mercredi 16 octobre 2013

Télé ou Internet ?

Vaste question. On en parle à l'occasion de ce débat au Parlement sur l'affectation de la bande des 700 Mhz à l'audiovisuel ou aux télécommunications, débat cité ici avec notre ministre Fleur.

Rassurez-vous, on ne parlera pas technique aujourd'hui. Il suffit juste de savoir que cette "bande" était utilisée auparavant par les militaires mais que les progrès de la technique et les besoins d'argent de l'Etat  en font une source de revenus intéressants (en milliards). C'est comme si on privatisait une partie du domaine public (virtuel et dans les ondes) pour en céder des licences à des opérateurs qui vont en profiter pour offrir de nouveaux services avec. J'ai dit offrir ? Ah zut, je voulais dire proposer inventer vendre.

La décision de principe a été prise par François, mais il s'agit de se mettre d'accord sur les modalités car ce genre d'opération mobilise plein de détails et plain d'acteurs qui ont besoin de temps pour se préparer. Investir ne se décide pas sur le coin d'une table (quoique) et surtout investir suppose de choisir dans quel domaine on veut être, ou ne pas être, voilà la question.

Le vrai débat est sur l'affectation de cette manne (plein de bonnes petites ondes encore meilleures pour la santé) entre deux catégories d'acteurs : l'audiovisuel avec la télé numérique, et les télécommunications avec les téléphones mobiles et l'internet. Ces deux mondes s'aiment d'amour vache. A part Bouygues qui officiellement pilote des télévisions (TF1) et des opérateurs de télécommunication, les autres acteurs sont plutôt d'un côté ou de l'autre. Il serait facile d'opposer les tuyaux et les contenus. Ici, on est plutôt dans des usages radicalement différents.

Les Guignols de l'Info ponctuent leurs débuts de sketchs de l'expression "l'ancêtre d'Internet" pour désigner la télé (où ils sont). Malgré l'imbrication forte entre les deux mondes, ils restent différents. L'alchimie entre les deux prend plusieurs formes : accompagner une émission de télé par des actions en direct du téléspectateur branché avec son téléphone ou sa tablette ; enrichir une émission par des bonus et autres informations supplémentaires comme si on pouvait tout faire à la fois ; occuper l'espace publicitaire le plus largement possible, quel que soit l'écran qu'on regarde...

A mon sens, la télé a encore de beaux jours devant elle mais sur des créneaux plus précis, tandis que les opérateurs de télécoms cherchent à utiliser les contenus audiovisuels à leur profit sur des créneaux de plus en plus larges. Les internautes ont choisi, et leur population augmente.

A propos de bande passante, étroite ou large, il s'agit bien ici de définir comme au jeu de go des territoires amicaux entre ennemis. Le gouvernement penche quand même pour privilégier les télécommunications comme un secteur d'avenir. Cela se lit partout dans les projets d'investissements et d'avenir ou dans les déclarations politiques. Mais le poids historique du secteur culturel en France est souvent plus un poids qu'une force. Ce secteur a peur de se faire voler le contrôle par des acteurs "non culturels" et de surcroît étrangers. Il est évident que la "culture" personnelle de la plupart des acteurs est très différente dans ces domaines et qu'il manque des "chefs d'orchestre" pour arriver à les faire se parler, se comprendre, s'aimer et, pourquoi pas, soyons fous, travailler ensemble ! Voici en tous cas un bel exemple de décision d'avenir, parfaitement politique et qui sera structurante pour de nombreuses années.

Ca nous change du chien écrasé (vu au JT de TF1 ou sur Youtube)

(oui, oui, c'est une carte de l'Internet)

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