vendredi 31 janvier 2014

A quoi sert un conférence internationale ?

Fin aujourd'hui de la première session de la conférence de Genève II sur la Syrie. Après un jour de lancement à Montreux, il s'agissait d'un tête à tête entre gouvernement et opposition/rebelles, avec un milieu un arbitre de l'ONU.

Conclusion de cette session numéro 1 ici. Espoir d'une suite (session 2) dans 10 jours.

Ce genre de conférence sert-il à quelque chose, et pourquoi est-ce si long ?

Il y a en fait plein de réponses possibles, de variantes autour de la simple réponse "oui".
Le simple fait d'exister et de se tenir est en soi un exploit pour une telle conférence. On peut considérer que c'est une bien faible ambition que de se satisfaire d'une simple réunion, mais c'est une première étape. Il n'y a jamais de deuxième étape quand il n'y a pas de première étape.

«Avoir la foi, c’est monter la première marche même quand on ne voit pas tout l’escalier» 
– Martin Luther King

On n'est pas dans le domaine de la foi à Genève, mais dans celui de la diplomatie et du pouvoir politique. Mais c'est pareil.

C'est un processus long, dans lequel le temps joue un rôle essentiel. Il ne se dit pas la même chose le dernier jour d'une telle session que lors de son premier jour. Il y a une phase marquage de territoire et rodomontades au début, comme lorsque deux mâles dominants s'affrontent. Et puis, les participants apprennent à se connaître progressivement et un certain consensus, même minimal émerge. Ensuite la session s'arrête, chacun revient dans "son camp", se fait engueuler et revient pour la session suivante : la première réunion de la session d'après est donc naturellement en retrait par rapport à la dernière séance d'avant. et le chemin reprend. Toute la question est de connaître la proportion entre avancées et reculs. Deux pas en avant et un pas en arrière à chaque fois, ça permet quand même d'avancer. Deux pas en avant et deux ou trois en arrière, ça n'a pas le même effet !

Finalement, les chemins de la diplomatie sont tortueux et ils ne peuvent être que tortueux. C'est ce que les diplomates apprennent dans les écoles de diplomates. C'est pour cela que les politiciens font de mauvais diplomates, souvent, car ils n'ont pas la patience d'attendre et la capacité de savoir changer de rythme au bon moment, comme tout bon négociateur. C'est aussi pour cela que de nombreux analystes et stratèges, consultants pour les médias ou journalistes, passent leur temps à commenter ce type d'événement. A défaut de les comprendre et de leur laisser le temps. On n'est plus à l'époque du Traité de Saint-Germain (livre recommandé ici même). L'ONU le sait, l'isolement des négociateurs est un élément clé dans toute négociation réussie et les phases dangereuses sont lors des ruptures de cet isolement.

C'est long donc, mais c'est important quand même. Ce qui est important aussi est cette dernière phrase de l'article de l'Express cité plus haut : "Sur le terrain quelque 1900 personnes ont été tuées au cours de ces neuf jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH)". Il ne faut jamais perdre de vue la finalité de ce qu'on fait. Réduire ce nombre hallucinant pendant la session 2 puis 3 puis ...75 est un objectif ambitieux mais atteignable.



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