jeudi 21 mars 2013

Livres de salon

Salon du Livre de Paris - phase 1 - aujourd'hui.

Le plus grand pince-fesses de Paris commence ce jeudi soir avec l'inauguration du Salon du Livre. Emeutes à prévoir autour des nombreux stands qui offrent des cocktails, du Champagne et des petits fours. L'élite intellectuelle de Paris, de France, du Monde et de l'Univers se pressent en coeur pour se nourrir intellectuellement et accessoirement physiquement (oups, je voulais dire le contraire). Il faut y avoir été pour se rendre compte de la foule de ce jeudi soir exclusif pour des milliers de VIP. Les vrais VIP sont dans des salons privés et des arrière-stands protégés par des gardes musclés, des jupettes endiablées, et des attachées de presse ne regardant pas le menu fretin. Les quelques rares auteurs qui osent marcher dans les allées ne le font en général qu'une fois, avant de se réfugier chez leur éditeur. Ou ils attendent le lundi, jour des professionnels, libraires, bibliothèques, éditeurs et autres maillons de la longue chaîne de l'édition.


François au salon de l'année dernière. Il tient Iznogoud dans ses mains ??? 
Cette année, est-ce que cela sera Haroun El Poussah ?

Le Salon du Livre ouvre le vendredi matin au grand public, vous et moi, juste le temps d'avoir nettoyé les miettes de macarons et de pain Poilâne. Et de vérifier l'absence de rat, comme nous le rappelle Z Lartiste avec talent.



Quelles sont les tendances du Livre en cette belle année 2013, placée sous le double signe du président François et du Pape François ?

Le numérique est de plus en plus incontournable. La lecture sur des écrans se développe à vue d'oeil. Les USA ont vu l'année dernière le "dématérialisé" dépasser le papier, et même en France le décollage semble se produire. Un article de la Réforme ici (même les chrétiens s'y mettent). Il y a des tonnes d'études sur le livre numérique, son marché, ses acteurs. Une (ancienne) sur ses cathédrales : Lire ce beau texte de Victor Hugo, Livre V, chapitre 2 de Notre-Dame de Paris.

Qui dit numérique dit évidemment appareil pour lire. Il semble bien à ce sujet que le grand gagnant ne soit pas la liseuse, mais la tablette. Le confort initialement vanté par les fabricants de tablettes utilisant une technique d'encre électronique est patent. On peut lire sur la plage. Mais on ne peut pas lire le soir dans son lit. Ce confort et ses limites ont été complètement écrasés par les tablettes dont l'ancêtre, l'iPad se porte très bien. L'objet où lire est devenu le même que l'objet où naviguer, jouer, s'instruire ou préparer son repas. Les liseuses ont encore de beaux jours, mais ne représenteront que des niches, pas le courant principal.

Qui dit numérique dit livres et endroits où se les procurer. De nombreux sites de livres en français tombés dans le domaine public existent. Un nouveau site les recense et sert de portail. A déguster sans aucune modération. (pour y lire Notre-Dame de Paris par exemple). A la question : quels livres lire sur écran et quels livres lire sur papier ? il n'y a pas de réponse stable. Les techniques changent et s'améliorent. Les auteurs et éditeurs conçoivent des livres qui ne pourraient pas être imprimés, car interactifs, animés, ou plein de liens hypertextuels. Même le roman littéraire de base, sans image, peut bénéficier de ce mode de lecture, avec des signets, des recherches de personnages, des explications de mots, des notes plus instructives, des annotations ou des dessins sur les pages.

Qui dit numérique dit aussi boutiques où acheter (ou sites pour pirater si on a l'âme pour ça). C'est là que le bât blesse, car chaque boutique essaye de vous rendre captif, pour l'achat ou la location, avec des systèmes assez bloquants de DRM (en clair de barrières pour que vous n'alliez pas ailleurs). Ça a commencé avec les grands sociétés informatiques (Apple, Google, Amazon) puis les grands circuits de distribution (Fnac, Barnes & Nobles) puis les libraires et les éditeurs. Même les soldurs et le marché de l'occasion va commencer à s'y mettre.

Et à part le numérique ? Et le Brésil invité d'honneur, et la Roumanie ? Rien. Pour 10 euros, si vous n'avez pas la chance d'avoir récupéré une invitation, vous aurez accès à la plus grande librairie de France, à des files interminables pour dédicaces et à une bousculade continue de l'entrée aux toilettes en passant par les caisses enregistreuses des éditeurs.

Mais il y aurait d'autres choses à dire sur le livre numérique, que j'adore, personnellement. Récemment à force de tourner des pages sur un écran tactile, j'ai par mégarde essayé la même manoeuvre sur un livre papier. Et bien figurez-vous que ça n'a pas marché. Dingue, non ?

A partir de cette année, l'entrée au salon du livre sera remboursée par la sécurité sociale, car la bibliothérapie a été inventée. Ah zut, c'est au Royaume-Uni seulement et pour lutter contre la dépression. Dans le livre tout est bon. Que fait le ministre de la Santé culturelle en France ???

dessin de Victor Hugo, écrivain par ailleurs

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