mercredi 13 août 2014

Fields enfin féminisée

Pas encore paritaire et loin s'en faut, mais la médaille Fields vient d'être attribuée pour la première fois à une femme, Maryam Mirzakhani, iranienne et travaillant aux USA. La médaille Fields c'est le Nobel des maths, attribué tous les quatre ans lors du congrès international des matheux. Cette année plusieurs lauréats, comme presque toujours. Un français aussi (en tous cas un brésilo-français) ce qui met la France à égalité avec les USA comme pays le plus gros fournisseur de médailles Fields, et donc le pays le plus matheux au monde, proportionnellement à sa population. La plupart des médailles Fields françaises viennent d'ailleurs de la même école, l'ENS de la rue d'Ulm à Paris (école de garçons).

Article détaillé dans le Monde ici, que je ne vais pas paraphraser. Quelques commentaires décousus néanmoins sur le sujet :

Les norvégiens, qui décernent avec les suédois les prix Nobel, n'ont pas digéré que cette médaille Fields soit comparée à "leur" prix et le rende ainsi "incomplet, d'autant plus que Fields était canadien... Encore une histoire de saumon, c'est certain. Ils ont donc décidé de décerner à leur tour un prix Abel (du nom d'un obscur mathématicien norvégien, c'est vrai, c'est pas une blague). Ca a commencé en 2003 avec un français (histoire de faire un pied de nez aux Fields), mais le système Nobel ne plait pas aux matheux, toujours très indépendants qui tiennent à leur système.

Il y a eu des mathématiciennes ! Il y a des associations de femmes mathématiciennes pour promouvoir la discipline auprès des jeunes filles (car un mathématicien est réellement créatif quand il est jeune et la médaille Fields ne récompense que les mathématiciens de moins de 40 ans, à comparer à certains barbons nobellisés mais aux cheveux blancs). Une liste de femmes célèbres est sur Wikipedia évidemment. Vous y croiserez Ada Lovelace, fille de Lord Buyron et première programmeuse au monde, ou Madame Agnesi en plein siècle des lumières en Italie. Aujourd'hui on estime à seulement 20% le pourcentage de femmes matheuses à l'Université...

Les préjugés contre les femmes sont nombreux. En maths aussi, mais évidemment pas de la part des mathématiciens eux-mêmes qui s'intéressent aux résultats, aux démonstration, à leur élégance et à la capacité de soulever des questions. Un exemple de préjugé sur le très bon blog dessiné XKCD

Une équation fausse ? Le mec est nul, mais toutes les filles le sont si une l'est.

Les matheux aiment parler de la beauté, de l'élégance et de la poésie de leur discipline. Certaines démonstrations sont perçues comme très élégantes, par opposition à une autre démonstration pour arriver au même résultat (il n'y a qu'un résultat vrai) mais qui serait poussive, longue et compliquée. Wikipedia donne un exemple de beauté mathématique, très simple et que tout le monde peut comprendre. Je ne résiste pas au plaisir élégant de la recopier ici :

Soit un train se déplaçant d'un point A à un point B à la vitesse de 10km/h.
La distance entre A et B est de 10km.
Soit une mouche qui part de B et qui fait des allers retours entre le point B et le train.
Cette mouche va à la vitesse constante de 60km/h (c'est une mouche très rapide.)
Elle fait constamment des allers retours entre le train et le point B et s'arrête dès que le train est arrivé.
On doit calculer quelle distance la mouche parcourt en tout.

Une première méthode non élégante consisterait à calculer les différents points où le train et la mouche se rencontrent, mettre cette distance sous la forme d'une suite, puis faire une somme infinie des termes de cette suite (lorsque le train va se rapprocher de l'arrivée, la mouche va rebondir très très vite, les points de rencontre vont tendre vers l'infini) et on obtient après de très longs calculs la réponse.

Une autre méthode dite élégante serait de constater que la mouche va s'arrêter en même temps que le train, c'est-à-dire au bout d'une heure, donc qu'elle aura parcouru exactement 60km.

Ce problème est classiquement posé dans l'unique but de tester l'aptitude d'un élève à choisir la méthode la plus simple.

Un élève qui résout ce problème de manière fulgurante et élégante est dit avoir l'esprit mathématique.  Qu'il soit fille ou garçon n'a pas d'importance. Est-ce que cette petite démonstration vous fait mieux comprendre la puissance et la beauté des maths ? Et si vous êtes une fille ou une femme, voyez-vous pourquoi ça serait plus difficile ou étrange pour vous que pour un homme ? C'est ce qu'on appelle une démonstration par l'absurde !


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