mardi 15 octobre 2013

François à Soweto

Deux jours de visite officielle en Afrique du Sud pour François. En pleine saison de l'Afrique du Sud en France (ah bon vous ne le saviez pas ?) cette visite est censée préparer le Sommet sur la sécurité en Afrique début décembre à Paris. Il s'agit donc de regarder en détail quelques crises politiques, notamment dans les Grands Lacs et surtout en ce moment en République centrafricaine où la France ne veut pas agir seule. Il y a aussi la crise malgache. Il s'agit également de signer des contrats importants comme à chaque visite de ce type et de visiter des entreprises françaises établies dans le pays, comme Sanofi. Il semblerait que de gros contrats aient été signés pour une centrale (thermique, hein) et des trains, beaucoup de trains.
Un bon résumé de la visite et de la situation en Afrique du Sud est dans le dossier de presse (ici en PDF) que les journalistes s'empressent en général de recopier dont les journalistes peuvent librement s'inspirer pour leurs articles.

Aujourd'hui place à la symbolique politique, historique et morale avec des visites à Soweto entre autres et dans l'ancienne maison de Mandela, qui lui se repose le plus tranquillement chez lui, loin des bruits des badauds et des photographes. François rencontrera quand même sa femme a priori. Le discours de François sur l'Afrique semble plaire à beaucoup d'Etats africains, après une longue période de désintérêt progressif pour le Continent et une baisse radicale des programmes d'aide au développement.


Malgré ses contrastes (ci-dessus) l'Afrique du Sud caracole en tête de toutes les statistiques africaines, quelle que soit la manière dont on les prend, et ses ambitions continentales sont affirmées sans fausse pudeur. Seuls quelques autres pays africains ont la capacité de développer des stratégies politiques fortes mais le moment n'est pas propice à leur envol. En Afrique du Nord, les printemps arabes et les craintes associées ont tendance à paralyser même des pays forts comme le Maroc, malgré le départ de Khadafi qui paralysait toute autre initiative. En Afrique francophone, les rôles politiques ne sont pas encore affirmés, et même si l'on voit poindre de plus en plus de projets concrets, ceux-ci ne pèsent pas lourd dans la balance politique, les fameux Sommets de la Francophonie ne servant absolument à rien. En Afrique anglophone, les développements s'accélèrent mais l'Afrique du Sud y a son jardin. La manière dont la France a redessiné les contours de ses priorités géostratégiques, notamment vers les BRICS (dont le S signifie Afrique du Sud) montre bien une ouverture de ce côté. Mais l'heure n'est plus à l'attentisme. L'Afrique est considérée comme le futur bassin de développement, pour elle-même et ses partenaires, et tous les acteurs importants s'y précipitent, de la Chine à l'Inde, de la Russie pays frère aux Etats-Unis.

Loin de l'ancien pré carré de la France, l'Afrique du Sud est un partenaire obligé de la France en Afrique. Un lieu où un discours bien senti, et en français, peut avoir beaucoup d'écho.

Qu'il est dur de faire de la politique dans un pays - la France - où très peu de gens s'intéressent à ce type de voyage et où ne sont relayés que des informations banales (un président qui signe des contrats là-bas) ou symboliques sans en expliquer le symbole. Ici on est dans le moyen et long terme. Pas de quoi faire remonter François qui est au plus bas, dans les sondages au moins. Ca me fait penser à cette phrase dite par un économiste américain à propos de la réforme des retraites : " Il n'y a qu'un seul parti en France, celui du statu quo".
L'économie est un art difficile, mais les économistes une joyeuse bande de lurons, il n'y a qu'à voir l'humour du dernier prix Nobel remis à trois économistes américains en total désaccord chacun avec les autres.

Vive l'économie donc ! Mais vive la politique aussi quand elle arrive à s'en extraire.

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