire de l'ego sur les autres, la victoire du mépris sur le respect, une des valeurs cardinales de notre société au sens large. Je crois savoir faire la différence, mais est-ce vrai ? entre le plaisir de plaire et l'attaque des autres. Ce n'est pas une question de force ou de faiblesse, même si les relations de pouvoir enveniment les choses dans le milieu professionnel ou familial, car dans la rue ou dans un lieu public toute remarque est choquante. Le consentement est pourtant facile à obtenir. Il est plus difficile à conserver. Savoir qu'on peut entamer une conversation, l'arrêter si refus, se contenter d'un sourire ou passer à une autre étape, demande en fait un qualité supplémentaire au respect : l'écoute de l'autre. L'écoute active pour identifier les réactions et décider ensuite quoi faire. Ne pas écouter, c'est traiter l'autre comme un être sans intérêt, inférieur ou autre.

Un homme moderne, aujourd'hui, sait s'il peut aller plus loin. Ou du moins, il y pense et essaye de savoir. Ce n'est pas toujours facile, car les comportements sont souvent différents d'une culture à l'autre. Un regard qui enclenche un sourire ici peut déclencher un procès ou pire ailleurs. 

Comment alors passer ce message de respect aux autres ?

Envers ceux qui, machos ou connards, se comportent comme Harvey et assument, il n'y a pas beaucoup de réponses possibles. Sur le moment, plutôt que de les insulter ou de rire d'un air goguenard, je propose d'appliquer la méthode "aboiement envers les pisseurs de rue". Aboyer est une solution facile pour tout un chacun, ou alors imiter le grognement du cochon, mais c'est plus difficile.

Envers ceux qui le font mais qui en ont un peu honte, il faut enfoncer le clou et discuter. Les hommes doivent le faire, sinon ils deviennent complices "par omission" comme disent les cathos.

Et puis, il y a les autres, les hommes normaux, sans histoires, mais qui n'osent pas réagir ou qui ne savent plus comment aborder une femme sans se faire attaquer. A ceux-là, je dis de montrer par leurs yeux, leurs paroles et leurs gestes le respect dans lequel ils tiennent tous les autres, hommes et femmes compris. Libres à eux, alors, une fois les consentements mutuels échangés - avec ou sans alliance et même pour un moment - libre à eux de pratiquer tout ce qu'ils désirent, puisque tous les goûts sont dans la nature entre adultes qu'on s'entend à dire consentants.

L'intérêt de cette séquence harcèlement est qu'elle offre une (petite) chance de faire évoluer les comportements. A nous de nous en saisir tant qu'elle occupe les Unes. Et tant pis pour les trolls de la vie réelle, dont j'attend, ici sur ce blog, les réactions outrées comme des vessies pleines de bave.


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