lundi 4 novembre 2013

Un déjeuner de gons

Le déjeuner littéraire le plus attendu de l'année a lieu ce lundi. C'est la remise du prix Goncourt. C'est au restaurant Drouant à Paris. et c'est le 99° anniversaire de ce double événement Goncourt-Drouant.



A lire ici le menu en 2009... On comprend mieux, à lire la liste des vins, comment se font leurs choix, autour de cette belle table ronde dans une salle ronde, avec plein de rondeurs partout, en bouche, dans la bouche, et sous la table.

Ils sont quatre pour la finale : Albin-Michel, Minuit, Grasset, Gallimard.

Ah pardon, on me dit qu'il y a aussi des auteurs (trois hommes et une femme) et pas seulement des éditeurs qui concourent ? Effectivement, je confirme. Il n'y a pas que Galligrasseuil, comme disent les bobos cultivés parisiens, c'est-à dire les trois grands éditeurs de littérature qui écrasent le marché (et les prix, comme Mammouth). Belle infographie statistique sur les éditeurs ici chez Libé. Devant le feu des critiques, le règlement du prix a été changé il y a cinq ans pour essayer d'introduire un peu d'impartialité dans les choix des jurés. Tempête dans un verre d'eau a-t-on dit à l'époque, car il ne suffit pas de limiter leur âge ou de les empêcher d'être salariés chez ces grands éditeurs pour rendre ce jury inattaquable. Un jury est partisan par définition. Il n'empêche que l'éditeur gagnant empoche plusieurs millions d'euros de ventes grâce à ce prix, beaucoup plus que pour les autres qui vont s'enchaîner à toute vitesse.

Du point de vue des auteurs c'est un bonheur financier et une malédiction à double tranchant. Celui qui a le mieux décrit ce paradoxe est Jean-Louis Bory, feu critique acerbe du Masque et la Plume, ici. Et n'allez pas dire que les critiques sont des auteurs refoulés ;) Au moins les livres sélectionnés sont écrits par des auteurs. On ne souhaite pas voir en France ce qui s'est passé l'année dernière en Suède avec comme sélectionné, dans leur prix équivalent, la biographie d'un joueur de foot même s'il s'agit d'un grand suédois évoluant à Paris t qui a créé un nouveau verbe bientôt reconnu par l'Académie française : zlataner.

Evidemment il y a d'autres prix : le Renaudot, remis en ce même lieu et ce même jour ; le Femina qui est aussi célèbre que le Goncourt, chacun essayant de voler le meilleur roman à l'autre. Moi j'aime bien le prix Wepler, parce qu'il est petit et convivial, dans le quartier et que les huîtres y sont bonnes.

On se donne donc rendez-vous ici dans l'après-midi pour le résultat des courses qui sonnera le début de l'impression en vitesse de dizaines de milliers d'exemplaires en plus, ainsi que des jaquettes rouges à mettre sur les livres. En fait, euh, les jaquettes ont déjà été imprimées et seront accrochées par les libraires cet après-midi ;) et les mauvaises jaquettes seront mises au pilon, ou comme on dit aujourd'hui zlatanées. O tempora, O mores.

Photos des quatre candidats ici, dans le temple de la culture saint-germaintisée qu'est le Nouvel Obs. A vu de nez, c'est le dernier qui a la plus belle tête de Goncourable. Qui va gagner le somptueux prix de dix euros ?

Réponse vers 13h : Albin Michel (Pierre Lemaitre) et le Renaudot à Grasset

On attend le Goncourt des lycéens, dès qu'ils rentrent dans leurs bahuts...

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