jeudi 2 avril 2015

Les femmes et les enfants d'abord... mais après les présidents masculins et âgés bien sûr

Les politiciens français viennent encore de donner une grande leçon de morale au monde, ce jeudi.

C'était le troisième et dernier tour des élections départementales et chaque département élisait son président et son exécutif. Les statistiques sont évidemment en faveur de la droite (hors extrême-droite) au détriment de la gauche qui perd quelques départements symboles tout en réussissant à gagner par miracle et opportunisme la Lozère. Le président des radicaux de gauche s'est perdu dans les oubliettes et a été battu par une coalition droite-gauche qui dénonçait le système Baylet de père en fils, même après avoir pris la précaution de ne pas se représenter et de choisir un autre candidat pour atténuer les risques... raté. On notera également la défaite de l'UMP dans le Gard, le candidat de droite ayant préféré se retirer plutôt que de laisser le FN arbitrer ce troisième tour, et c'est tout à son honneur.

Mais regardons un peu la situation des populations marginales : les femmes et les jeunes.

La loi électorale pour les départementales avait été modifiée pour une parité presque parfaite entre hommes et femmes, mais seulement au niveau des candidats et des élus (sous forme de binômes homme-femme la plupart du temps). Pour la première fois les assemblées départementales étaient donc strictement paritaires. On n'élit pas un binôme (comm dans House of Cards) pour un seul poste mais une seule personne et le résultat des courses est sans appel pour les femmes : très peu de présidentes élues, bien moins que les 50% espérés. Comme quoi, il ne suffit pas d'une loi pour changer le conservatisme des élus et des notables locaux, ni pour combattre le machisme ambiant et le plafond de verre politique qui empêche encore beaucoup de femmes d'occuper le poste le plus important dans une organisation. Les statistiques précises ne sont pas encore disponibles à cette heure, mais on table sur un xx% seulement de femmes présidentes avec un xy% d'hommes donc. Hum, en fait le pourcentage maximum des femmes devrait être de 11%, en incluant Anne Hidalgo, élue sans élection en tant que déjà Maire de Paris. Soit 11 femmes au maximum et 90 hommes... Le grand journal féministe Madame Figaro a des explications, un peu tirées par les cheveux - attention à ma moumoute. On attend avec impatience des réactions fortes sur ce thème ! Mais ne rêvons pas, on est en France, pays bien latin et machiste de ce côté dès qu'on en arrive aux choses sérieuses : le poste de numéro un.

Mise à jour : 10 femmes en tout seulement dont 8 élues aujourd’hui...10%, bravo messieurs et mesdames.

Pour les jeunes, ce n'est pas non plus très brillant(. On notera la prime aux vieux (71 ans) par exemple dans le Vaucluse où le départage n'ayant pas été possible entre UMP et PS qui avaient le même nombre de conseillers élus, c'est au troisième tour du troisième tour et à la majorité relative qu'aurait dû être élu le président. Comme il y avait égalité, l'UMP a été élue "au bénéfice de l'âge". Idem en Corse-du-Sud. Arrêtons-nous un instant sur la beauté de cette expression qui permet en cas d'égalité de nommer le plus vieux. C'est une prime aux anciens et toute bonne liste doit avoir au moins un très vieux dans son escarcelle pour avoir une chance de gagner en cas d'égalité. La prime à l'ancienneté handicape donc les jeunes élus. D'ailleurs le plus jeune élu semble être l'UMP de l'Eure à 28 ans, ce qui est bien..  Mais avant l'Eure, c'est pas l'heure. Ils ne sont pas nombreux dans ce cas. Le bénéfice de l'âge est AMHA une expression à prescrire. Rares pourtant sont les politiciens à demander le remplacement de cette règle par autre chose (le plus jeune ? un tirage au sort ?...)

Les minorités sont donc mal traitées. Et je ne parlerai pas des minorités religieuses ou ethniques à ce niveau dans les départements.

Et si la règle du tirage au sort vous parait bizarre, souvenez-vous que la démocratie athénienne naissante tirait au sort ses responsables, en tous cas les politiciens. Sauf à piper les dés, ça donnerait peut-être une chance aux femmes et aux jeunes ?

Joli, non ? Vive les suissesses !

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