Après un Conseil des Ministres fade et ne parlant que de projets contestés, il s'agit de recevoir cet après-midi le rapport de la mission confiée à Michel Vauzelle, député et par ailleurs président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la région qui entoure Marseille.
Cette mission confiée il y a 10 mois est censée redonner du contenu aux projets politiques euro-méditerranéens. Tout ça avait commencé avec une bonne idée de Sarkozy (eh oui, il y en a eu au moins une) sur la création d'une "Union pour la Méditerranée", lancée en fanfare avant un 14 juillet, puis enterrée vivante lorsque les batailles entre Etats méditerranéens se sont déclarées autour de la table, puis surtout lorsque les autres pays européens ont décidé de s'en occuper. Le projet initial de pays bordant la Méditerranée a donc évolué vers un projet "Euro-Méditerranée" avec des pays comme les anglais ou les allemands, une bataille sanglante entre Marseille et Barcelone que Barcelone a gagnée avec brio. Résultat, aujourd'hui, ce projet lancé à la hussarde et mal piloté politiquement erre dans les couloirs de Bruxelles sans volonté réelle. En France le projet est maintenant piloté par la mission interministérielle à la Méditerranée qui a baissé d'un cran dans les priorités budgétaires et politiques mais qui a heureusement quand même été rattachée au Premier Ministre plutôt qu'aux Affaires étrangères qui n'en auraient fait qu'un outil diplomatique de plus. Cette mission est évidemment associée étroitement à M. Vauzelle pour son rapport.
L'idée d'une Méditerranée de projets est donc, a priori, en attendant le rapport et en lisant cet interview récent au Maroc, de relancer des projets méditerranéens avec les pays volontaires, en ramenant les pays du pourtour méditerranéen, ou des deux rives comme on dit, au premier rang. Exit l'Europe, sauf pour ses financements évidemment en réponse à des appels d'offres déjà largement tournés vers la Méditerranée d'ailleurs. L'Europe risque de se fâcher mais le timing est bon. Le drame de Lampedusa et de la mort par centaines d'immigrants parmi les plus pauvres d'Afrique essayant de rentrer en Europe est là pour nous rappeler que l'Union européenne a deux visages : elle aime se mêler de tout quand c'est rentable, économique, institutionnel ou technocratique, mais elle sait tourner le regard ailleurs quand il s'agit de problèmes localisés : dans ces cas là, c'est chacun pour soi et les vaches seront bien gardées. L'aide à l'Italie pour gérer cette situation géo-politique complexe est plus que mesurée. D'où l'idée de relancer une politique et des projets de proximité entre acteurs concernés. On verra les conclusions de ce rapport et les pistes envisagées, pays par pays. Certains pays seront certainement absents des projets qui se limiteront à des volontaires de bonne volonté (et pas convoqués d'office à Paris comme à l'époque).
A propos de Marseille où la gestion de M. Vauzelle est contestée, ce qui est un bon signe car à Marseille ce qui n 'est pas contesté est louche, signalons d'ailleurs l'inauguration au début de l'été de la "Villa Méditerranée" (photo), en présence de François. Un vaste projet immobilier, culturel et politique qui devrait évidemment être cité dans le rapport. On espère un peu plus de substance quand même.
Si ce rapport est intéressant on en reparlera ici.
MàJ : Le rapport est ici (PDF).
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