vendredi 2 mai 2014

To Rain or not to rain, à l'Ouest

L'eau.

Tous les experts savent que les guerres de l'eau vont se développer avec le temps : la croissance démographique et les besoins en eau potable ; le partage des sources entre acteurs différents, de pays différents ou non ; le réchauffement climatique qui assèche les sources progressivement et qui multiplie les épisodes irréguliers... Les optimistes croisent les doigts et espèrent que ça va aller mieux ou du moins que cela ne va pas se dégrader trop vite (c'est à dire pendant leur mandat). Les pessimistes crient au loup (espèce protégée) et accusent les autres d'être coupables, quels que soient ces autres : les agriculteurs accusent les écolos qui leur rendent bien, tous accusent les citadins et le rythme d'un développement effréné, tous accusent les pouvoirs publics qui ménagent la chèvre et le chou (et le loup) et qui laissent faire. Personne n'accuse la Nature, puisque la Nature est, tout simplement, et que c'est à nous de nous adapter.

Certaines régions ne sont pas touchées par ce phénomène. Même en Afrique où l'on parle beaucoup de sécheresse dans certaines régions comme le Sahel, il y a des régions où l'eau sous toutes ses formes ne manque pas, dans la grande ceinture de la forêt tropicale par exemple. Ce qui peut manquer alors, c'est l'eau propre, l'eau potable et saine, l'eau à boire. Ce qui ne manque pas non plus ce sont les batailles pour maîtriser tel source, tel bassin de tel grand fleuve, tel lac qui abreuve des populations entières aux dépens d'autres.

Dans les pays riches la bataille est interne. Et intense. En Californie, dont on parle plus cette année à cause d'une sécheresse qui devient historique, par exemple. Quand l'eau baisse, le problème est alors le partage entre plusieurs bénéficiaires. C'est le problème du gâteau qui rétrécit à partager entre de plus en plus de parts. Obélix avait une solution à ça, dans Astérix et Cléopâtre en coupant le gâteau empoisonné en trois parties pour le moins inégales, à son profit. Mais Obélix c'est Obélix et tout le monde n'a pas sa force de frappe.

En Californie donc, les fermiers ont moins d'eau. A peu près la moitié de la consommation aux USA vient de cet état, pour plusieurs catégories de produits (fruits, légumes, noix), consommés naturellement ou transformés dans leurs condiments habituels (mon peanut butter !!!). Si la production baisse, les prix à la consommation vont augmenter. Il semble qu'ils se plaignent (ce qui est habituel) et que les boucs émissaires soient les écolos. La protection de l'environnement est très forte en Californie, lieu d'où sont partis plein de mouvements de protestation. La qualité de vie y est très défendue, y compris celle des papillons ou des grenouilles. Et la protection de l'environnement suppose de l'eau aussi, pour protéger la biodiversité.

A court terme, des aménagements sont toujours possibles, mais à long terme ? Quand un fermier ne produit plus et qu'il touche de l'argent des assurances pour cela, il est protégé à court terme. Quand les prix à la consommation augmentent, tout le monde paye plus pour se nourrir (ou boire). Finalement ce type de développement s'entretient tout seul, dans une spirale croissante. Un cercle plutôt vicieux, et pas vertueux comme disent les économistes. C'est pour cela que beaucoup jugent nécessaire une croissance qui repousse à demain les questions graves, du genre comment on fait pour couper le gâteau en plus de parts.

En France, ce type de conflit existe souvent, en Bretagne notamment (toujours à l'Ouest). Pas cette année encore. Pas de sécheresse en vue. Evidemment cela n'empêche pas de râler pour autre chose et de trouver les mêmes boucs émissaires : il suffit de relire les deux paragraphes précédents et d'insérer des mots comme Union Européenne ou PAC pour mettre presque tout le monde d'accord.

A long terme, ce modèle de développement n'est pas soutenable. La mauvaise traduction en français de sustainable development par développement durable ne change rien à l'affaire. Nos sociétés sont basées sur un développement soutenu (et donc non soutenable, si vous me suivez). Pour augmenter le gâteau, il n'y a pas beaucoup de solutions. Il me semble que l'innovation en est une, et la meilleure. Ceux qui n'innovent pas choisissent la sélection par le plus fort, un peu comme Obélix et son gâteau, et même s'il le faisait avec le sourire. Mais pas n'importe quelle innovation.

En attendant, profitez bien de vos fruits, de votre beurre de cacahuètes et de votre café (eh oui, le Brésil aussi vit une sécheresse historique et le café souffre en masse)... Et de votre saumon.


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