mardi 9 septembre 2014

Ecosse indépendante : oui évidemment

Le 18 septembre aura donc lieu le référendum pour l'indépendance de l'Ecosse. On commence à en parler de plus en plus parce que les scores se resserrent entre les deux camps. Listons ici quelques points intéressants, vu de l'extérieur et surtout de France. Loin de nous évidemment l'idée d'influencer ce scrutin qui ne nous regarde pas.

- Le premier sondage qui donne le oui (à l'indépendance) vainqueur date de samedi. Un nouveau sondage d'aujourd'hui donne les deux camps à égalité. En fait le oui progresse depuis un ou deux mois et surtout depuis un débat télévisé raté pour le défenseur de la Reine. Jusque là, les anglais étaient sereins, flegmatiques. Mais le légendaire flegme anglais semble se fissurer. De toutes façons, l'Ecosse a déjà gagné. Avec ou sans indépendance elle obtiendra des garanties et des avantages jusqu'alors toujours refusés par Londres. Et puis, si les indépendantistes perdent, ils peuvent toujours recommencer dans quelques temps. C'est un combat gagné d'avance. Mais tout ceci se joue aussi sur fond des élections législatives de mai 2015 avec beaucoup d'enjeux à la clé, y compris pour ou contre l'Europe.

- L'Ecosse est riche, principalement à cause du whisky pétrole. Dans un pub écossais on a quelques bières et plein de whisky alors que c'est le contraire dans un pub anglais (on ne parlera pas des pubs irlandais ici puisqu'on y trouve de tout en quantité). Au-delà des multiples problèmes liés à une séparation et à la création d'un nouvel Etat, on remarquera que c'est déjà le cas au rugby par exemple ou dans d'autres sports. De plus l'Ecosse est plutôt travailliste et l'Angleterre conservatrice.

- Si cette indépendance se fait, comment appeler les nouveaux ensembles ? Vous connaissez la différence entre la Grande-Bretagne (la grande île) et le Royaume-Uni (La Grande-Bretagne plus l'Irlande du Nord) :
- Au 13° siècle, l'Angleterre absorbe le Pays de Galles qui devient une région de l'Angleterre
- Début 17°, la reine Elisabeth I d'Angleterre meurt vierge et donc sans héritier et c'est le roi d'Ecosse qui lui succède
- Début 18°, l'Angleterre et l'Ecosse s'unissent formellement
- Début 19°, l'Irlande les rejoint
- au XX° siècle, en 1922, l'Irlande devient indépendante, sauf l'Irlande du Nord qui reste
La Grande-Bretagne, en tant qu'île, serait donc divisée entre plusieurs états indépendants. Devrait-on parler de Grande-Bretagne du Sud ou d'Anglogalles ou simplement d'Angleterre (sauf si les gallois en venaient à souhaiter la même chose) ? Quid de l'Irlande du Nord et du coup de fouet donné aux indépendantistes irlandais qui veulent reconstituer une Irlande unie ?

- Parlons drapeaux. Vous remarquerez que le Pays de Galles n'est pas là. Ils ont bien un drapeau mais il n'est pas repris dans l'Union. Ils sont été absorbés depuis si longtemps qu'on n'en parle plus.

C'est le drapeau du Royaume-Uni actuel

C'est le drapeau de l'Ecosse actuelle et future

 C'est en exclusivité le drapeau du futur Royaume-Uni rétréci (sans Ecosse)

C'est le drapeau de l'Angleterre actuelle, et future si l'Irlande du Nord s'en va aussi

- La couronne d'Angleterre est ennuyée et farouchement opposée à cette scission. Ca ferait tache sur le règne d'Elisabeth II. Tous les défenseurs de la Reine prennent la défense du Non. Même en France ou notre Stéphane Bern national et royal, le Léon Zitrone des temps modernes, est donc également opposé à cette indépendance. Parmi les armes sorties pour contrer l'indépendance, on notera l'annonce, au bon moment, de la seconde grossesse du couple royal que tout le monde suit à la loupe. Notre inénarrable Stéphane Bern a même osé dire tout haut que cette annonce était un plus pour le camp du Non et qu'il allait influencer les hésitants à rester dans le Royaume-Uni. Gonflé, hein ?

- La France a toujours été plus proche des écossais que des anglais, depuis les Stuart c'est à dire quelques siècles. Une amitié historique existe entre les deux peuples, alors qu'avec les anglais on a en général plus de mal en France. Mais on est ici dans le domaine de la rumeur et du cliché. Les liens sont forts avec les deux nations et la confusion soigneusement entretenue par les anglais entre anglais et britanniques est un facteur puissant d'amalgame. Au moins cette affaire aura en France l'intérêt de mieux nous faire connaître nos voisins. Et de réveiller des tendances indépendantistes par-ci par là, car finalement ces grandes régions qui vont être créées en France permettent de renforcer les régionalismes. Et les tenants d'une Europe des Régions sont de plus en plus nombreux, comme si l'échelon national était de moins en moins important.

- On n'a pas fini d'en entendre parler jusqu'au 18 septembre. Ca nous changera un peu. Et ça permettra à tout le monde de se replonger dans ses cours d'histoire et d'éducation civique : Quelle est la différence entre un peuple, une nation, une patrie, un Etat ? (Et ne venez pas nous parler du Tournoi des Six Nations). Réponse académique ici mais le débat n'est pas tranché et la réponse évolue au cours du temps et selon les ténors qui en parlnt. Le mot patrie dans la bouche d'une Le Pen n'a pas le même sens que dans celle d'un François par exemple.

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