jeudi 12 mars 2015

Changements en France pour la semaine de la langue française : un vrai challenge !

La semaine prochaine débute la semaine de la Francophonie et de la langue française, un peu partout dans le monde, mais aussi en France. Pour mémoire, la France est souvent perçue comme le moins militant de tous les pays francophones pour la francophonie. Et les batailles font rage entre linguistes d'écoles différentes, entre l'Académie française gardienne d'un temple antique, entre anglophiles nombreux et entre associations plus ou moins ringardes ou modernes pour la "défense" de la langue française. Ce sont des combats d'initiés qui passent très au-dessus des têtes des gens normaux, surtout des jeunes.

Hier, notre ministre de la Culture lançait cette semaine et annonçait le programme des (ré)jouissances : un marathon littéraire pour vous muscler les métacarpiens, en ce vingtième anniversaire de la semaine de la francophonie en France.

Mais elle en a profité pour prononcer un discours décapant sur le sujet. Texte officiel ici et page sur le site du ministère là. Ici également un commentaire lu sur France24, la chaine officielle de l'audiovisuel extérieur français, mais que je n'ai trouvé que sur la version anglaise du site... Intéressant, non ? Il est toujours intéressant de lire ce que la France dit au reste du monde (et qu'elle cache soigneusement en interne). On lit dans cet article, en anglais of course, par exemple :

"Pellerin -- a technophile Frenchwoman born in South Korea who also fluently speaks English and German, and is passable in Italian -- argued that French is robust enough to accommodate words from English and other languages without being overrun.
"French is not in danger and my responsibility as minister is not to erect ineffective barriers against languages but to give all our citizens the means to make it live on," she said.
France's 1994 law decreeing that all public advertising must be in French still stands, but with authorities permitting greater leeway in its application than in the past.
French linguists cheered the shift in position, saying it did away with pedantry in favour of a more open approach." Et l'article de continuer en citant quelques linguistes et écrivains célèbres présents à cet événement...

Autre article ici, sur RTL belge avec cette phrase issue du dossier de presse :

"Le français n'est pas en danger et ma responsabilité de ministre n'est pas de dresser des digues inefficaces contre des langues, mais de donner à tous nos concitoyens les moyens de le faire vivre."

Qu'a-t-elle vraiment dit ?

- Cette année, c’est la capacité de notre langue française à accueillir des mots nouveaux ou étrangers qui est à l’honneur de la Semaine de la langue française et de la Francophonie.

Jusque là, rien de neuf, ça fait des siècles que c'est le cas, et les autres nous le rendent bien avec par exemple des mots anglais anglicisés à partir du vieux français et qui nous reviennent - comme challenge, interdit en France - et pourtant issu de chalonge...

- Une langue ne se construit pas en dehors des liens que nouent leurs locuteurs. Les échanges économiques, culturels, scientifiques, touristiques ont une grande influence sur notre langue, qui s’est toujours enrichie d’apports divers issus du grec, de l’italien, de l’arabe, de l’espagnol, de l’allemand ou de l’anglais.

Pan sur le bec de l'Académie française et certaines commissions de terminologie qui essayent d'inventer des mots biscornus au lieu de les accepter ou même de les franciser, en fonction des usages.

- Comme l’esprit humain, une langue est toujours en mouvement : le développement des réseaux numériques et la place considérable prise par les technologies qui leur sont liées ont conduit à installer dans notre lexique un grand nombre de termes nouveaux.

Acceptons-les ! Boum et fureur d'ayatollahs à venir...

- Il faut tout faire pour maintenir la capacité du français à exprimer les réalités contemporaines et à rester compétitive dans tous les champs de la connaissance : c’est en ce sens que nous [avons] modernisé le dispositif d’enrichissement de la langue française.

Ohla ! Grand écart et changement de pied par rapport à un conservatisme académique... Divisions à venir entre linguistes certainement.

- Pour conclure, je voudrais évoquer les dix mots choisis comme fil conducteur de cette semaine. Parmi eux, il y en a un qui me semble illustrer particulièrement bien ce qui nous réunit aujourd’hui : sérendipité.

Elle va en avoir besoin après ce discours, que personnellement je salue bien bas ;) Vive la souplesse donnée à la langue.

Attentions aux amalgames, gardez votre zénitude et vos yeux ouverts avec sérendipité, que vous soyez en pleine kermesse kitsch remplie d'inuits, ou avec vos mirettes ciblées devant un wiki sur l'écran habituel de vos turpitudes, en frottant légèrement votre gris-gris favori. Alors, on vous dira bravo !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire