mardi 5 février 2013

Shoot à la gare du Nord

Ceci n'est pas le titre d'un roman policier ou d'une nouvelle (que vous trouverez ici certains dimanches tranquilles à Clichy). Ce n'est pas non plus un fait divers du genre prise d'otage, règlement de comptes à OK Corral Pigalle, ou Tirs nocturnes à Belleville.

Le Premier Ministre a donc décidé, enfin, d'accepter l'expérimentation de salles de shoot, après des mois d'hésitation. Expérimentation timide car une seule sera mise en place pour voir et seulement donc à Paris, a priori dans le quartier gai et pimpant de la Gare du Nord. Il fallait que la Mairie fût d'accord et celle de Neuilly a refusé. Donc ce sera la gare, plus loin des consommateurs friqués, mais plus près des trafics et surtout plus près de la vraie cible de ces salles de consommation placées sous contrôle sanitaire : les drogués pauvres, vivant dans la rue, précaires.


La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanies va donc piloter la mise en place de cette expérimentation avec le ministère de la Santé. On ne sait pas quand et l'on n'est pas certain de l'implantation, sauf par le fait que le maire du X° arrondissement, celui de la Gare du Nord est volontaire et trouve que cela va faire du bien au quartier. De source bien informée, Rachida Dati, maire du VII°, ne s'est pas portée candidate.

Ces salles sont illégales en France pour le moment. Cette expérimentation est donc une vraie première. Elle sera suivie de près par tous, d'accord ou pas avec ce concept. Les avis sont en effet très partagés : ici, ici ou même ici (oui on ne recule devant rien sur ce blog).

Décidément, le gouvernement a choisi en ce début d'année de tirer sur le front sociétal, et un peu moins sur le front social ou économique.

On ne devrait pas dire salles de shoot d'ailleurs, mais plutôt CIS. Depuis 1986, plus de 90 centres d’injections supervisées (CIS) ont en effet ouvert dans huit pays, dont la Suisse, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Australie et le Canada.


Je ne sais pas quel est votre avis sur ce sujet, mais si vous habitez dans le quartier ou que vous vous y baladiez de temps en temps, il est clair qu'un lieu bien identifié et sécurisé pour s'injecter des drogues permettrait de rassurer les riverains et de finalement protéger les drogués. Cela ne veut pas dire qu'il s'agit d'un encouragement pour consommer de la drogue (comme le dit évidemment Bernard Debré UMP et médecin parisien), car il est nécessaire en parallèle de lutter contre le trafic de drogue qui se déplace d'un quartier à l'autre au fur et à mesure que les policiers les délogent. Je ne sais pas s'il existe une carte des lieux les plus importants de vente de drogue à Paris et de leurs déplacements avec les années en fonction des rafles et autres coups de filets, mais c'est un beau sujet pour une équipe de géographes sociologues.

On voit que les municipales se rapprochent, à Paris, comme ailleurs.

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