mercredi 30 mai 2012

Faire son deuil, sans orgueil

C'est mercredi, jour de Conseil des ministres, avec la suite des attributions et quelques mesures symboliques, promesses tenues, comme l'augmentation de l'allocation de rentrée. Quelques nominations attendues aussi à l'Intérieur, pour déboulonner a priori 3 caciques du régime Sarkozy.

A ce propos, M. Guéant, ex-vice président de la France à l'Elysée et Ministre de l'Intérieur recasé en dernière minute, mais trop tard, n'a toujours pas fait son deuil de son Nicolas.

Il est resté longtemps avec lui, il faut dire, et ça crée des liens. Sakkozy revient bientôt du Maroc, tant mieux pour M. Guéant qui pourra enfin lui parler en direct, "Mais pourquoi m'as-tu abandonné, Nicolas ? Aide-nous à survivre ? S'il te plaîîîît ?". En attendant, Guéant continue à faire des déclarations comme s'il était encore le conseiller numéro 1 (avant le virage à droite toute) ou le Ministre de l'intérieur (chargé d'appliquer le virage à droite toute).

Il a par exemple déclaré qu'il ne connaissait pas les qualités "policières" du remplaçant présumé du Préfet de police à Paris, qui était un homme loyal (loyal ? loyal à qui ou à quoi ? Il n'a pas précisé, mais nous ne doutons aucunement de la loyauté de tous les hauts fonctionnaires, c'est juste la manière dont Guéant en a parlé par ellipse). Il a aussi déclaré se faire du souci pour François qui ne dort pas assez en prenant la voiture de Bruxelles à Paris. C'est gentil et un peu paternaliste sur les bords. Je ne suis pas dans le secret des oreillers, mais si la gestion du sommeil par François et Sarkozy est différente, ça les regarde. L'apprentissage de la gestion du sommeil fait partie de l'apprentissage du politique.

Faire son deuil est un exercice long et délicat, quel que soit le deuil, dramatique et personnel évidemment, mais aussi politique et public. Finalement, c'est souvent plus facile pour le "perdant" direct que pour ses conseillers qui vivaient par procuration avant et qui entouraient le candidat d'une couche souvent hermétique de leurs propres désirs. On dit souvent que ce sont les entourages qui sont les plus fervents soutiens des régimes vacillants, bien plus que les Chefs d'Etats eux-mêmes. Ce n'est évidemment pas toujours vrai, mais les couches successives, comme un oignon, qui emballent les dirigeants ayant perdu le contact avec les gens "normaux" prennent de plus en plus d'importance, chacun se battant pour garder des pouvoirs, tout en sachant qu'il ne les détient qu'indirectement. On a souvent dit cela de plusieurs régimes africains par exemple, ou de dictatures, ou des deux.

Faire son deuil pour un conseiller, même bien parachuté comme Guéant, c'est donc plus difficile. Je n'ai pas de conseil à leur donner évidemment, sauf de s'occuper d'eux-mêmes, de retomber sur terre et de retrouver une place dans leur famille (politique) qui, en ce qui concerne la Droite, a besoin de faire le ménage, et offre un joli champ de bataille pour celles et ceux qui veulent y aller au charbon en personne, et non via une "locomotive".

C'est à l'aune de ces commentaires qu'on peut également lire les quelques rares critiques de la Droite contre l'interview de François sur France 2 hier soir. Court et efficace si on y est sensible. Prétexte, tour de magie, exercice limité à la forme si on est un opposant. En tous cas très différent des mises en scène sarkoziennes passées. Là aussi, à suivre régulièrement pour voir le style et son évolution, que l'on pressent plein de rapides interventions percutantes, pédagogiques et limitées, mais fréquentes et en ne traitant pas de tous les sujets puisque la définition d'une présidence "normale" est entre l'hyper-présidence passée où Sarkozy décidait et se mêlait de tout (LPAD = Le Président a dit) et entre une hypo-présidence où le président ne ferait qu'inaugurer des chrysanthèmes comme il y a 60 ans.

A ce titre la compilation des interventions croisées du président et du premier ministre sera intéressante à analyser, n'en déplaise aux anciens conseillers encore sous le choc. Je souhaite à M. Guéant de bonnes législatives dans sa circonscription inratable.

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