mercredi 11 décembre 2013

Vous avez dit droits de l'homme ?

Hier c'était la journée des droits de l'Homme, selon l'ONU. Petit bilan.

Les médias ont parlé de Mandela et de son hommage international, ainsi que de la revue de célébrités politiques qui y étaient. Nos dirigeants sont de grands enfants, surtout dans les pays anglophones. Petit scandale en Angleterre après cette photo, prise en pleine cérémonie. C'est pas chez nous qu'on aurait de telles photos, quoique les médias français aient cherché partout des instantanés du couple François Sarkozy. Ils n'ont trouvé que des photos normales de gens qui se parlent normalement... malgré leurs prévisions de guerre froide ! A propos de selfie, vous aurez compris que cela veut dire se prendre soi-même en photo à côté d'une célébrité ou deux. Lisez-ici ce qu'en dit le photographe lui-même.


Il y avait le Secrétaire général de l'ONU là-bas pourtant, mais peu d'articles sur cette journée internationale qui existe pourtant depuis... 63 ans, soit juste après l'adoption le 10 décembre 1948 de la déclaration universelle des droits de l'Homme (ou des droits humains ou des droits de la personne comme on dit maintenant). Les atteintes à ces droits de l'Homme sont pourtant nombreuses.

A noter quand même cette pétition sur Le Monde. Vous pouvez la signer ici. Il ne s'agit pas d'une initiative française et la pétition est disponible en 9 langues.

A l'heure où l'on parle de nos libertés sur l'Internet et dans toutes les communications numériques, avec des révélations "Snowden" chaque jour ou presque, il est intéressant de voir si ce mouvement de protestation peut progresser. Intéressant aussi de voir que pour une fois l'angle choisi a été celui des écrivains de tous poils demandant la mise en chantier d'une "déclaration internationale des droits numériques".

Evidemment ici sur ce blog il n'y a pas ambiguité sur un soutien à de telles initiatives. En 1948, et encore plus avant en 1789, la notion de droits numériques n'existait évidemment pas, ni celle de numérique. Depuis peu, cette notion s'impose comme un nouveau territoire à réguler, et pas seulement en appliquant à ce domaine les divers droits existants ailleurs. Alors, les droits de l'Homme appliqués au numérique sont-ils différents des droits de l'Homme tout court ?

Au fond, non.
Dans leur application, si.

L'espionnage de l'individu a toujours existé. Le monde du numérique introduit un saut qualitatif et quantitatif en permettant une observation plus fine, à la fois massive et individuelle. La demande de régulation démocratique est paradoxale dans ces domaines : c'est à la fois un domaine où les technologies, les technologues et les grands groupes dominent, et c'est un domaine où les situations démocratiques, sécuritaires et stratégiques des Etats divergent fortement.

En France, où la sensibilité du gouvernement est pourtant très forte sur ces sujets, avec de vrais connaisseurs des dossiers, la marche n'est pourtant pas tranquille. L'épisode d'hier pour l'inauguration du "centre culturel Google" (un bel oxymore) à Paris est révélateur de tensions au sein du pouvoir : la ministre de la Culture y était invitée et a reculé au dernier moment sous la pression du lobby culturel habituel, mais le gouvernement souhaitait y être présent, même si de nombreuses sources de désaccords existent avec Google, et une autre ministre y a été envoyée, celle du Numérique. En pleine journée des droits de l'Homme, avec une telle pétition, aller chez Google en France était pourtant une provocation pure et évidente, Google étant l'un des principaux acteurs dans ce monde de vol de nos données personnelles pour les exploiter commercialement. Pas le seul, certes, mais un acteur majeur.

Ah oui, vous aurez noté que la France en a profité pour voter ce même jour la loi de programmation militaire avec ce fameux article sur le contrôle de l'Internet pour des raisons de sécurité ? Hasard de calendrier, évidemment.

Reste à espérer que la journée des droits de l'Homme 2014 existera encore, dans ce domaine du numérique. Rien n'est moins sûr.

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